Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 mars 2016 4 24 /03 /mars /2016 18:23
TEAM CILAOS -  2016,  ça coule de source
Une nouvelle aventure se présente à moi. J'ai l'honneur d'intégrer le tout nouveau Team CILAOS.
" La Force et la Minéralité du Piton Des Neiges au service des Trailers "
De part sa composition et son goût, l'eau de Cilaos est avant tout dédié au plaisir et au bien être vital des Réunionnais. Ce sont ces attributs qui la caractérisent mais ils n'ont pas été inventés : ils proviennent du seul fait qu'elle est issue d'une source minérale naturelle, la seule source de ce genre à la Réunion.
TEAM CILAOS -  2016,  ça coule de source
L'association eau de Cilaos et trail "coule de source". L'eau sera le support et alimentera le team alors que ce dernier deviendra son visage public et son premier vecteur de communication.
Constitution du Team :
FONTAINE Fabiola
DUPUIS Charlotte
CERVEAU Sandra
GIGAN Elodie
LEE SONG YIN Sonia
DUMONT Bernadette
CUCCO Francesco
FONTAINE René- Fred
LEE SONG YIN Gino
PERRAULT Gerry
TECHER Vincent
MOISAN Arnaud
TEAM CILAOS -  2016,  ça coule de source
TEAM CILAOS -  2016,  ça coule de source

Valeurs :

L'eau :Pureté originelle, Minéralité, Thermalisme

Le Team :Dépassement de soi, Equité, Contact avec la nature

 

Vision :

L'eau : il y a de l'energie dans l'eau de Cilaos

Le Team : il faut se dépasser pour atteindre ses objectifs

 

Promesse :

L'eau : Détente et convivialité

Le Team : Partage, solidarité et parité

 

Mission :

L'eau : Apporter plaisir et vitalité

Le Team : La performance individuelle dans un esprit d'équipe

TEAM CILAOS -  2016,  ça coule de source
TEAM CILAOS -  2016,  ça coule de source
TEAM CILAOS -  2016,  ça coule de source

Partenaires :

SALOMON

 

TRAIL SPORT

 

PETZL

 

RANDORUN

TEAM CILAOS -  2016,  ça coule de source
TEAM CILAOS -  2016,  ça coule de source
Partager cet article
Repost0
16 novembre 2014 7 16 /11 /novembre /2014 08:06

 

logo_grand_raid.jpg

     

 

        raid.jpg 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans la voiture en direction de St Pierre, l’ambiance est au rendez-vous. Nous chantons à tue-tête des tubes comme Boumbo pour le plus grand plaisir de Léane, ma petite puce de 2 ans. Rien ne laisse présager que dans quelques heures, nous allons tous être embarqués dans une drôle d’aventure. Ce soir va être donné le départ du grand raid Réunion, édition 2014. Cet évènement est inscrit sur mes tablettes depuis que j’ai franchi la ligne d’arrivée de la Mascareignes, en octobre 2013.

 

Sur la petite sœur du grand raid, et malgré les 67 kms du parcours, j’avais subi la rapidité de l’épreuve. Bien sûr, j’avais obtenu une belle 33 ème place et surtout une magnifique première place par équipe avec les copains du team Déniv Running Conseil. Mais, j’étais frustré…. Très frustré ! Il me manquait des kilomètres, beaucoup de kilomètres…. Cela a été la confirmation que je suis fait pour l’ultra. Plus c’est long, plus c’est bon ! Ma participation au Grand Raid 2014 était donc une évidence.

 

Après un mois de repos total puis une reprise en douceur jusque la fin d’année, j’ai entamé des blocs d’entrainements spécifiques m’emmenant jusque ma première course, en mars 2014 lors du Trail de l’Eden. Il est important de prendre son temps, de revoir ses fondamentaux.  Pour faire simple, l’idée était de travailler spécifiquement la préparation physique générale de décembre à février, puis la vitesse de mars à début mai, et enfin l’endurance fondamentale jusque mi-septembre. Pour clôturer la préparation, un rappel de vitesse m’apparaissait judicieux. C’est dans ce cadre, que j’ai opté pour la participation à deux courses de moins de 30 kms. A partir de là, j’ai baissé la charge d’entrainement  jusqu’au jour J. Il ne faut pas arriver fatigué sur la ligne de départ, ce qui est le cas de bien trop de coureurs ! Il ne faut pas tomber non plus dans l’extrême en ne faisant plus rien. Le duo psychocorporel a besoin de se faire rappeler à l’ordre, de comprendre que ce n’est pas encore l’heure de s’endormir.

 

Pour faire un premier bilan de de l’année écoulée, et bien c’est la satisfaction qui m’anime. Avant ce grand raid, je peux déjà dire qu’il s’agit de ma meilleure saison de trail, la plus aboutie. Hormis une alerte mi-mai avec un début d’aponevrosite plantaire, qui a eu l’avantage de me faire réaliser un check up avec ostéo et podologue, je n’ai pas été gêné dans ma préparation et donc dans ma progression. D’ailleurs, je tiens à remercier Claude Ivars, l’artiste empirique, l’enchanteur de la semelle ! Il m’a remis sur pied.  Une belle 13 ème place sur la 974, une 10 ème sur le trail vert bleu, une 25 ème place sur le raid tui tuit et une 9 ème sur le trail urbain de St Denis. Je suis donc  en toute confiance. En ce jour d‘examen, je n’ai plus qu’une seule interrogation. La programmation de ma préparation était-elle à la hauteur de mes ambitions ? La course va être un juge impitoyable. Je me prépare toujours avec l’objectif d’arriver avec mon pic de forme le jour J. On verra bien.

 

En approche de la capitale du sud, je lance un « ah non, quel con ? ». Natacha inquiète me demande « quoi ? » « tu as oublié quoi ? ». Je réponds « le gâteau sport, quel con… ». C’est sûr, ce n’est pas grand-chose mais pour moi c’est beaucoup. Comme de nombreux coureurs, je suis très ritualisé surtout dans les dernières heures avant un ultra. Tout est millimétré, et là je considère cet acte manqué comme  le début des ennuis. A ce moment, la préparation mentale prend tout son sens. Je me remobilise rapidement, recherche des solutions et en trouve une. J’emmène tout le monde à Décathlon et trouve mon bonheur, des cookies d’avant course. Je vais déroger à ma règle de ne jamais introduire de la nouveauté pendant une course, mais là, c’est un cas de force majeure. Il faut sauver le fou arnaud.

 

Désormais, je prends la direction de la Ravine Blanche où l’on trouve facilement une place pour se garer. Trop simple, tu parles, il est 17 h 30, il n’y a pas foule. Il faut dire que le départ sera donné à 22 h 30. Surprise, je trouve Noé qui se détend dans un coffre d’une voiture. Je le salue, l’encourage, lui donne mes derniers conseils. Depuis quelques mois, j’entraine ce sympathique coureur de La Montagne. Il va faire son premier grand raid et va en épater plus d’un. Les entrainements laissent présager d’un gros potentiel avec une marge de progression très intéressante. En plus, c’est un mec adorable, ce qui rend cette collaboration vraiment plaisante.

 

 Mais comme je lui ai dit et répété, il ne faut pas qu’il se trompe d’objectif. Il faut qu’il reste sage, qu’il arrive à contenir sa fougue, qu’il se focalise sur son but, ce qui le fait rêver à savoir la médaille de finisher. C’est son premier grand raid et c’est déjà un objectif de taille. Après cette rencontre qui donne le sourire, j’opte pour une petite sieste. Mes parents vont faire une ballade avec Léane. Nath se repose elle aussi. Je ferme les yeux et essaye de faire le vide car le sommeil ne veut pas de moi.

 

  tshirts-Grand-Raid-740x528.jpg 

18 h 30, les choses sérieuses débutent. C’est l’heure du repas. Je mange ma salade de riz avec le thon et le maïs. La sauce préparée par chérie est excellente. La nuit tombe, les raideurs apparaissent. Ils sont reconnaissables à leur accoutrement.  Le stress commence à me gagner. Alors que je commence à installer tout mon bordel, Philippe Noel fait son apparition. Je le trouve serein. Déjà en tenue, il m’écoute, moi le bavard. Je l’informe de mon bon état de forme, que j’envisage de finir à 12 h 00  le samedi (petit mensonge puisque ma fiche de route me fait terminer samedi mais à 9 h 05), que je connais la difficulté de l’épreuve et n’hésiterais pas à passer du mode performer à finisher si il le fallait. Je veux finir mon 4 ème grand raid, tout comme lui. Philippe me dira après la course : « j'ai aimé l'échange qu'on a eu avant le départ à St-Pierre : tu visais l'excellence mais respectais assez le Grand Raid pour savoir que ça pourrait aller de travers mais, dans ce cas, tu voulais à tout prix finir. »

Oui, je veux finir et je finirai. Dans ma tête résonnent les mots de ma sœur « Donne-toi à fond, le pire ennemi c’est nous-même. Il faut être plus fort que son moi intérieur qui veut abandonner à chaque difficulté ». Je le sais, il faut rester humble face à ce géant, à cette diagonale ou plutôt à ce zigzag des fous.

 

Voulant commencer à me préparer, j’abrège cet échange bien sympathique. Je rentre dans ma bulle, en enchaînant différents rituels. Pour ce départ, au niveau de l’équipement, j’ai opté pour un collant skin, des chaussures Adidas riot 5, un t shirt seconde peau, un t shirt manches longues asics, des bas de contention Compressport. Le choix de mon sac s’est porté sur le Raidlight 10 l, très confortable que l’on peut comprimer selon ses besoins. Je n’aurai pas de poche à eau durant la course, me limitant à mes bidons de 500 ou 750 ml.

 

Avant d’enfiler tous ces vêtements, je me badigeonne presque intégralement de crème anti-frottement Nok. Je préfère m’en mettre plus que pas assez que ce soit sur les pieds, les cuisses  mais aussi le bas du dos, le ventre, les aisselles, …. Et j’en passe.

 

DSCF2010.JPG

 

  DSCF2012.JPG 

19 h00, le moment est venu. Allez, c’est l’heure, le sas coureur vient d’ouvrir, je ne veux plus attendre. Je ne choisis pas d’entrer au dernier moment. Je préfère y être le plus tôt possible pour ne pas stresser inutilement. Je fais un dernier bisou à tout le monde. Ce moment est toujours particulier, emprunt d’émotions.  

 

DSCF2013.JPG

 

Vu que je n’ai pas de sacs d’assistances à déposer, je double la cinquantaine de coureurs qui attendent leur tour.

 

imagesJIABCTFQ.jpg

 

 

Et me voilà au contrôle des sacs. Les deux jeunes filles sont pointilleuses. Pas de souci, j’ai tout ce qu’il faut. Dès ce passage obligatoire franchi, je m’approche de la ligne de départ. Le SAS est relativement vide. Je suis dans les premiers. Toutefois, une dizaine de coureurs sont déjà assis, positionnés derrière une barrière à proximité du podium de Réunion Première. Je me pose moi aussi. Il est 19 h 30, il me reste trois heures à attendre.

 

     DSCF2015.JPG

Je m’hydrate, effectue des exercices de relaxation, de légers étirements, lis le journal. Puis, j’observe amusé deux jeunes bénévoles qui ont la lourde tâche de conserver un couloir au milieu des coureurs afin de permettre aux VIP de pouvoir passer et repasser.

 

DSCF2017.JPG

 

Les journalistes débutent leurs interviews, le direct de Réunion Première indique que l’heure approche. La scène s’anime avec le passage de jeunes artistes comme Emilie Ivara et le chanteur de batker avec sa nouvelle chanson dédiée aux raideurs.

 

Un journaliste essaye de faire monter l’ambiance pour avoir de belles photos. Il fait un flop, nous sommes tous silencieux, concentrés sur le défi qui nous attend.

 

itigr2014.jpg

 

J’aperçois Natacha et Léane qui sont toute proches. On se lance des « coucou ». Léane chante des « allez papa, allez papa ». Tiens, Fabrice et sa petite famille me font la surprise de leur venue. Après cette échappée psychique, je me reconcentre. Je ferme les yeux, visualise ma fiche de route. Je me répète mes différents temps de passage, me récite l’ensemble de mes ravitaillements prévus sur mes 34 h 35 de course. Ce temps, c’est ma prévision la plus ambitieuse. Je l’ai établi sur la base de mes reconnaissances, de mon état de forme actuel mais aussi avec l’aide de Sully, un mathématicien passionné de trail et de chiffres.

 

Le premier coureur avec dossard préférentiel arrive. A mon grand étonnement, ce n’est pas une élite. C’est plutôt un boulimique de courses. Il a déjà réalisé plus de 25 épreuves en 2014.  Je ne parle pas de Gino mais de Daniel Guyot, un V2, dionysien, originaire de Bretagne que je croise sur toutes les courses auxquelles je participe. Il cause un tas, c’est peut-être le père de Gino ! Je lui demande comment il a fait pour avoir ce dossard. Il me répond (attention c’est énorme) «  l’organisation m’invite tous les ans ; moi je ne demande rien. Ils pensent que j’ai ma place dans le SAS car j’ai déjà terminé plus de 20 Grand Raid». Je suis à côté d’une des légendes de la diagonale. Bravo à lui, pour cet exploit mais aussi pour sa simplicité. Finalement, il préfère rester à mes côtés, et cela durant une heure. Ensuite, un peu gêné, il se décide à se mélanger aux élites. Une heure avant le départ, nous nous levons sans raison particulière. Je m’appuie contre la barrière, ce qui me fatigue à minima.

 

-4709.jpg

 

7106642-10887985.jpg

 

Les VIP de la politique font leur apparition. Cela me fait penser au film de la cité de la peur. « Et voilà la sous-préfète…… et revoilà la sous-préfète ». Ils s’offrent un bain de foule, passent et repassent. Alors que je trouve la scène ridicule, certains collègues font tout pour avoir leur photo avec Nassimah ou encore Michel, Daniel,….

 

7109001-10892021.jpg

 

Les élites arrivent un par un. Certains enchaînent avec un direct télé. C’est le cas de Marcelle Puy, Antoine Guillon, François D’haene, Pascal Blanc, Christine Bénard. Quel plateau cette année, cela fait rêver ! Juste devant moi  je reconnais Julien Chorrier, Iker Karrera, Freddy Thevenin, la star japonaise Tsuyochi Kaburaki, Nathalie Mauclair, l’américain Jason Schlarb, le lituanien Gerdiminas Grinius, Xavier thevenard, le norvégien Sondre Amdahl,….

  Photos Pierre Marchal, pour le site zinfos 974

7109001-10891998.jpg

J’attends avec impatience l’arrivée d’un coureur, il s’agit d’un breton plus exactement d’un costarmoricain, Jérôme Lucas. Nous sommes originaires du même village en Bretagne. C’est un excellent coureur à qui je prédis une place proche du top 10, même si il s’agit de sa première diagonale. Il arrive, je suis rassuré. Je lui fais de grands signes pour qu’il me repère, sans succès.
 

A mes côtés, la tension est palpable. Les corps se rapprochent, se collent. Gilbert Ah Fat est tout proche, je le salue. Eddy Myrtal joue un coup de bluff, amadoue les bénévoles et entre dans le SAS préférentiel.

 

7109001-10891978.jpg

 

20 minutes avant le coup d’envoi de cette 22 ème édition du Grand Raid Réunion, les élites se dirigent vers la ligne de départ officielle. Robert Chicaud fait un discours en nous annonçant une belle nuit étoilée, une petite farine de pluie dans les hauts et du soleil pour la journée de demain. Je crois qu’il a été mal renseigné… Les bénévoles nous demandent d’être disciplinés au moment où ils vont enlever les barrières. L’excitation monte. Les barrières sont enlevées une à une. Et tout à coup, me voilà en train de courir ! Nous avons une cinquantaine de mètres à parcourir pour se placer. Sous les clameurs du public, j’étends mes bras tel un oiseau, je suis chaud comme la braise. Et voilà, la ligne de départ. Je m’avance au cœur des élites et me retrouve en cinquième ligne ! Devant moi, la reine Marcelle. Plus que 10 minutes avant le départ.

 

L’ambiance est électrique. Ludovic Collet au micro enflamme le public et les coureurs. Je me surprends à faire quelques pas de danse sur de la musique techno. L’hymne de la course est lancée à une minute du départ. L’émotion me gagne, j’y suis, je vais m’élancer pour mon quatrième grand raid. Mes certitudes s’évanouissent. Je suis au milieu de la foule mais si seul devant ce défi. Je n’ai aucune idée de ce qui va se passer, sachant juste que je vais vivre des beaux et moins bons moments durant 172 kms.

 

40.jpg

 

-4714.jpg

 

Le maire de St Pierre commence le décompte mais il a du mal à suivre. J’esquisse un sourire et voilà les fous sont lâchés. Ça bouscule dur, deux coureurs sont projetés à terre.

grand-raid-2014.jpg

 

7109001-10892004.jpg

 

  2014-Diagonale-de-Fous-start.jpg 

 

 

 

 

                Je fais quelques sauts, me dégage et me retrouve aux côtés de Marcelle Puy. L’ambiance est énorme ! Cela crie de partout, les encouragements, les lumières, les feux d’artifice, les bruits des kayambs ou autres djembés,…. La clameur du public va nous accompagner pendant plusieurs kilomètres. C’est jubilatoire. Nous sommes acclamés comme des stars. Je profite à fond de cet instant si rare, si magique. Cela fait du bien à notre ego. Je repère l’épée magique de Léane, je me décale et m’agite devant ma team assistance. Je souris, tellement heureux de ce dernier coucou. La course est désormais lancée.

 

diagonale-des-fous-2014.jpg

 

 

 

 

Tout à coup, un coureur me double à vive allure.  Mais, c’est Jérôme ! C’est peut-être lui qui est tombé ? Je ne réfléchis pas trop, sprinte, le rattrape, le salue. Il me souhaite une bonne course, je lui renvoie l’encouragement. Je ralentis et me retrouve à nouveau auprès de la reine Marcelle, quintuple championne de l’épreuve.

 

 J’ai l’impression de changer d’identité tellement la foule est en délire. Tout le monde m’applaudit, m’encourage. Mais comment leur dire que je ne m’appelle pas Marcel…

 Alors que je m’approche du port de St Pierre, la reine accélère. Bien trop rapide pour moi, je la laisse filer. Il est désormais temps d’adopter mon rythme de croisière. Du coup, de nombreux coureurs me doublent notamment le lituanien, les japonais, Guillaume Le Normand, un groupe emmené par Cécile Ciman et Hortense Bègue. Je me fais la réflexion qu’elles vont difficilement tenir ce rythme.

20141024_depart_grr_2014.jpg

 

 Puis, Gilbert arrive à ma hauteur. Nous discutons un peu, échangeons sur ce départ de folie. Je lui demande si il sait où je peux pisser. Sa réponse est claire. Je vais devoir attendre les champs de cannes. J’en peux plus mais là il y a tellement de monde ! Je le laisse filer lui aussi. Après Terre Sainte, la route s’élève. Je trottine. La tendance commence à s’inverser. Je double quelques coureurs qui semblent déjà être dans le rouge. Je me retrouve rapidement derrière le groupe des réunionnaises. Cécile est très encouragée.

 

Et voici ma première victoire, j’arrive aux champs de cannes. Je mets le clignotant et perds une trentaine de places pour la bonne cause. Je reprends ma route et retrouve rapidement ma place derrière les filles. Je les double même et rejoins deux japonais dont Kaburaki. Enorme, ce gars-là me fait rêver et je suis en train de courir à ses côtés. A un moment, un gars derrière crie «  dossard tombé ». Je vérifie le mien, pas de souci. Il crie trois fois, puis s’énerve en disant « oh, dossard, vous êtes sourds ou quoi ». Finalement, un autre gars dit « eh les gars, on arrête de s’exciter, il est japonais, il ne comprend pas ! ». C’était Okunomya qui avait donc perdu son dossard. Tout rentre dans l’ordre.

 

Bassin Plat, 6,9 kms, 140 m d’altitude, 142 ème, 33 mn 42s.

 

Le premier pointage s’annonce. J’avais envisagé un passage en 42 minutes. Ce que je craignais se vérifie, j’ai explosé mes prévisions. Je passe dans un groupe avec entre autres les japonais Kaburaki et Okunomya, Hortense Begue, Cécile Ciman,... Je traverse le poste de ravitaillement sans m’y arrêter. J’ai ce qu’il faut pour rejoindre Domaine Vidot, dans 8 kms.

1920184_872775552755186_6634010488152351846_n.jpg

 

10848045_872775416088533_5915300679392073326_n.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le bitume laisse place aux pistes de terre qui serpentent entre les champs de cannes. Je me sens vraiment bien. Je double les copains de Run Handi Move qui se sont élancés dans un défi hors norme, permettant à des personnes autrement capables de participer au Grand Raid en étant portés en Joëlettes.

 

6d709d9a8472fa6def779943f18b90c3.jpg

 

De retour sur la route, et alors que les écarts commencent à être significatifs entre chaque coureur, je vois arriver à ma hauteur Lionel Tilmont. Je suis content de le retrouver. Pour son premier grand raid, il se montre ambitieux. A cet instant, je lui conseille de ne pas aller trop vite. La course est longue, et surtout je l’informe que je suis en avance sur mes temps de passage. Nous restons un peu ensemble mais il ne peut pas s’empêcher de reprendre son rythme. L’expérience doit se faire, espérons qu’il ne va pas le regretter. J’arrive à Bérive, un des moments fort de mon grand raid. ENORME. Je traverse une foule sur plusieurs mètres. Les cris, les encouragements, les tapes dans les mains. Cette scène, je la connais, c’est celle que j’ai déjà vue à la télé lorsque les cyclistes du tour de France arrivent au sommet d’un col. Que c’est bon !

Quelques mètres plus loin, je retrouve la quiétude d’un village des hauts en pleine nuit. Je rejoins Kaburaki qui a des soucis de frontale. Des journalistes japonais lui viennent en aide. Ensuite, je vis un épisode surréaliste. Durant une dizaine de minutes, un cameraman court à nos côtés pour nous filmer, ou plutôt le filmer. Ils sont fous ces nippons. Nous arrivons alors à Domaine Vidot. Le ravitaillement a lieu à l’intérieur d’une salle. Je remplis mes gourdes, et je repars de suite. Mon arrêt n’a pas dépassé la minute.

 

Domaine Vidot, 14,6 kms, 660 m d’altitude, 1 h 36 mn 49, 156 ème.

 

Pour la première fois depuis le départ, nous nous retrouvons sur un sentier monotrace. Nous nous enfonçons dans la forêt. Un gars essoufflé se satisfait de son départ rapide. Il dit avoir suivi les conseils d’amis pour éviter les embouteillages. Il est parti à fond pour ne pas être gêné. J’ai envie de remettre en cause sa stratégie, je me retiens!

La reconnaissance que j’ai effectuée sur le parcours il y a deux mois est d’une aide précieuse. Je gère mon effort en sachant ce qui m’attend. Je rejoins Julia Bottger, la championne allemande, et décide d’adopter son rythme. Elle est régulière, relance quand il le faut, c’est parfait. Cela me permet de passer tranquillement les passages techniques sans dépenser bêtement de l’énergie. Je veux arriver frais sur la piste forestière de Montvert pour pouvoir m’exprimer pleinement. J’avance donc à son rythme, effectue des exercices de décontraction musculaire, me concentre sur ma respiration, mange, bois.

Dans la partie finale avant la fameuse piste, j’entends une voix qui s’exclame « mais c’est nono ! ». Olivier et Denis, les copains du team Deniv Running Conseil, reviennent sur moi, discutent, ont l’air d’être en forme. Je n’essaye pas de les suivre car leur allure est légèrement trop rapide. Arrivé sur la piste, je lâche Julia Bottger et fais la jonction avec les boys car ils marchent. C’est à ce moment que nous revenons sur deux des membres du team Endurance Shop à savoir Lionel Marc et Alexandre Smith. Nous reprenons la course mais, une nouvelle fois, le rythme est trop rapide. Je me retrouve à nouveau seul, ce qui ne m’inquiète pas, au contraire. Le temps est idéal, c’est un vrai plaisir.

 

Forêt Mont Vers les hauts, 24,3 kms, 1565 m d’altitude, 128 ème, 3 h 10 mn 51.

 

Denis, Olivier ont pointé une minute avant moi. Mon ravitaillement express me permet de repartir avec eux. Le vent commence à se faire sentir, je décide alors d’enfiler mon k-way Gore Tex. Nous entamons une succession de longues lignes droites bitumées en montée. Une nouvelle fois, cela commence à être une habitude, je n’arrive pas à suivre le rythme d’Olivier et de Denis. Je laisse les choses se faire. Une de mes règles d’or est de ne s’occuper que de soi. C’est déjà assez dur de s’écouter, s’il faut en plus se préoccuper des autres !

Je pénètre enfin dans les fameux pâturages. C’est du costaud ! Je me penche, appuie sur les cuisses, essaye de ne pas lâcher mon rythme. Il faut être vigilent à ses appuis car les trous sont nombreux. Une lumière puissante se profile au loin. Un groupe de supporters est réuni autour d’un feu de camp géant.

Je me projette déjà sur la partie suivante à savoir la longue piste forestière où je vais pouvoir relancer. La traversée des champs se passe plus facilement que je le craignais, plus rapidement que je l’imaginais. Une fois sur la piste forestière, j’adopte un rythme élevé. Je me sens bien, j’ai envie de me faire plaisir, de dérouler. Je double plusieurs coureurs qui m’avaient doublé dans les pâturages. Alors que je cours constamment, la majorité marche dès qu’il y a un faux plat montant. Je dépasse Guillaume Le Normand, Cléo Libelle. Le temps se gâte. La pluie fait son apparition et le vent se lève drôlement. Je suis en train de participer au remake du grand raid 2009. Plus les conditions deviennent difficiles, plus cela m’avantage.

 

Piton Sec, 35,7 kms, 1850 m d’altitude, 112 ème, 4 h 49 mn 03.

 

Arrivé au poste de Piton Sec, je suis étonné de retrouver Gilbert, Lionel, Olivier, Denis, Alexandre. Je ne savais pas qu’un rendez-vous avait été fixé. Ils sont arrivés depuis 3 à 5 minutes. Je bois un verre d’eau, ne remplis pas ma gourde car il m’en reste assez pour atteindre le prochain poste de ravitaillement. Je mets mes gants, mon bonnet et je repars de suite.  Mon arrêt n’a pas excédé les deux minutes. Je reprends le chemin avant tous les gars en étant persuadé qu’ils vont rapidement me rattraper.

Je me retrouve rapidement à la tête d’un groupe d’une dizaine de coureurs. La visibilité diminuant, certains profitent de ma connaissance du terrain. La végétation s’exprime en mode minimaliste. Le graton fait son apparition. Je double des grappes de coureurs. Une seule personne me dépasse, c’est Juliette Blanchet. Elle évolue avec aisance malgré les conditions climatiques qui se dégradent. Le silence est de mise. Chacun est concentré sur son effort et ses doutes. Avec la pluie qui s’intensifie, nos frontales perdent de leur efficacité.  Je sors donc ma lampe à main pour faciliter mon avancée. Je rattrape et double Juliette Blanchet et Mélanie Rousset, les mauriciens Yan De Marrousem et Jenifer Smith. Plus on se rapproche du Piton Textor, plus les rafales de vent sont importantes.

     pitonsec1.jpg terxt1.jpgtext2.jpg  text3.jpgtext4.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Piton Textor, 40,1 kms, 2165 m d’altitude,91 ème, 5 h 42 mn 11.

 

Après 52 minutes d’efforts depuis Piton Sec, j’arrive au poste de Textor tout en sachant que je ne vais pas traîner dans ce frigo. Je m’arrête moins d’une minute, le temps de remplir un bidon. Je ne reconnais personne alors que sur le site se trouve Laurent Delnard qui a pointé quatre secondes avant moi. Si j’avais su, nous serions repartis ensemble!

Des coureurs montrent les premiers signes d’une hypothermie. Un peu normal, en débardeur, c’était couru d’avance ! En ce qui me concerne, je ne ressens pas le froid. Cela est surement en lien avec La qualité de mon équipement, mes pauses réduites aux ravitaillements et mes allures contrôlées.

 

Je prends la direction de l’antenne du Textor. En tout cas je l’imagine car on ne voit rien du tout. J’emprunte un chemin inconnu. Je me demande si je ne me suis pas égaré. Seul, avec peu de rubalises et les éléments qui se déchaînent, le doute m’envahit. Je ralentis, deux coureurs dont Juliette Blanchet me rejoignent. Ils me doublent et progressivement s’éloignent.

 A un moment, j’entends un bruit sur ma gauche, je sursaute. Je braque ma frontale en direction de la sonorité suspecte. Quelle surprise ! Une vache, tranquillement allongée dans l’herbe. Elle me regarde, je la regarde, le temps semble suspendu…

Sur le sentier, je retrouve mes repères. Il fait un vrai temps de normand. C’est dans ce genre de condition que le soleil breton me manque ! J’effectue près de 45 minutes seul. La boue est présente, les appuis fuyants, les relances incessantes. 150 m avant d’arriver sur le chemin bétonné, je dérape et me retrouve au sol.  Plus de peur que de mal. Me voilà tout en boue. Je suis donc content de retrouver le béton. Je connais bien ce passage, mais là, c’est l’apocalypse.

 

Freddy Thevenin :

  imagesC8EZE6AC.jpg 

 On ne voit pas à 2 mètres. Le vent est de face, les violentes bourrasques viennent freiner mon avancée. A cela s’ajoute la pluie qui vient fouetter le visage. L’eau recouvre la route. J’essaye d’éviter les grandes flaques mais après plusieurs loupés, je me résigne à aller tout droit. Je reviens sur un coureur à la dérive. Un seul mot d’encouragement lui suffira pour se remotiver, puis me suivre. A proximité de la route nationale, les voitures d’assistance se multiplient. Certains stands sont installés et donnent envie de s’y arrêter. En ce qui me concerne, je dois encore attendre quelques kilomètres. En effet, pour respecter à la lettre le règlement (pas de ravitaillement hors zone), j’ai demandé à la team nono assistance de se rendre sur le site de Mare à Boue. En attendant, je récapitule les changements que je vais effectuer. 1 H 16 après avoir quitté Textor, je pointe à Mare à Boue.

Photos : Pierre Marchal

7109001-10892195.jpg

 

7107712-10889813.jpg

7109001-10892189.jpg

 

7109001-10892206.jpg

7107712-10889818.jpg

 

 

 

 

 

Mare à Boue, 50,3 kms, 1594 m d’altitude, 82 ème, 6 h 58 mn 05.

 

Arrivé sur ce site emblématique de la Plaine des Cafres, je retrouve Natacha et Papa sur la route bétonnée, trempés, en plein vent. Je leur demande pourquoi ils ne se sont pas mis à l’abri. La réponse est stupéfiante. Ils n’ont tout simplement pas eu le droit. Je les invite à me suivre afin de me changer sous les tentes vides. Un bénévole nous empêche de passer. J’hallucine, commence à gueuler, puis me reconcentre sur le principal à savoir mon ravitaillement. Je m’assois dans l’herbe mouillée. Nath me met de nouvelles chaussettes, me badigeonne de Nok. Je change de T-shirt, prends mes bidons de 750 ml. Papa me donne mes gels et pâtes de fruits. L’assistance de Juliette Blanchet, qui vit le même épisode, fait savoir aux bénévoles que c’est inadmissible. Bref, personne n’est content.

 Je repars après environ 5 minutes de pause humide. Un coup à attraper froid. Mes pensées sont désormais dirigées vers le Kerveguen.  Il y a 3 mois sur le raid 974, dans un bon jour, j’avais mis exactement 2 h 00 pour arriver au sommet. Me sentant bien et malgré des conditions plus difficiles, je table sur ce chrono.

Je trottine entre les pâturages, fais des exercices pour me réchauffer. Rapidement, je rattrape un gars en train de marcher. Je reconnais la silhouette de Laurent Delnard. Déjà sur la 974, j’étais revenu sur lui dans cette montée. Nous sommes contents de nous retrouver. Je passe devant et mène le rythme. Nous échangeons sur la course, sur nos stratégies respectives. Au bout d’une trentaine de minutes, je cale.  Normal, j’ai zappé la prise de mon dernier gel, le mal est fait. Je ralentis, m’alimente avec un gel coup de fouet, laisse Laurent passer et me lâcher. Je suis impuissant, subis quelques minutes avant que la forme revienne.

Le sentier est boueux. Le ciel est couvert. Il faudra repasser pour la vue sur la ravine de Grand Bassin. J’alterne course et marche. Je me montre très vigilant lors des passages d’échelles mais aussi sur les rochers, devenus patinoires naturelles. Un gars me double sans me calculer. Je reviens sur lui quelques minutes plus tard. Il est assis. A proximité du sommet, deux bénévoles m’encouragent chaleureusement. Je leur renvoie l’encouragement car ce n’est vraiment pas un poste confortable.  Me voilà au sommet après 1 h 55 ! Finalement, j’ai été plus rapide que sur la 974. La vue sur Cilaos est bouchée, dommage.

 

Je souffle un bon coup avant d’entamer la descente très technique qui va m’emmener à Bras Sec. J’adore ce type d’efforts. J’y vais, dérape, m’accroche aux branches, fais des petits sauts. Les lacets et les échelles s’enchaînent. Je m’éclate tout simplement. Rapidement je reviens sur Laurent. Comme il me dit, c’est la deuxième fois que je le réveille. Je prends les commandes. Il me suit facilement. Il s’en veut de ne pas se faire assez violence. Nos discussions me font temporiser. Cela est plutôt positif pour la suite. Il faut bien doser son effort pour ne pas trop casser de fibres musculaires. Toutefois, notre allure nous permet de doubler quelques coureurs. L’un d’eux nous fait comprendre que cela ne sert à rien d’aller trop vite, que la course est longue. Oui, je sais. En 30 minutes, nous avons avalé les 2 kms et les 850 m de dénivelé négatif.

 

Mare à Joseph, 61,9 kms, 1387 m d’altitude, 73 ème, 9 h 34 mn 44.

 

Comme à mon habitude, après avoir rapidement rempli un bidon, je m’échappe en express. Je me retourne pour voir où se trouve Laurent. Il est juste derrière et me rejoint. Après avoir marché deux cent mètres, nous commençons à trottiner. Il m’évoque son plaisir d’évoluer à mes côtés, qu’il trouve que je suis, en quelques sortes, un modèle de gestion de courses. S’il le dit, je vais lui faire confiance ! Quant à moi, je lui fais part de mes doutes sur la présence de ma team assistance à Cilaos. Ont-ils eu le temps de faire le long trajet en voiture depuis Mare à Boue !? Réponse dans 30 minutes !

Malgré les faux plats montants, nous continuons à courir. Des touristes nous encouragent. Cilaos est juste en face. Pour y arriver, il faut descendre dans le fond de la ravine pour tout remonter. Nous descendons dans le Bras de Benjoin. Je n’arrive pas à suivre Laurent qui semble avoir un regain de forme. Le passage à gué est immortalisé par les photographes officiels de la course.

 

23962506.jpg

 

23962507.jpg

 

23962508.jpg

 

 

 

L’ascension est courte mais rude. Je monte doucement, sans pression.

 

23950828.jpg

 

23961490.jpg

 

23961489.jpg

 

Au sommet, j’ai la surprise d’un pointage sauvage. J’exprime ma satisfaction. C’est de cette manière que l’on peut lutter efficacement contre les tricheurs.

Je pénètre dans la cité cilaosienne.  Aux abords du centre de vacances, j’ai une grosse pensée pour Eric, mon ami qui nous a quittés au mois de mai dernier. L’année passée, au cours d’un entraînement, il m’avait accueilli avec sa famille sur ce site. Je cours aussi pour rendre hommage à ce colosse des montagnes. Je sais que ses proches sont tous derrière moi, je les en remercie.

 

Le soleil fait son apparition. Cela fait du bien. A proximité de la Mare à Jonc, les Déniviens m’encouragent, me demandent si je veux m’arrêter. Un petit signe négatif avant de rajouter « merci, désolé, on m’attend au stade ». En tout cas, je l’espère !

J’arrive au pointage sous les hourras de Carole, une dénivienne toujours souriante. Ma première partie de course est terminée et le bilan est déjà positif. Je voulais arriver frais, je le suis.

 

 

DSCF2028

 

DSCF2029.JPG

 

Cilaos, 65,9 kms, 1210 m d’altitude, 71 ème, 10 h 06 mn 32.

 

Je traverse le stade au pas de course. A la sortie, j’ai la joie d’apercevoir ma team assistance. Ils ont failli me louper mais ils sont bien là.

 

DSCF2031.JPG

 

Je fais un bisou à Léane. Je suis serein, fais un premier débriefing. Tout le monde est à mes petits soins, que demander de plus. Je me change intégralement, mange des Tucs et des petits Lu. Gilbert, qui vient d’arriver, se ravitaille avec ses proches. Les yeux rivés sur la montre, je reste vigilant afin ne pas rester trop longtemps. Ma pause ne dépasse pas les 10 minutes.

 

DSCF2032.JPG

 

 

DSCF2036.JPG

Dans mon esprit, c’est bien une nouvelle course qui débute. Celle-ci va m’emmener jusqu’au kilomètre 102 à savoir le Col de Fourche.  Mon arrêt « au stand » me permet de repartir tout sec, ce qui n’est pas négligeable pour la suite de l’épreuve. Je me sentais déjà bien, je me sens encore mieux ! A l’aide de mon portable, je commence à écouter la radio, RER bien sûr. Ça capte difficilement. J’arrive toutefois à avoir quelques informations sur la tête de course. Celle-ci se trouve entre le gite du Piton des Neiges et le gite de Bélouve.

Après avoir signifié mon départ, je traverse Cilaos avec Véro Chastel. Elle s’interroge sur le parcours à venir. Je lui fais lever la tête et l’informe que la suite va se passer tout là-haut, dans les nuages !  Suite à l’éboulis dans la montée du Taibit fin août, les organisateurs ont proposé un nouveau parcours. Nous prenons désormais  la direction du gite du Piton des Neiges via la montée du Bloc. Pour commencer, nous devons parcourir 4 kilomètres sur la route. J’alterne la marche et la course. Je me retrouve rapidement seul. Ah non, un inconnu se place à mes côtés, avance à mon rythme,  m’encourage. Il ne porte pas de dossard. Je suis un peu gêné quand je croise des bénévoles, car je ne veux pas que l’on pense que je suis aidé par un lièvre. Je précise encore une fois que je ne connais pas ce monsieur !

Sur la transition bitumée, je module mon allure afin de ne pas perdre trop de temps mais aussi de ne pas me griller.

Au bloc, 69,8 kms, 1387 m d’altitude, je pointe en 58 ème position, après 10 h 45 mn 07 de course.

  imagesZ5E4HKLD-copie-1.jpg 

 

 

 

 

 

 

Le sentier débute sous de grands cryptomerias. Je n’en mène pas large car c’est typiquement le type d’efforts qui me met en difficulté. Je dois avaler 1000 m de dénivelé positif en 5 kms. La première partie de l’ascension se passe au cœur de la végétation, entre les bois de couleurs.  Il s’agit d’une suite de grandes marches. Sur cette portion, j’adopte un rythme régulier. Pour la première fois, je commence à gamberger.  Je me fais rattraper et déposer par quelques coureurs. Alors que je connais bien cette ascension, je perd tous mes repères en me voyant toujours bien plus haut que je ne le suis vraiment.  

imagesVOX1XXTL

 

 

 

 

 

 

 

Arrivé au Plateau du Petit Mahatarum, mi-pente, je fais le plein d’eau en utilisant le tuyau marron. Tel un zombie, j’entame la seconde partie de la montée. J’avance pas après pas, avec une seule obsession : le sommet. Obligé de débrancher le cerveau pour rester zen. Les lacets se succèdent, les hautes marches aussi ! Lorsque j’aperçois enfin l’oratoire, je suis soulagé. C’est une bonne chose de faite. Je remets mon K-way car le vent refait son apparition. A mon arrivée à la Caverne Dufour, Vero Chastel et le japonais Okunomya me rejoignent.

 

3

 

 

 

 

 

 

 

Gite du Piton des Neiges, 74,8 kms, 2478 m d’altitude,  66 ème, 12 h 29 mn 45s

 

En repartant du gite, je décide d’adopter un autre rythme, celui de la prudence. En effet, les 10 kms qui vont m’emmener jusqu’au gite de Bélouve sont très techniques et donc piégeux. Ce serait dommage de se blesser, de casser le joli jouet que je suis en train de me construire. Pour débuter, jusqu’au Cap Anglais, je dois évoluer sur un sol instable avec de nombreux cailloux. Je suis agréablement surpris car le sol n’est pas si glissant que je le craignais. Il faut quand même jouer à l’équilibriste et cela pendant 3 kms. La concentration que cela nécessite engendre de la fatigue. Je dépasse Véro Chastel qui n’est vraiment pas à son aise.

 Le paysage est bien différent de celui que j’ai traversé dans la montée du Bloc. Avec l'altitude, la végétation est plus rare, plus rase. Plus les branles augmentent de taille et plus on se rapproche du rempart donnant sur le cirque de Salazie. A quelques reprises, profitant d’une percée dans la brume, j’entrevois le sommet du Volcan.

Après cette partie dans la caillasse, je me retrouve dans une belle zone boisée de forêt primaire très humide. Les glissades sont fréquentes. La progression est facilitée par l’énorme travail des agents de l’ONF qui ont aménagé le sentier. Ainsi, pour franchir les obstacles naturels, j’utilise les nombreuses échelles et passerelles mises à la disposition des randonneurs. Si la majorité du chemin est en descente, nous avons droit à des petites surprises avec quelques « murs » à escalader. C’est des marches pour les plus grands des géants. Parfois, je retrouve de belles lignes droites, ce qui me permet de relancer, de retrouver un peu de vitesse.

Au milieu de la végétation luxuriante, je me retrouve aux côtés de trois bénévoles. Ils ont installé leur campement au milieu de nulle part. Pour le coup, ils sont très isolés. Je leur souhaite bonne chance car la nuit risque d’être compliquée.

Un jeune coureur revient sur moi, il ne me reconnaît pas. Je l’interpelle puisque nous avons fait une reco dans un groupe commun il y a deux mois. C’est Christopher Camachetty. Il est en forme, veut finir son premier grand raid, d’autant plus qu’il a appris l’abandon de sa coéquipière d’entraînement, Marcelle Puy. Je l’informe que nous sommes très bien placés et qu’il ne faut pas qu’il se grille. Il me demande notre place. Après lui avoir répondu, il me croit difficilement pensant être dans les 300. Comme son rythme est plus élevé que le mien, je lui souhaite une bonne continuation. Il aura suffi de quelques secondes pour que je ne l’aie plus en visuel.

 

Je déboule sur la piste forestière qui va me mener au Gite. 900 mètres où je cours en essayant de me relâcher au maximum.

 

Gite de Bélouve, 83,3 kms, 1500 m d’altitude, 67 ème, 14 h 17 mn 47s,

 

j

 

 

 

 

 

 

Arrivé au gite, je retrouve Christopher. Nous entamons la descente ensemble. Ce qui nous attend : une plongée vers Hellbourg, 500 m de dénivelé plus bas. Je mène la première partie avant de le laisser passer. Je pense le freiner, mes impressions se vérifient.

 Si le temps est couvert sur Hellbourg, il ne semble pas pleuvoir. J’ai hâte de retrouver ma petite famille. Ma seule interrogation, c’est la présence ou non de Léane qui n’a pas bien supporté la route de Cilaos. Ils auront peut-être décidé de scinder le team nono assistance en deux équipes selon l’état de la petite.

Christopher m’a lâché. J’entends des applaudissements. La civilisation est donc toute proche. Bienvenue à Hellbourg ! Je retrouve le bitume, me fais encourager. Les proches des coureurs ont investi les lieux, en mettant en place différents stands d’assistance. Je double donc des coureurs en train de se ravitailler. Profitant des 800 m de route, je reviens sur Christopher et sur Frederic Oyaga. Nous pointons ensemble à Hellbourg.

 

DSCF2037.JPG

DSCF2038.JPG

DSCF2039.JPG

 

Hellbourg, 87 kms, 1000 m d’altitude, 60 ème, 14 h 55 mn 25.

 

Kaburaki qui se ravitaille (phot : Pierre Marchal)

  7108470-10891021.jpg 

Léane est bien là, je suis heureux. Alors que je m’apprête à m’asseoir sur un banc, un bénévole m’interpelle et me dit « non c’est pour les bénévoles ». Je reste sans voix…. Ok, je me pousse et décide de m’installer au sol pour me faire ravitailler. « Non, il faut sortir de la zone ».  Sachant que la zone occupe tout le parking. Là, je ne reste pas sans voix.  Je lui dis poliment que je me suis fait un point d’honneur à respecter le règlement en demandant à mes proches de me ravitailler sur les sites officiels de pointage. Je lui dis que ce règlement ne sert donc à rien, que la prochaine fois, je ferai comme tout le monde en utilisant des endroits confortables comme lieux d’assistance. Et là, il me dit d’un air hautun « Nous n’avons pas dû lire le même règlement ». Je me lève, me dirige vers lui et lui dis en élevant la voix « comment ?, qu’est-ce que vous dites ? ». Mes parents me prennent pas le bras et me disent de laisser tomber.

Je me résigne donc à sortir de la fameuse zone. Je trouve un bout de trottoir et commence enfin à me ravitailler. Je peste, exprime mon mécontentement. Les « blagues » de Léane me permettent de passer à autre chose. Elle s’amuse, semble en forme. Je change intégralement de tenue.

 

DSCF2040.JPG

 

DSCF2044.JPG

 

Dans l’optique de la nuit à venir, je place, dans mon sac, des manchons, des gants et un bonnet. Quant à ma frontale, pour avoir une vision optimale sur une longue durée, je prends une batterie déportée. Je privilégie le confort au poids. En ce qui concerne la nourriture, je pars léger. J’ai la chance d’avoir une amie qui va me ravitailler à la Plaine des Merles. C’est la responsable paramédicale de ce poste. Dans la semaine, j’ai fixé le rendez-vous à 17 h 30. Il va falloir tenir mes engagements.

Je laisse mon téléphone portable et prend mon MP3. Alors que je m’étire, le japonais Kaburaki reprend la route. Il a les deux genoux strappés. Christopher, lui aussi, prend la direction d’Ilet à Vidot. Je me lève, fais le point, pour être sûr de rien avoir oublié. Je croise Laurent qui vient d’arriver sur le site.

Mon arrêt n’a pas excédé les 10 minutes.  Je suis à nouveau prêt pour en découdre. Mon souhait, depuis Cilaos, est de passer le Col de Fourche de jour pour éviter le froid et pouvoir profiter de la vue sur Mafate. Mon autre motivation est d’allumer ma frontale à Marla pour pouvoir avancer à bonne allure du côté de la Plaine des Tamarins. Pour le moment, je peux tenir ce double objectif.

 

Au départ de Hellbourg, j’entame 4 kms 500 de bitume et de béton jusqu’au parking de la passerelle Trou Blanc. Je cours sur l’intégralité de cette portion. La musique dans les oreilles, j’évolue sur une autre planète ; Je plane dans ce décor de fou. Le Piton d’Anchaing s’érige comme maître des lieux.

Sur la partie finale, la descente présente une pente impressionnante. Cela tape dur. Je reviens sur Kaburaki qui est au ralenti. Je l’encourage et continue mon chemin.

 

sans-titre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je m’éclate jusque la passerelle car je sais que c’est de longues parties de marches qui m’attendent. Je pense que les sentiers à venir vont faire très mal à de nombreux coureurs. Le chemin jusque la Plaine des Merles a été sous-estimé par beaucoup. Au moment d’entamer cette partie, je suis persuadé qu’il s’agit d’un des points-clés de ce grand raid.

Ne voulant pas subir, je me mets en mode rando. Sur une large piste, j’avance tranquillement car la pente est souvent sévère. Etonnement, je reviens sur un coureur. C’est Simon Desvaux, le champion mauricien, vainqueur du dernier Royal 80. A croire que mon rythme rando est plutôt correct en ce jour de grand raid !

J’avais prévu 1 h 15 du stade de Hellbourg à Ilet Mare d’Affouches. Je mets finalement 1 h 05. Le ravitaillement se passe dans la bonne humeur. Cela donne envie d’y rester. Au départ de ce poste, nous prenons la direction de Grand Sable. Simon Desvaux me lâche. Le fait de me retrouver de nouveau seul me permet de reprendre mon rythme de croisière.

A l’ombre des filaos, j’alterne marche et course. Le temps est idéal. Après une courte descente, je traverse le bras de la rivière Fleurs Jaunes. Je ne tombe pas dans l’eau, ce qui est inhabituel pour moi.

Toute la partie qui suit s’effectue en montée sur un sentier monotrace avec des pentes fortes, des lacets courts et de hautes marches. On longe la ravine de Grand Sable puis on grimpe au-dessus  de la vallée de la rivière des Fleurs Jaunes. Je garde un rythme régulier, sans faire de pauses. Je dépasse plusieurs coureurs dont Simon Desvaux, Fabrice Armand et le britannique du team Scott Air Stuart. Ce dernier me pose une question en anglais. Je lui dis en franglais que je n’ai pas compris, ce qui le laisse interrogatif…

 

J’aperçois un de mes points de repères à savoir la cascade qui tombe du captage de la Ravine des Merles. S’en suivent de fortes pentes, des traversées de rivières. Et voilà la partie que je trouve la plus compliquée à savoir une montée très rude avec des marches hautes. La progression entre les bois de couleurs annonce la proximité de la piste, route forestière du Haut-Mafate.

beliernouvelle3.jpg

 

 

 

Je me motive et trottine jusqu’au poste de ravitaillement.

 

Plaine des Merles, 101,3 kms, 1820 d’altitude, 63 ème, 18 h 18.

Au moment où je pointe, les bénévoles signalent mon arrivée à Geneviève. En quelques instants, je me retrouve entouré par tous les infirmiers du poste. Ils me chouchoutent. Je me rends sous la tente et m’assois sur un lit picot. On m’apporte une soupe chaude et on me pose une bouteille bouillote sur les jambes. Geneviève me donne mes gels. Amandine, une ancienne collègue, prend de mes nouvelles. Antoine, présent lui aussi sur ce poste, me demande si j’ai besoin de quelque chose. Il est enthousiaste de mon début de course, m’annonce mon classement, m’informe que de nombreux coureurs ne sont pas en grande forme. Il rigole du fort soutien féminin dont je bénéficie. Il prend une photo qu’il publie en direct sur Facebook.

 

 

 10710678_10204962074277886_8407942357132365739_n.jpg

 

Ma pause, qui s’avère être mon plus long arrêt du grand raid, a duré 15 minutes. Au moment où je me dirige vers le Col de Fourche, j’ai le droit à une ovation d’une grande partie des personnes présentes. Cela fait chaud au cœur.

 

C’est au départ de ce poste que je réalise que je suis très en forme, pas du tout marqué par les kilomètres. Je vais passer le sommet de jour, objectif atteint. Cette montée ne me pose pas de difficulté. Au col, je me donne 20 secondes pour apprécier la vue sur Mafate. En face, tout au loin, Marla. Il faut que j’y arrive de jour.

Allez go. Dans la descente, je reviens sur l’espagnole Néréa Martinez.

 

Elle galère, dérape, ses appuis ne sont pas assurés. A plusieurs reprises, elle est proche de la chute.  A proximité de la Plaine des Tamarins, je la passe et j’accélère. Le sol est sec, j’envoie du bois. J’adore cette partie du parcours. C’est tout simplement magique.

 

     images4GQNAF14-copie-1.jpg

 

 

 

 

 

Marla, 106 kms, 1580 m, 19 h 55 mn 41s, 60 ème.

 

   imagesJUF8WKPM

 

Mon arrivée à Marla se passe sous les applaudissements. Je pointe, salue les bénévoles, traverse le poste en courant et ressors aussitôt. Plusieurs essayent de me vendre leur soupe, mais je décline ! La nuit tombe et ma seule préoccupation est d’avancer afin d’allumer ma frontale à proximité de la rivière. C’est ce qui va se passer.

 

Autour de moi, personne. Je suis seul au monde. Je franchis le petit col avant de longer la rivière jusque Trois Roches. Le balisage est très léger. Cela ne m’empêche pas d’arriver au ravitaillement. On m’oriente grâce au tintement d’une cloche. Bonsoir à tous, je fais que passer.

 

Trois Roches, 109,4 kms, 1220 m d’altitude, 20h 49 mn, 57 ème

 

  RochePlateTroisRoches20100609-P14_MG_9938-2L.jpg 

 

Pour la traversée de la rivière, un parcours lumineux a été installé. C’est pratique et esthétique.  Avant de quitter le site, je lance un regard en arrière. Un groupe de quatre coureurs se situe environ à deux cents mètres. Je commence à m’intéresser à mon classement, avec la drôle sensation de revivre mon Grand Raid 2009. Comme à mon habitude, je remonte progressivement au classement. L’objectif que je me fixe est de pouvoir rester dans les 60 jusqu’au Maido.

 

Sur le sentier me menant à l’îlet de Roche Plate, je suis un peu dans le dur. La première des trois côtes à raison de ma bonne humeur. Je suis au ralenti. Au fur et à mesure de la montée, je vois trois frontales fondrent sur moi. Les gars m’impressionnent. Ils me rejoignent et me déposent. Au sommet, je me ravitaille, essaye de retrouver un second souffle. Tout à coup, j’aperçois un cul nu, oui vous avez bien lu. Alors, ce que je peux vous dire, c’est que c’était un cul nu plutôt foncé ! Je m’assure que ce n’est pas une hallucination. Je demande à son propriétaire, si ça va, s’il a des frottements. Il me répond que non, qu’il a un problème au niveau des hanches, qu’il va devoir abandonner. Mais pour cela, la seule solution est de sortir comme nous tous par le Maido. Cet épisode a eu le don de rompre la monotonie qui m’envahissait. Après lui avoir souhaité bon courage, je repars de l’avant.

 

Les deux côtes suivantes sont avalées plus facilement. Dans la descente vers Roche Plate, j’essaye de contenir mon envie d’accélérer. La fatigue commence à me gagner. Je baille, ferme les yeux durant quelques secondes tout en avançant. C’est bien la première fois que cela m’arrive. J’entre dans l’îlet et me dirige vers l’école où se trouve le ravitaillement. 

 

   Roche Plate, 114,7 kms, 1110 m d’altitude, 22 h 06 mn 57s, 57 ème

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
14 novembre 2014 5 14 /11 /novembre /2014 16:47

 

Roche Plate, 114,7 kms, 1110 m d’altitude, 22 h 06 mn 57s, 57 ème   

 

L’ambiance est bon enfant. Les chants se succèdent, les bénévoles semblent heureux de participer à la fête. Je retrouve Arnaud Leroy, mon doc. Je fais un debrief avec lui. Je lui parle de mes soucis d’endormissement. Il me propose de me poser quelques minutes. Je réponds par l’affirmative. Je choisis de m’allonger à même le sol, sur une grande bâche ; Il me propose de rentrer dans l’école où se trouvent des lits. Je refuse, je suis têtu. Je m’allonge, place mon sac sous la tête, ferme les yeux. Il me recouvre avec une couverture. Je ne m’endors pas mais cela a le don de me reposer à tout point de vue. Tout à coup, je me relève, c’est le moment où le doc m’interpelle en me disant que les dix minutes sont passées. Nous sommes synchros. Je remets mon packtage et je reprends la route. Cette pause m’a fait du bien, j’ai fait le plein d’énergie. J’en avais besoin. Ce qui se présente devant moi est tout simplement la partie que je crains le plus de ce Grand Raid, la montée du Maido.

 

Je trouve un rythme convenable et cela jusque la Brèche, premier point stratégique.

 

P1010075.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Alors que je monte généralement les mains dans le dos, je décide de me faire violence en appuyant sur les cuisses. Je ne veux pas m’éterniser dans le coin, je veux sortir de Mafate. Je grimpe donc correctement jusque la Brèche, départ symbolique de la montée en 4 étapes jusqu’au sommet. Le parcours est ainsi délimité en 4 sections (25 %, 50%,….). J’ai le malheur de lever la tête. Ce n’est pas des étoiles que je vois tout là-haut dans le ciel, c’est bien un bal de frontales, la danse des grands raideurs étoilés. Je souffle fort, trois fois, pour me donner du courage. Allez, j’y vais.

Je regarde régulièrement mon chrono pour estimer mon temps de montée. Je suis fixé quand j’atteins le premier quart en 19 minutes. Et bien, ce n’est pas gagné. Je me pose sur un caillou. Je repars, me fais régulièrement dépasser. Le silence des premières heures de course a laissé place à la solidarité, aux échanges. Embarqués dans la même galère, notre parole se libère. Alors que je me traîne, une comète me double. Il s’agit de Christine Bénard. Je lutte pour garder un minimum de rythme. Je sais qu’une fois là-haut, je serai à mon avantage. Il faut limiter la casse. A 10 minutes du sommet, je retrouve le cameraman japonais du départ de course, je le salue. J’imagine qu’il attend un compatriote. J’entends des cris, des applaudissements. Cela me motive. J’y arrive mais j’en ai marre. Je ne me sens plus capable de gérer la course au classement.

3.jpg

Au sommet, des déniviens dont Stéphane viennent vers moi et me félicitent. La première chose que je leur dis est que je vais sûrement passer en mode  « finir », que je ne peux plus tenir ce rythme. Ils me proposent de me ravitailler. Je fais le sauvage, décline l’offre, car mes parents m’attendent au ravitaillement. J’ai encore 10 minutes avant de les rejoindre.

Sur la crête, je dois progresser en faisant avec le vent et le froid. Je sais qu’il ne me faudra pas traîner au prochain poste car le risque de voir sa température corporelle diminuer est réel. La portion jusque Tête Dure est plus longue que dans mes souvenirs. Je commence à courir avec l’allure du cowboy. Un frottement fait son effet au niveau de mon arrière-train. Voilà mes parents. Ils sont frigorifiés mais gardent le moral. Il est 23 h 00, nous sommes à 2000 m d’altitude et ils m’assistent comme des pros. Pour le problème de frottement, je me badigeonne de vaseline. Pour le souci d’endormissement, je prends un gel énergique avec de la caféine. Allez j’y vais, je commence à avoir froid et puis j’ai envie de m’amuser sur les 12 kms de descente. Je donne rendez-vous à mes parents au stade Halte-Là. Je repars du poste avec Christine Bénard qui a fait une longue pause.

Maido, Tête Dure, 121 kms, 2030 m d’altitude, 24 h 36, 55 ème

 

Elle repart vite, je ne peux la suivre, je n’essaye pas. J’ambitionne de faire une bonne descente, surtout de ne pas perdre trop de temps, de me rapprocher rapidement du top 50. Je m’enfonce progressivement dans la forêt. Je reviens sur Wilfrid Oulédi et son éclaireur. Je dépasse Wilfried, l’encourage, il n’est pas au mieux. L’éclaireur accélérant, je me positionne derrière lui. Wilfrid a lâché. Pendant plusieurs minutes, l’éclaireur m’éclaire, avant qu’il ne s’aperçoive que je ne suis pas Wilfrid mais Arnaud. Allez, sans rancunes !

 

Je prends beaucoup de plaisir tout au long du sentier. Bien sûr, de nuit, je perds mes repères et m’étonne de toujours descendre. Je reste vigilant pour ne pas me prendre un tamarin en pleine poire. Ah non, je m’endors de nouveau, le gel n’a pas eu l’effet escompté ! Je dois être vraiment fatigué ! Je décide de me mettre de la musique dans les oreilles. Quelle bonne idée ! Cela me réveille ! Je dévale la pente et je chante ! Le genre de truc qui peut énerver les gars que je double ! J’enchaîne les tubes de Matmatah, de Armens, de Merzhin, de Soldat Louis, de As de Trèfle  mais aussi les derniers tubes créoles qui font la joie de RER et d’EXO FM. Je reste zen sur la partie interminable de cette descente à savoir la piste et ses fameux rondins. La vue sur la ville de St Paul et du Port est grandiose. Les lumières scintillent, les villes sont animées malgré l’heure tardive. Il n’y a donc pas que le Grand Raid dans la vie ! Certains doivent être en soirée, d’autres se préparent pour se rendre en discothèque, d’autres dorment, d’autres ont du mal à accepter l’élimination de Freddy à Koh Lanta,… Moi, je n’ai pas toutes ces préoccupations, j’en ai une seule pour le moment, celle de ne pas chuter.  En effet, dans la dernière partie, sur de la terre meuble, je prends garde. Il y a un mois, je me suis pris une belle gamelle à cet endroit. La route annonce la proximité du ravitaillement. Je passe entre les maisons, dans des décharges à ciel ouvert. Pas très vendeur !   

 

Sans Soucis, 133,8 kms, 350 m d’altitude, 26 h 59 mn, 50 ème

Je cherche Natacha mais ne la trouve pas. Mon constat est rapide car le nombre de personnes présentes se compte sur les doigts d’une main. Je vais remplir mes gourdes et en profite pour manger une crêpe nature. Ce petit clin d’œil breton me remplit de sourires. Au moment de partir, je préviens les bénévoles du fait que ma femme va sûrement arriver avec une petite fille blonde. Je les remercie de lui dire que je suis déjà passé. Comme tout le monde n’est pas bien réveillé, je dois m’y reprendre à deux fois pour me faire comprendre. Je pars en trottinant et aperçois au loin Natacha. Elle est à côté de la voiture car Léane dort. Je prends un gel et bois une fiole de guarana. L’objectif est de lutter contre cette envie récurrente de fermer les yeux.   

 

Un coureur passe à mes côtés, je pars de suite. Nous échangeons sur la course. Je lui sers de guide. Il peste contre le parcours qu’il ne trouve pas à la hauteur de la réputation du Grand Raid. Il me dit qu’il ne reviendra plus si le tracé n’évolue pas. Il trouve, à juste titre, que toute la fin de course n’a pas d’intérêt. Il s’agit de Thierry Cadiou, un breton de Ploudaniel. Nous parlons des différents bretons présents sur la course et plus particulièrement de Jérôme qui est actuellement dans les vingt premiers.   

 

 Nous voyons les lumières puissantes du stade Halte-Là de l’autre côté de la Rivière des Galets. Dans le même temps, je m’étonne d’apercevoir plusieurs frontales disséminées dans des secteurs bien différents. La logique du parcours à venir m’échappe. En fait, nous avons droit à des détours, des montées entrecoupées d’une descente. L’allure de base de Thierry est légèrement supérieure à la mienne. Pour la première fois depuis le départ, j’augmente un chouïa ma cadence pour pouvoir rester avec lui. La progression sur la piste est plus aisée à deux. Je suis passé en mode guerrier, je me connais assez pour savoir que je ne baisserai plus de rythme. Je me sens de plus en plus fort, je débute une autre course, celle où chaque place devient une quête. J’ai faim de coureurs. Miam, Miam !

 

A l’approche du stade, sur la piste bétonnée, je trottine. J’aperçois mes parents à l’extérieur du complexe sportif. Une nouvelle fois, ils n’ont pas eu la possibilité d’y entrer. Franchement, je trouve ça lamentable. Il y a deux ans, pour soutenir papa lors de son grand raid, je l’assistais sur la pelouse du stade. C’était top et je ne gênais personne. Je participais pleinement à la fête, à sa diagonale. Là, si le coureur veut se poser plusieurs minutes, il doit, soit choisir de profiter des installations de l’organisation, soit préférer trouver un bout de terre en dehors du stade pour rester avec ses proches. Le Grand Raid doit rester un évènement populaire. C’est la participation active de nos amis, notre famille, nos collègues, des anonymes qui fait aussi la réputation de cette épreuve.      

Stade Halte-Là, 139 kms, 230 m d’altitude, 27 h 50, 43 ème,

 

J’effectue un ravitaillement express, le plus court de mon grand raid, traverse le stade sans m’y arrêter. Thierry se change. Je me dis qu’il va me rattraper dans la montée suivante vu sa facilité pour grimper. Cela fait 28 h 00 que j’ai quitté St Pierre. Je fais un rapide calcul par rapport à mes prévisions de 34 h 35. Il me reste donc 6 h 35 pour effectuer les 34 derniers kms, et les 1940 m de dénivelé positif. Cela va être tendu mais j’aime ce type de défi.

 

Un jeune bénévole m’explique le chemin qui m’attend. Vraiment sympa. Je me retrouve au milieu des cases, puis sur la route, de nouveau entre les cases, puis encore sur la route,... A un moment, je ne sais plus par où passer. Je suis paumé, je reviens sur mes pas, crie « il y a quelqu’un ? ». Un voisin vient à mon aide, me remet dans le droit chemin. Remotivé, je me mets à courir alors que le pourcentage de la pente est élevé. Dans les champs de cannes, je reprends la marche active. Je m’amuse de voir la rubalise fluorescente bouger avec le vent. J’assiste à un drôle de spectacle. Les esprits s’invitent dans ma tête. Parfois, j’ai l’impression que c’est la frontale d’un coureur ou d’un spectateur, mais non jamais.

 

 J’avance à un rythme élevé, je ne veux pas lâcher, mes battements cardiaques s’accélèrent. C’est à ce moment que j’arrive à la hauteur de vrais gens, espèce qui se fait rare dans le coin. Ce sont des bénévoles qui effectuent un contrôle sauvage. Ils sont situés au point culminant, à la jonction du sentier menant à Dos d’Ane. Je m’assieds à côté d’eux. Il faut que je calme mon bordel intérieur. Une minute et tout est rentré dans l’ordre. Je demande si des coureurs sont proches. La réponse est loin d’être motivante. Il y a un trailleur qui est passé il y a 35 minutes ! Par contre, je découvre que je suis désormais 38ème. Quoi ? Je leur fais répéter. C’est bien ça ! Deux choses semblent expliquer ce bond au classemente.. l’abandon de quelques favoris et l’arrêt prolongé de certains au stade Halte-Là. Désormais, je me dis qu’il faut que je préserve ce top 38. Je remets en cause toutes mes certitudes sur le fait que ma 39ème place de 2009 était une perf unique, un palier que je n’arriverai plus jamais à atteindre. Quel pied !   

Je joue au singe dans la partie technique qui aboutit au chemin Ratineau. Je descends à vive allure jusqu’au poste de ravitaillement. C’est grisant, Je suis surmotivé, je suis en forme, tous les voyants sont au vert.  

 

Ratineau, 144,6 kms, 430 m d’altitude, 29 h 09, 38 ème,

Lors de la remontée de la ravine Kaala, je mets mes mains au sol. Elle fait mal celle-là ! Il faut rester très concentré jusque La Possession. Les passages compliqués à négocier sont nombreux.   

 

Dans la ville, pas un chat à déclarer, tout le monde dort. Quelle sensation bizarre, comme si le Grand Raid allait se dérouler demain. Avant de pénétrer dans la cour de l’école, j’éteins ma frontale. Il est 5 heures 15, je peux désormais faire sans. Pour m’accueillir, j’ai le droit à une Team de  Choc.. Natacha, Léane, les parents mais aussi Fabrice, Anne-Laure et la petite Mahina. Je place la frontale dans le sac et refuse les gels. Je n’y arrive plus. Je prends des compotes que j’avais prévues au cas où. Je me fixe un nouvel objectif, celui d’arriver à la Grande Chaloupe avant que le soleil fasse son apparition.

 

La Possession, 152,3 kms, 15 m d’altitude, 30 h 47 mn, 38 ème,

 

Je cours jusqu'à l’entrée du Chemin des Anglais. Je dépasse le fameux coureur qui me devançait de 35 mn à Ratineau. Il me reste 3 h 50 pour tenir mon timing. Je suis euphorique. Je me surprends à effectuer une partie de la première montée du chemin Crémont en courant ! Je me calme.

Je décide, comme mon corps me le permet, de courir dans les descentes et sur toutes les parties plates ou en faux plats montants, cela est déjà pas mal. Je suis bien plus rapide que sur la Mascareignes de l’année dernière.

cheminanglais2.jpg

Sur ce chemin pavé, c’est le grand vide. Je ne vois tout simplement personne jusque la Grande  Chaloupe. Encore une sensation bizarre. A la fin des grandes lignes droites, je commence à me retourner. Je tiens à ma désormais 37 ème place ! J’essaye de faire attention dans les descentes. Sur cette première voie construite à l’île de la Réunion, terminée en 1775, je prends garde car les pavés de basalte ne se présentent pas de manière uniforme.

 

Photo : imaz press

0704955001382184673.jpg

Si les vues sur l’océan sont splendides, la dernière descente vers la Grande Chaloupe est tout simplement épouvantable. Je ne sais jamais comment positionner mes pieds, toujours à la limite du déséquilibre et donc de la chute.

Fabrice m’attend au niveau de la barrière. Je lui conseille de revenir faire une randonnée ici pour qu’il se rende compte de la qualité du sentier. Je file jusqu’au ravitaillement, passe à côté des ruines du Lazaret. Celui-ci, au IXX ème siècle, servait de quarantaine aux malgaches, indiens, chinois ou africains qui venaient constituer la main d'œuvre après l'abolition de l'esclavage.

Je retrouve la famille. Léane, dans sa poussette, m’encourage. Je lui lance des coucous et m’éloigne. Cela commence à être frustrant. Je cours sur les rails, vestiges oubliés de l'ère ferroviaire. J’ai mis 1 h 17 depuis La Possession, je peux dire que tout va bien !

La Grande Chaloupe, 159 kms,  32 h 04, 36 ème,

 

6H 34, je repars pour la dernière difficulté du Grand Raid à savoir la montée jusqu’au parc du Colorado, 800 m de dénivelé positif à avaler. A cet instant, je commence à douter de ma capacité à rejoindre la Redoute dans désormais 2 h 30. 

chemin-anglais-1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je débute la partie pavée avec un couple de randonneurs. Ils marchent devant moi et je peine à les suivre. Ils s’en amusent. Je les accroche car cela me fait un peu de compagnie. Au bout de 45 minutes, ils calent. Je continue seul mon périple. La chaleur fait son apparition. Je me rends compte que je n’ai rien pour protéger mon coco rasé (certains diront que je suis chauve, pfff). Les pavés laissent place à une piste de terre. J’arrive à la barrière annonçant la fin du chemin des Anglais. Je suis heureux, souris bêtement. Je me retrouve au cœur de St Bernard sur mes terrains d’entraînements. J’avance mécaniquement en ne pensant plus à rien. La remontée au classement n’est plus une obsession car je n’ai pas vu un coureur depuis La Possession ! Les écarts sont énormes. Les riverains se réveillent, vont chercher leur pain, leur journal, moi je cherche une chose, la boule du Colorado.

Les bénévoles gardent le moral malgré l’heure matinale et le peu de coureurs dans le secteur. Ils m’encouragent. J’ai envie de leur dire que j’habite La Montagne, de parader mais je m’y résigne, car je trouve cela pas très approprié.  

 Dans la zone des terres rouges, nous prenons de nouveaux sentiers. Pas de souci, je les connais tous ! Je plains ceux qui sont pris de crampes car cela ne pardonne pas sur ce type de parcours. La chaleur commence à m’assommer. Au pointage de la maison forestière, on m’annonce 36 ème ! Ah bon, je prends. Je vais finir 36 ème du Grand Raid, je me donne quelques tapes au visage pour réaliser. J’espère que cet acte n’a pas été observé car on risque de m’interner en hôpital psy.

23971741.jpg

23971740.jpg

23971742.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au moment où je rejoins la route départementale, une voiture s’arrête à mes côtés. Il s’agit de Jérôme Lucas qui a terminé 13 ème, 3 ème Vétéran 1. Quelle belle performance ! Cela est prometteur. Il me demande si j’ai vu Laurent Jaffré, son coéquipier du team Ouest Trail. Je lui réponds que non, qu’il doit être derrière.

10697154_1495953977320192_1404189299014943123_o_-1-.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je repars pour le dernier morceau de la montée. Je serre les dents, appuie sur les cuisses. Je me remémore mes différents grands raids, la découverte de 2008, l’exploit de 2009, l’émotion de 2010 en duo avec Papa. La boule météo me surplombe, j’y suis !

280px-Parc-du-Colorado.jpg

Je me lance dans la partie herbeuse du parc du Colorado. Je m’envole, j’étends les bras tel un oiseau et lance des cris de joie.  Il y a 4 ans, avec Natacha, nous fêtions notre mariage sur ce site. Plein de belles images me viennent en tête.

DSCF2045.JPG

 

DSCF2048.JPG

DSCF2050-copie-1

Sur le parking,   Papa me prend en photo. Je ne lâche rien, pas une seconde. Je suis concentré, il me suit comme il peut. J’enfile le T-shirt de l’organisation, obligatoire pour franchir la ligne d’arrivée. Fabrice me glisse une info : un coureur n’est pas très loin ! Ok, bien compris !

DSCF2051.JPG

 

Colorado, 168,4 kms, 683 m d’altitude, 33 h 49 mn, 36 ème,

 

J’ai donc mis 1 h 45 depuis la Grande Chaloupe. Il me reste 4,2 kms pour atteindre le stade de la délivrance. N’ayant pas de douleur, me sentant en forme, je me dis que mon obsession du 34 h 35 est tenable. Et puis, j’ai un énorme avantage. Le sentier qui se présente, c’est juste le sentier que je pratique le plus dans l’année. Je connais chaque caillou, chaque virage, chaque remontée (et oui car ce n’est pas qu’une descente), chaque gramme de boue. Bref, j’y plonge avec joie.

4828041-7217630.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La première partie boueuse me met quand même en difficultés. Je dérape, me rattrape comme je peux aux branches. Les cuisses n’aiment pas les chocs répétés. Ensuite, je vis une partie de plaisir. Je peux difficilement vous décrire mon état intérieur, je plane. J’avais déjà ressenti cette sensation, c’était sur le Grand Raid 2009.

 

Alors que J’estime mon arrivée au pont Vin San dans 10 minutes, je reviens à toute vitesse sur un coureur. Il s’écarte, me laisse passer. Je ne reconnais pas l’ancien champion du monde cycliste à savoir Laurent Brochard. Je repars de plus belle et reviens sur un autre coureur.

 

Je passe sous le pont et décide d’accélérer. Je veux avoir le temps de profiter de mon arrivée sur le stade, avec mes proches. J’envisage un final avec Léane, Nath, Maman et Papa. Finalement, cela ne se passe pas de cette manière car ils sont tous positionnés à des endroits différents dans le stade. Alors que j’entame les 200 derniers mètres, je vois Léane qui court vers moi. Je prends ma petite puce par la main. Elle court, rigole. Je suis gagné par l’émotion. Quel beau Grand Raid….  Pour la petite histoire, je finis en 34 h 36 !

Redoute Arrivée, 172 kms, 34 h 36 mn 27 s, 34 eme, 24 eme Senior.  

DSCF2055.JPG

DSCF2056.JPG

24016848.jpg

      24016850.jpg

24016851.jpg

DSCF2058.JPG

DSCF2062.JPG

DSCF2066.JPG

 

  1414213961241.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je franchis la ligne sous les commentaires enjoués du speaker Ludovic Collet. On me donne mon T-shirt « jai survécu » et ma médaille. Avant de retrouver les miens, je profite d’avoir le micro pour dire quelques mots en mémoire d’Eric. Il nous a quittés il y a 5 mois, il était finisher en 2013 pour la 13 ème fois. Cette course faisait partie intégrante de sa vie, de celle de sa famille. C’est aussi grâce à lui et pour lui que mon année sportive a été si belle.  

Je retrouve mes proches. Je perçois de la fierté dans leur regard. Je fais un gros câlin à Léane. Je remercie tout le monde. Je le refais de nouveau via ce récit. Il est clair que sans ce team assistance, ma course n’aurait pas été la même. Cette 34 ème place, c’est aussi la tienne Papa, c’est aussi la tienne Maman, c’est aussi la tienne Léane, c’est surtout la tienne Natacha. Mon amour, notre rencontre est la plus belle chose qui me soit arrivée. Merci de tolèrer, d'accepter ma passion envahissante. Je t’aime à la folie, sans toi je ne suis rien, tu participes à mon équilibre, à mon épanouissement.

 

Tout à coup, je vois arriver la femme et les enfants d’Eric. Ils portent un T-shirt avec sa photo, la team Clarac représente. Merci de votre présence.

 

Je me dois de remercier toutes les personnes qui m’ont soutenu avant, pendant et après la course, que ce soit à la Réunion, en Métropole ou à l’étranger (je pense à mes amis australiens !).  Un merci plus particulier à Yoann et Solène, aux déniviens, à Geneviève, au doc, aux copains du team, au coach Fred qui a une grande part de responsabilité dans cette réussite, à Noé, à Gino, à Oivier, à la team Fabrice., à la team de Jérôme Lucas,.. Merci à Fabienne de Kalmanou et à Anne Marie de Running Conseil pour m’avoir fait confiance.

 

Merci à l’ensemble des bénévoles (hormis le méchant monsieur de Hellbourg).

 

L’année prochaine, Grand Raid ou pas, je ne sais pas. Ce n’est pas une décision que l’on prend à la légère. Je serai de la fête, ça c’est une certitude, mais de quelle manière?

  

Pour finir, je voudrai adresser mes félicitations à l’ensemble des finishers des trois courses, mais aussi à tous les traileurs qui, pour x raisons, ont dû mettre un terme à leur aventure. Je vous souhaite de pouvoir réaliser un jour ce défi que vous vous êtes fixé, d’aller au bout de vos rêves.

 

Résultats des différents acteurs de ce récit, par ordre d’apparition :

 

Noé Robert, 198 ème en 43 h 16

 

Philippe Noel, 315 ème en 46 h 07

 

Daniel Guyot, 728 ème, en 55 h 27

 

Jérome Lucas, 12 ème ex aequo, 3 ème V1 en 29 h 58

 

Marcelle Puy, Abandon à Domaine Vidot

 

Gilbert Ah Fat, Abandon au Bloc

 

Cécile Ciman, Abandon au Bloc

 

Hortense Bégue, 117 ème en 36 h 57

 

Tsuyoshi Kaburaki, Abandon à Hellbourg

 

Shunsuke Okunomiya, 26 ème en 33 h 25

 

Lionel Tilmont, Abandon à Cilaos

 

Julia Bottger, Abandon à La Plaine des Merles

 

Denis Roy, 99 ème, 39 h 17

 

Olivier Pince, Abandon La Possession

 

Alexandre Smith, Abandon Marla

 

Lionel Marc, 38 ème, 35 h 09

 

Laurent Delnard, 77 ème, 38 h 15

 

Véro Chastel, Abandon Maido

 

Christopher Camachetty, Abandon Roche Plate

 

Simon Desvaux, Abandon Maido

 

Air Stuart, 129 ème en 40 h 43

 

Fabrice Armand, Abandon à la Plaine des Merles

 

Néréa Martinez, Abandon à Sans Soucis

 

Christine Bénard, 41 ème en 35 h 45

 

Willfrid Oulédi, Abandon La Possession

 

Stéphane Cadiou, 52 ème en 36 h 25

 

Laurent Jaffré, 37 ème en 35 h 03

 

Laurent Brochard, 36 ème en 34 h 41

 

 

 

Sans oublier :

 

Fred Henze, 141 ème en 41 h 16

 

Gino Lee Song yin, 402 ème en 47 h 48

 

 

Top 15 Du Grand Raid 2014 :

     1er    D'HAENE François 24h25mn02s  

    2ème POMMERET Ludovic 25h55mn26s  

    3ème COLLET Aurelien 27h24mn53s  

    4ème GRINIUS Gediminas 27h25mn13s  

    5ème DOMINGUEZ Javier 28h23mn43s  

   6ème BOHARD Patrick 28h51mn25s  

  7ème  RUZZA Stefano 29h00mn28s  

    8ème YAMAMOTO Kenichi 29h04mn57s  

    9ème  LEBON Guy noel 29h19mn57s  

   10ème SCHLARB Jason 29h28mn30s  

    11ème  CAMUS Sylvain 29h34mn57s  

    12ème GUILLON Antoine  29h58mn49s  

    13ème LUCAS Jerome 29h58mn50s  

    14ème CHAVET Cédric  30h53mn19s  

   15ème LEFRANCOIS Yann 30 h 55  

 

 

 

1ère MAUCLAIR Nathalie 31h27mn28s

2 ème  BLANCHET Juliette 34h17mn54s  

3 ème FRAILE AZPEITIA Uxue 34h18mn02s  

 4 ème  BENARD Christine 35h45mn21s  

 5 ème ROUSSET Mélanie 36h28mn49 s

 

 

Classement par équipe, (classement sur le site officiel de la course): 

1 Team Hoka 11 Points  

  AURELIEN COLLET, PATRICK BOHARD, LUDOVIC POMMERET  

    2 eme : TEAM VIBRAM 32 Points  

    RONAN MOALIC, STEFANO RUZZA,  JAVIER DOMINGUEZ  

   3 TEAM ENDURANCE SHOP REUNION 98 Points  

  SIMON PAILLARD, LIONEL MARC, JOVANNY LIBELLE  

  4 BRETAGNE-OUEST TRAIL TOUR 114 Points  

    JEROME LUCAS, LAURENT JAFFRE, THIERRY GALLOU  

  5 DENIV RUNNING CONSEIL 274 Points  

    ARNAUD MOISAN, DENIS ROY, FRÉDÉRIC HENZE, OLIVIER PINCE

 

 

 

Comparatif avec le prévisionnel :

 

Notre Dame de la Paix : estimé 3 h 45 , réel 3 h 10 mn 51

 

Piton Textor : estimé 6 h 35, réel 5 h 42

 

Mare à Boue : estimé 7 h 50, réel  6 h 58

 

Cilaos : estimé 11 h 10, réel 10 h 06

 

Hellbourg : estimé 15 h 55, réel 14 h 55

 

Marla : estimé 19 h 50, réel 19 h 55 (mauvaise estimation de la portion Grand Sable – Plaine des Merles)

 

Maido : estimé 23 h 50, réel 24 h 36

 

Sans Soucis : estimé 26 h 15, réel 26 h 59

 

La Possession : estimé 30 h 15, réel 30 h 47

 

Colorado : estimé 33 h 45, réel 33 h 49

 

Arrivée : estimé 34 h 35, réel 34 h 36

 

    10501888_10204422683180475_3565751739259966688_n.jpg 

 

 

Partager cet article
Repost0
21 octobre 2014 2 21 /10 /octobre /2014 11:06

10450934_10203680232620350_2391189577085478436_n.jpg        Le principe du Trail urbain de St Denis est une course à pied originale, en ville, en nocturne avec un peu de dénivelé, à travers les différents quartiers dionysiens en passant par des sentiers, des escaliers (beaucoup d’escaliers), des rues piétonnes ou non, des bâtiments historiques sans oublier des restaurants…

Après trois années en tant que signaleur, et suite à l’invitation de Patrick, l’organisateur, je décide de prendre un dossard. La course me servira de dernier test vitesse avant le grand raid. Jouant à domicile, je connais la majorité du parcours mais il va falloir rester vigilent. En effet, les ruelles vont se succéder, les changements de directions seront nombreux. J’espère que les remarques des années passées seront bien prises en compte afin que le balisage soit de qualité.

Je considère qu’un trail urbain ne peut être qu’une fête où tout le petit monde de la course à pied se réunit. Sur la ligne de départ, des trailleurs côtoient des routards, et cela n’est pas si fréquent. La distance de 24 kms permet aussi de rester accessible au plus grand nombre. C’est une épreuve conviviale, qui a la particularité de me faire rire. J’attends la surprise et finalement j’en demande encore plus. J’ai d’ailleurs échangé à ce sujet avec Patrick. Les idées sont nombreuses, il faut juste voir si elles sont réalisables (jardin de l’état, préfecture, un parking souterrain, une école, un supermarché, une église,…. Tout est possible, non ?).

Samedi 27 septembre 2014. Je m’échauffe pendant 30 minutes afin de préparer l’organisme à l’effort intense qui va avoir lieu. Il va falloir être réactif. Je croise Raphael avec qui j’effectue quelques foulées. Je salue les différents coureurs du team ogres péi puis Gino, Lionel et des anciens collègues de boulot. Finalement, il y a pas mal de coureurs que ce soit sur le 24 ou le 10 kms. Les favoris du jour sont au nombre de quatre, Simon Paillard et Fabrice Armand vainqueur ex aequo du championnat régional de trail court, Jean Patrice Payet, vainqueur en titre et Jeannick Boyer, surement le meilleur traileur de l’île sur le court.

L’ambiance est bon enfant, la musique de bon goût, les speakers s’enflamment en nous mettant dans les conditions d’un championnat du monde d’urban trail. Patrick n’ayant pas obtenu l’autorisation d’utiliser la route, nous nous apprêtons à slalomer entre le mobilier public, poubelle, lampadaires et autres murets. Sur la ligne de départ, je choisis de me positionner de sorte que je ne sois pas gêné. Top, c’est parti ! Je donne un coup d’accélérateur, me retrouve dans les cinq premiers, ce qui m’évite l’embouteillage.  Seulement quelques foulées et Jeannick s’envole déjà. Il se retourne et constate qu’il a déjà creusé l’écart. Je me retrouve déjà seul. Nous longeons l’océan et passons à côté de la gare routière. Un joggeur m’interpelle en me disant « le départ, ce n’était pas à 18 h 30 ?!?!». Je lui fais un signe de main et lui répond « non, désolé, c’était à 6 heures »….

Seulement 1, 5 kms de parcouru, et déjà les écarts sont important :

Jeannick Boyer

10703909_807209019300828_2737876387517309128_n.jpg

10710565_807209285967468_5391796851315320270_n.jpg

10712765_807210182634045_1114019423837489226_n.jpg

10710855_807210492634014_8014252573157512908_n.jpg

10339573_807213792633684_3858999191516992337_n.jpg

Sur tout le front de mer, les trajectoires sont multiples. Chacun essaye de trouver le plus court mais aussi le plus économique. Je reste sur la route. On m’annonce 12 ème. J’aperçois la tête de course, ce qui me surprend…. Suis-je partis trop vite ? Je me sens bien donc je décide de garder cette allure. Juste devant, un groupe de trois emmené par Franck Rivière, 5 ème de la dernière Mascareignes. Je ne force pas pour faire la jonction. Je ne veux pas me griller, d’autant plus que je sais pertinemment que cela va revenir de derrière. Je parie même sur le retour imminent d’Olivier du team Deniv Running Conseil. Et qui voilà, Olivier. J’échange quelques mots et décide de rester à son rythme. Nous longeons le cimetière. Je pense très fort à Eric. Je viendrai d’ailleurs lui déposer ma médaille après la course.

Je prends finalement la tête d’un groupe de 4 coureurs composé entre autres d’Olivier et de Franck. Ma connaissance du parcours est un atout pour les autres. Olivier Cadet fait une petite vidéo. Du côté de l’esplanade de champ Fleury, Olivier accélère. Ma raison m’oblige à le laisser partir. Je prends toutefois le temps d’observer sa belle foulée. Il est vraiment impressionnant.

 Nous sommes en direction du parc de la Trinité, lieu où je m’entraine fréquemment. Je reviens sur Olivier à l’entrée du parc. Nous entamons une grosse montée au niveau du « volcan ». Je marche, m’alimente alors qu’olivier grimpe en trottinant. Il me lâche et s’éloigne de nouveau. Je continue ma course, la nuit tombe mais je veux allumer ma lampe au dernier moment. Pas de raisons particulières à ce choix, c’est comme ça, je suis têtu. Pour le moment, aucun problème de balisage. Des rubalises, des flèches à la chaux sur le bitume et des signaleurs aux carrefours dangereux.

Nous empruntons un nouveau sentier du cœur vert dionysien, le long du boulevard sud. L’allure est rapide sur cette zone roulante. Il faut toutefois rester vigilent lors des traversées de route. Voilà le grand baobab des camélias, et ensuite c’est l’allée des cocotiers. Je monte les marches au rythme du rouleur placé au sommet de cette grimpette. Mon rythme cardiaque s’élève. La musique m’a transcendé et mis dans le rouge. Je réduis l’allure et m’élance dans la descente menant au départ du sentier de l’ONF. Attention aux voitures. Nous courons sur la voie de gauche puis de droite puis de gauche. Virage serré sous les encouragements d’Olivier Cadet, je quitte alors le boulevard de la Providence. J’aperçois difficilement les coureurs qui me précèdent. Du coup, je me recentre sur mes sensations. Dans la montée de l’ONF, je décide de faire une grosse montée. La pluie de ces derniers jours a rendu le sentier glissant. Je cours l’intégralité à une allure élevée. Personne devant et derrière. Dans les racines, je ne lâche pas, m’amuse même à relancer. Dans la dernière partie, j’entends du bruit mais je n’arrive pas à identifier si cela vient de devant ou de derrière. En sortant du sentier, des spectateurs me disent que des coureurs sont justes devant.

Je dévale les pentes de Bellepierre et aperçois des coureurs dont Olivier. Je suis étonné et me dis que la jonction est possible. Je me rapproche progressivement d’eux. Dans ce secteur, il est facile de se perdre. Moins de balisage, moins de signaleurs, c’est un peu la galère. Je me plante une fois mais cela n’est pas trop grave car je m’en aperçois rapidement, donc pas plus d’une minute de perdu. Cela faire rire des riverains, moi un peu moins. Après m’être fait aiguiller par des enfants au milieu des immeubles, je débarque à l’hôtel Bellepierre où se déroule le ravitaillement. Je bois un verre d’eau et repart.

La suite, c’est une succession de petits sentiers qu’il faut pouvoir trouver. Le balisage toujours aussi discret oblige à une attention de tous les instants. Dans le quartier de la source, plus personne devant moi,…   J’entends alors des pas juste derrière. Je me retourne et aperçois trois coureurs. Je peste en me disant qu’ils ont dû couper pour revenir aussi soudainement. Finalement, je me rends compte qu’il s’agit d’Olivier et de Franck. Ils se sont trompés de parcours. Nous continuons ensemble. Olivier mène le rythme et cela ne chôme pas !

Au-dessus de la tranchée couverte, nous avons des doutes sur le chemin à prendre. Nous nous arrêtons, rallongeons un peu le parcours. Finalement, nous reprenons notre course en avant.

La partie suivante est une succession de longues lignes droites qui vont nous mener rue Général de Gaulle. Olivier fait parler sa vitesse et nous lâche d’une manière hallucinante. Franck lui aussi s’étonne. Un passage devant mon boulot avant de descendre dans le bas de la rivière. Les écarts deviennent importants. Olivier n’est plus visible ! Nous enjambons le muret et nous voilà dans le fond de la rivière St Denis. Pour ne pas se mouiller nos petits petons, nous empruntons des passerelles faites de palettes. Des bénévoles nous indiquent le chemin. Et voilà la montée de notre dame de la délivrance, courte mais bien violente (la montée, pas Notre Dame !). Je ne m’enflamme pas et profite de ce temps d’accalmie au niveau du cardio pour me ravitailler. Tout va bien. Je suis tout proche de Franck, reviens sur lui à l’entrée de la cité militaire. Le ravitaillement à lieu au niveau d’un lieu historique, le fortin de la redoute. Ce monument vient d’être rénové grâce à des associations, le ministère de la culture et les Faszoi. En 1810, Français et Anglais se sont battus pendant de 24 heures au pied de cette bâtisse, une bataille historique pour l’avenir de La Réunion et de l’île Maurice

Patrick m’avait dit que l’on ferait un tour du fortin. Du coup, quand le bénévole me dit de faire le tour je comprends de quoi il me cause. Alors que je tourne, Franck devant moi se retourne et s’interroge, « c’est par où ? ». Je le rassure, « continue !, on doit faire le tour ! ». Une fois sortie, nous traversons ensemble la cité militaire de la Redoute. Ensuite, nous faisons notre entrée dans le secteur de la coulée verte, petit joyau bien caché. Par contre, surprise, nous ne passons pas par le sentier mais bien par le chemin bitumé. Au bout de quelques minutes, alors qu’il n’y a aucun balisage, je doute. Finalement, nous apercevons un signaleur.

Franck me demande si c’est encore long. Je lui décris ce qu’il nous reste à faire. Il est surpris et me dit que cela va être dur de tenir ce rythme. Nous le conservons pourtant et revenons dans le bas de la rivière. Dans les escaliers ti quat sous, je monte les marches trois par trois. Ça pique !

Ensuite, nous sommes dirigés vers la Mairie, oui la mairie. Nous voilà en train de courir dans l’hôtel de ville. Je demande à qui veut l’entendre : «  où est le maire ? ». Nous déboulons sur le tapis rouge et sortons rue de Paris. C’est à cet instant que Franck place une accélération. Je le vois s’éloigner sans pouvoir répondre.  Dans un angle de rue, je traverse très rapidement le restaurant Pom de Pain. J’évite de justesse un fauteuil !

Olivier :

10155455_807236755964721_4291037823559945276_n.jpg

Franck : 

10419425_807236979298032_4704239088734944930_n.jpg

trailurbain2014-1.jpg

Ensuite, c’est le parcours urbain par excellence, ruelles, rues piétonne, escaliers. Je cours entre des badauds qui se promènent, qui boivent un verre. Ils m’encouragent, c’est chouette. Et le clou du spectacle, c’est la traversée d’une pizzéria. Dérapage entre les tables et les serveurs, j’adore. Entre deux bouchées, les mangeurs de pizza nous encouragent. C’est royal !

Passage devant la préfecture et remontée de la rue Lucien Gasparin. On m’annonce 9 ème. Je dois conserver cette place. Ce qui me rassure, c’est que même si je ne peux pas accélérer, je ne me sens pas du tout en défaillance. Je conserve donc mon rythme. Quelques mètres devant, Franck est toujours à ma portée. François fait quelques foulées avec son coach avant de m’encourager. Le dernier km se fait au train, sans stress. Je prends du plaisir. Je sais que toute la famille m’attend. Je suis tout simplement heureux, fier de cette belle course, de ce beau top 10. Franck vient me féliciter. Bravo à lui. Je retrouve Olivier qui finit 7 ème. Bravo aussi à lui, surtout qu’il s’est décidé de venir au dernier moment. Quelques minutes plus tard Gino, Gilbert et Noé arrivent sur le site d’arrivée au Barachois. Tout le monde est satisfait, c’est cool. Prochaine course pour nous tous : Le Grand Raid ! Je ne sais pas si on va autant s’amuser !

Pour finir, je suis très fier de la performance réalisée par Natacha et par ma maman qui ont participé et terminé leur premier trail ! Félicitations, vous êtes des championnes !

1 PAYET Jean Patrice 01:41:00

2 PAILLARD Simon 01:41:06

3 BOYER Jeannick 01:41:45

4 JUILLEROT Emmanuel 01:43:31

5 MORIN Fred 01:50:21

6 ARMAND Fabrice 01:50:21

7 PINCE Olivier 01:51:45

8 RIVIERE Franck 01:52:16

9 MOISAN Arnaud 01:52:22 SEM -   6 SEM 

10 CROCHET Laurent 01:53:00

 

20 LEE SONG YIN Gino 01:58:04

21 LAHIRE Michel 01:58:25

22 AH FAT Gilbert 01:58:49

23 ROBERT Noe 01:58:49 

 

40 MAREUX Eugenie 02:07:42

Partager cet article
Repost0
2 octobre 2014 4 02 /10 /octobre /2014 15:22

                                            8991.jpg    Profil_Tuit-tuit_2012.jpg 

 

Le 17 septembre 2014, j’ai participé au raid Tuit Tuit que je peux considérer comme la course de mon quartier. Et quel beau quartier ! Un trail de 29 kms nous menant du stade de la Redoute à celui de St Bernard en passant par le Colorado, St Bernard, La Fenêtre, la piste d’Affouche et le domaine Fleurié. Mais pourquoi le tuit tuit ? Allez une fois n’est pas coutume, je vous mets quelques informations sur cet animal endémique du nord de l’ile de la Réunion.  

Femelle-TT---auteur-F -Theron-SEOR

« Tragique. La fin du tuit-tuit, qui a au moins autant de raisons de disparaître de la surface du globe que n’en avait le Dodo, relève d’une tragédie écologique dont les tenants sont d’autant plus solides qu’ils sont encore en partie inexpliqués. Cet oiseau endémique de La Réunion, que Pollen, le premier naturaliste à l’avoir observé en 1866, avait confondu avec « une grosse grive blanche », semble avoir été repoussé vers les hauteurs de Saint-Denis par la pression des prédateurs : l’homme, le rat, le chat… »    

« Depuis cinq ans, la population des tuit-tuit augmente régulièrement (6 % par an en moyenne) et la dernière saison affiche même une hausse de 15 %. Surtout, la proportion de femelles progresse et c’est ce qui rassure le plus les observateurs de la Seor. Ils ne sont plus que deux mâles à se disputer une femelle au lieu de trois. La période des amours de cet été s’annonce donc la plus féconde de toutes depuis que l’oiseau fait l’objet d’une protection rapprochée. »

Au stade de la Redoute, nous sommes près de 500 coureurs à nous retrouver. A noter que la liste des favoris est assez longue, championnat de trail court oblige. Alors que Léane joue au ballon avec sa maman sur le stade de football, je m’échauffe durant 30 minutes. Je croise Noé, Zyaad, Olivier, Gino et pleins d’autres. Ce qui me fait halluciner, c’est tous les « bonjour arnaud ». Je ne connais pas ces gens, ils me connaissent.

10537067_850123984997608_2224148964467251718_n.jpg

C’est l’effet blog et réseau social. Je les salue et continue mes tours de pistes. Jérome Désiré, au micro, s’enflamme à plusieurs reprises en ce qui concerne le duel annoncé entre les titans Zyaad et Olivier. Ils ont la pression !

Je suis concentré, j’ai envie de faire une belle course. C’est un objectif, mais je ne perds pas de vue que cela reste qu’une étape sur le chemin escarpé du grand raid. En effet, en l’espace de trois semaines, je vais participer à deux formats court afin de re goûter à l’intensité et donc faire un rappel de vitesse.      

Le départ va être donné. Devant nous, une grosse poule et un joli oiseau. La mode du déguisement sur les trails commence à pointer le bout de son bec.

10548008_443645492444347_7975370446248596784_o.jpg

10710534_850124904997516_852433380640996748_n.jpg

Top départ. J’ai l’impression de me retrouver aux France de cross. Tout le monde s’élance comme des fusées. Je me fais doubler encore et encore. Incroyable. Au loin, j’aperçois la tête du peloton emmenée par Simon Paillard et Jean Eddy Lauret. Un tour de piste et un tour de stade, un coucou à Léane, et me voilà sur le chemin menant au pont Vin San. Alors que j’aperçois Lionel qui me précède d’une vingtaine de mètres, j’entends la voix de Gino qui interpelle Noé. Ils sont justes derrière moi. Gino me dépasse, je le laisse filer. Principe de base, ne pas s’occuper des autres. Il semble très motivé. Ce format lui correspond bien, il peut faire une très belle perf. Je passe sous le pont après 6 mn 36. 

La tête de course :

10599666_850125178330822_994235661562898140_n.jpg

10620761_850125244997482_722873261441231103_n.jpg

10628752_849703775039629_5879424466122109265_o.jpg

Nous voilà sur le sentier du Colorado. Cela bouscule dur. Deux gars en viennent presqu’aux mains. Nous n’en sommes pas au point d’avoir des embouteillages, ce qui ne sera pas le cas pour tout le monde. Rapidement, je me fais dépasser par Anne Cécile Delchini. Je décide de lui emboiter le pas. Elle monte de manière régulière, c’est parfait. J’ajuste sur certaines portions en m’autorisant à marcher. Je commence à connaître tous les pièges de ce sentier. Faut dire que j’y passe très régulièrement dans le cadre de mes entrainements.  Noé, « mon protégé » me suit. Je décide de ne pas m’occuper de lui. C’est sa course test, il faut qu’il apprenne, qu’il emmagasine tous les conseils d’avant course et nous ferons le bilan après. Progressivement, il lâche. Il ne force pas pour me suivre, c’est tout bon.

A mi pente, Fred est là et m’encourage. Je discute avec lui, je me sens bien. Cela me rassure, je monte donc à ma main. ¾ de pente, Claire Nedelec nous revient dessus et nous passe à vive allure. Anne Cécile piquée à vif la rejoint de suite. Moi, et bien j’en fais de même. Je me retrouve au cœur d’une belle bagarre sportive et féminine. Claire accélère, Anne Cécile ne lâche rien. Dans les portions les plus raide, Anne-Cécile repasse devant, Claire à son tour ne lâche rien. Nous débouchons tous ensemble sur la piste du Colorado. La montée en 36 mn 20, tout roule ! Claire marche quelques pas, Anne Cécile s’envole, moi je temporise. J’aperçois Gino deux cent mètres devant. Je suis surpris qu’il soit si proche.

7412_648425888604584_2145184031509688820_n.jpg

Un ravitaillement express et c’est la descente vers St Bernard qui s’annonce.

Je me fais plaisir sur ce sentier monotrace où il ne faut pas avoir peur d’envoyer. Ce qui est le plus pénible, c’est les fous des sentiers qui reviennent sur toi et limite te pousse dans le décor.

Lionel :

10409590_850128268330513_5315341836762513395_n.jpg

Gino :

10671264_578232158969800_4932131826897527558_n.jpg

Anne Cécile Delchini :

10710692_850129184997088_8700868242752819976_n.jpg

10670157_578232802303069_6053402435196589338_n.jpg

 

Dans les terres rouges de St Bernard, je retrouve François Bardel. Nous faisons un bout de chemin ensemble. J’essaye de courir dans toutes les montées. Mais c’est loin d’être évident car le pourcentage est élevé comme la température d’ailleurs. Au ravitaillement, je me vide de l’eau sur la tête. Sur cette partie roulante, François accélère. Je suis bien incapable de le suivre.      

Nous longeons la léproserie, et entamons une montée bien rude, celle du chemin béton du père Raymbeau. Concentré, je régule mon allure et remonte les coureurs un par un. Cette histoire se répète jusqu’à la route départementale. Un coureur me demande si c’est encore loin. Comment lui dire que les kilomètres à venir sont encore nombreux. Et bien, je le lui dis tout simplement. Pas sûr qu’il est bien fait de me demander.    

Me voilà dans le sentier menant à la fenêtre. Malgré la pente, je cours, je me sens à mon aise, comme si l’énergie venait au fur et à mesure de mon avancée. C’est un vrai plaisir, d’autant plus que le sentier est sec. 5 minutes après avoir débuté ce sentier, j’entends un cri devant moi, …. Une minute plus tard, j’arrive à la hauteur de Fatima Hibon qui s’étire, envahit de crampes. Je l’encourage, et continue ma route. Ensuite, je me retrouve seul. Les écarts sont désormais importants. De temps en temps, je reviens tout de même sur des coureurs. Mais c’est une espèce qui se fait rare dans le coin. Cette partie fait mal au moral et il faut s’accrocher. A ma grande surprise, je reviens sur Anne Cécile. J’hésite à la dépasser puis décide d’adapter mon rythme au sien. J’en profite pour m’alimenter, boire. Avant d’arriver à la piste d’affouche, nous doublons Damien, un dénivien, qui n’est pas au mieux. Je lui dis de s’accrocher mais bon je crois qu’il espérait beaucoup mieux et du coup, sa motivation est en berne.    

Voici le ravitaillement de la piste d’affouche, 2 h 08 d’effort, et là il y a du beau monde ! François se ravitaille comme deux pingouins à savoir les deux membres du team Gel Center, Gino et Alexandre. Je leur lance un petit mot mais ils ne semblent pas m’entendre. Je remplis ma gourde et décide de marcher une dizaine de mètres. A ce moment, je comprends que Gino pense que je l’attends. Pas le temps de le rassurer, qu’il part à son tour en lançant à Alexandre « allez suis nous, allez…. ». Et là, je vois un mirage, pas une hallucination mais plutôt un avion me dépasser. Déjà plusieurs mètres d’écarts. Je ne comprends pas. Je lui lance des «  gino tu vas trop vite ! ». Mais il continue à cette vitesse. Moi, je me cale de suite sur mon allure de croisière.    

7 kms de descente pour un temps prévu de 27 minutes (estimé par Gino himself). L’écart se stabilise avec Gino. Ce dernier est revenu sur Patrice Michel. Progressivement, je me rapproche d’eux. Je fais la jonction avec un coureur. Je l’encourage et continue de grappiller des secondes sur mon camarade Gino. Plus qu’une trentaine de mètres. Puis, à la sortie d’un virage, j’entends des bruits dans les buissons et vois le coureur que j’ai doublé, dossard 32, sortir de la végétation et me rejoindre. Surpris, je reste silencieux, et là je joue à la mauviette.  Je décide d’accélérer le pas, vous allez comprendre pourquoi. Le coureur coupeur adopte mon rythme. Il nous faut moins d’une minute pour rejoindre Gino. Il se retourne et se trouve content de mon retour. Je lui dis « Je vais vite, je suis vexé, le monsieur là, il a triché, il a coupé, ce n’est pas bien ». Du coup, ce que j’attendais c’est passé, Gino lui lance « c’est vrai ça ? ». Et le gars de répondre « oui mais je prépare le grand raid ». On rigole tous. Gino lui dit ouvertement que ce n’est pas correct et qu’il note son numéro de dossard…. Sur ce, j’accélère le pas et nous avançons à vive allure avec Gino et Patrice. Il nous aura fallu 27 minutes pour arriver au ravito ! Quant au dossard 32, nous l’avons distancé. Il doit pleurer après s’est fait grondé par le maître Gino.     

Allez, faut tenir bon, nous entrons dans la dernière partie de course. Encore une vingtaine de minutes avant de franchir la ligne d’arrivée. Nous nous relayons pour mener l’allure. C’est un moment bien sympa. Aux descentes se succèdent les descentes. Au moment où le sentier devient technique, mes comparses s’éloignent. J’ai des difficultés pour suivre leur rythme. Ce qui me sauve, c’est les remontées, les relances. J’arrive à conserver un rythme constant. Dans une partie plus roulante, alors que je suis derrière Gino, celui-ci s’écarte et me dis de passer. Ok, je suis très étonné. Je me retrouve alors seul.

10603280_578236568969359_2596057716530702615_n.jpg

Patrice Michel :

10689625_578236218969394_922061956316656432_n.jpg

 

 Croyant approcher de la piste béton du chemin des anglais, je donne un coup d’accélérateur. Mais non, on n’y est pas. Dans un raidillon, je vois le retour de Gino et Patrice. Un drone nous survol, puis nous déboulons ensemble sur le chemin béton. Je dis à Gino que cela commence à être dur, il m’encourage. Mais finalement, alors que je relance, je me retrouve de nouveau seul. Et plus je cours, et plus je me sens bien…. Je reviens sur Yvan Caltret puis sur Willy Simme. La fin est proche, je relance sans cesse, je peux peut être passer sous les trois heures. Malgré une accélération sur le final, je loupe ce dernier objectif de très peu.    

Je suis heureux de ma course, de la gestion, de la forme du moment, du partage avec les copains, de cette belle 25 ème place.    

Heureux, je retrouve Léane et Nath. Ensuite, je cours vers Fabienne pour bénéficier d’un massage au Kalmanou. Une fois retapé, je parade sur le stade. Je me la joue à « la bronzé » en déambulant en slip. C’est la bonne ambiance. Noé finit 10 minutes derrière, cela est très prometteur et je vous dis que ce n’est pas finit !    

Dans quinze jours, nous allons tous nous retrouver dans le cadre du trail urbain de St Denis.    

1

ARMAND Fabrice

02:33:19

 

 

 

1

PAILLARD Simon

02:33:19

 

 

 

3

LAURET Jean Eddy

02:34:38

 

 

 

4

MITHRIDATE Fabrice

02:36:15

 

 

 

5

BOYER Elysee

02:38:05

 

 

 

6

CADET Jean Marie

02:39:19

 

 

 

7

ANANDY Didier

02:39:21

 

 

 

8

BERTAUT Nelson

02:40:18

 

 

 

9

OLIVAR Johnny

02:42:55

 

 

 

10

LAW HAM TIEN Yannish

02:43:07

 

 

 

11

ROBERT Thierry

02:45:33

 

 

 

12

SAUTRON Judickael

02:45:51

 

 

 

13

BARENCOURT FABRICE

02:46:45

 

 

 

14

BOYER Loic

02:47:17

 

 

 

15

BOYER Yohan jean laurent

02:47:56

 

 

 

16

BERTAUT Gauthier

02:51:10

 

 

 

17

ROBERT Theophane

02:53:03

 

 

 

18

TILMONT Lionel

02:54:34

 

 

 

19

GANGNANT Nicolas

02:55:54

 

 

 

20

ESPARON Richeville

 

 

 

 

 

25 eme : Arnaud Moisan 3 h 00 mn 20

26 eme : Patrice Michel 3 h 00 mn 57

27 eme : Gino Lee Song Yin 3 mn 01 mn 03

46 eme : Noé Robert, 3 h 10 mn 25

 

Anne Cécile Delchini : 1 ere feminine, 3 h 04 mn 3

10700342 850136671663006 8565205629906271059 o

Claire Nédélec, 2 eme féminine, 3 h 09 mn 11

1604936_850129851663688_4121151693209717104_n.jpg

Fatima Hibon, 3 eme féminine, 3 h 11 mn 35

10635958_850137641662909_6216755133587892191_n.jpg

 

Félicitations à l’ensemble des finishers !
Fin montée 42'15''
+7' avec Fatima Hibon
Rav. Colorado (parking terminus) 00h49'
+22' avec Louis Victoire, François Bardel
Rav. Saint-Bernard 01h11'
+23' avec Anne-Cécile Delchini, Patrice Michel
Rav. CD41 01h34'
+33' avec Anne-Cécile Delchini, Fatima Hibon, Patrice Michel, François Bardel
Rav. Début descente RF Affouches 02h07'
+28' avec Alexandre Charlettine, Arnaud Moisan, Patrice Michel
Rav. Fin RF Affouches 02h35'
+26' avec Arnaud Moisan, Patrice Michel
Arrivée Stade Saint-Bernard 03h01' (27ème)

Photos : Patrick Lauret, Gil Victoire.

 

Avec Noé :

10622962_10205414479308377_2749010099438941826_n.jpg


Partager cet article
Repost0
24 juillet 2014 4 24 /07 /juillet /2014 15:57

 

C’était quand la dernière fois que nous nous sommes alignés sur une même ligne de

départ ? La question reste sans réponse. Ma mémoire me fait défaut. La majorité du temps, chacun avait sa course avec des objectifs bien différents. Solène enchainait les tours de pistes (800 m, 1500 m puis 3000 m) avant de se consacrer à la route, du 10 kms au semi. Quant à moi, je me suis rapidement orienté vers le long, voire le très long, sur route de préférence.

 


Solène visait le podium et la victoire, quant à moi la place d’honneur, une amélioration du chrono ou la réalisation d’un nouveau défi. Lors des courses de ma sœur, j’étais le supporter numéro 1, sur le côté à l’encourager, à lui donner des indications, à la booster. Un duo complémentaire. Lors des entrainements, j’endossais le rôle de sparring partner. Elle enchainait les distances, les chronos sans jamais rien lâcher.

 


Maintenant que Solène a changé de voie, de la route au sentier, l’idée de participer à une même épreuve était une évidence. Comme J’ai repris son entraînement depuis 6 mois, et sachant son voyage sur l’ile, je lui ai calé deux trails. Un nature et un plutôt typé montagne. A savoir qu’elle n’a jamais couru plus de 26 kms, c’était en début juin au trail de Guerlédan, en Bretagne.

 


Dès son arrivée sur l’ile, le mardi 8 juillet, elle s’est révélée très motivée. Quelques heures après son atterrissage, elle effectuait ainsi une PPG avec le club Déniv sous les directives du coach Fred. Mais dès le lendemain, elle a vite déchanté. Elle a chopé comme beaucoup de réunionnais une grippe intestinale. Sonné, elle a cumulé les symptômes.

 


Dimanche, c’était jour de fête chez les Moisan avec le Baptême de Léane. Pour la petite histoire, Solène est la Marraine. Alors que je me suis gavé de Macarons (gagnés au jeu Gel Center), So a fait une nouvelle journée régime. Le ventre n’était pas bon ! Nous évoquons donc évidemment sa non participation à la course. Le but n’est pas de gâcher ses vacances. La course pourrait vite devenir une grosse galère.

 


Finalement, toujours positifs, nous nous endormons en se disant que tout va aller mieux. Et en effet, au réveil, elle me dit qu’elle a toujours mal au ventre mais que c’est moins problématique. Nous dégustons un gâteau sport aux amandes et prenons la route de l’EST. Nous allons participer à la première édition du Trail Vert Bleu, 41 kms de Ste Rose à Ste Rose.

 

1006104_275899152583513_8012216044974013602_n.jpg


Une heure avant le départ de la course, c’est le désert dans la cité de l’Est. Quelques bénévoles, dont le président de l’association organisatrice, sont sur le pont. Nous retirons nos dossards. Je salue Willy, le pilier de sporpro. Puis, j’échange quelques mots avec Patrick, venu renforcer l’équipe de bénévoles.

 


Je me prépare tout en me posant une question qui a son importance : qu’elle est mon objectif du jour ? Et bien sincèrement, je ne sais pas. Surement faire un bilan du bonhomme, quinze jours après la 974 (100 kms). Prendre du plaisir et surtout ne pas se blesser. Voir Solène finir sa course et avoir envie de recommencer. Voir si les macarons sont un bon dopant !

 


30 minutes avant le départ, je fais quelques tours de stade. Solène se joint à moi.

 

 

trailvertbleu2014--8-.jpg

 

trailvertbleu2014--10-.jpg

 

 

Nous sommes très peu ce matin. Seulement 130 coureurs d’inscrits mais comme je le fais remarquer à SO, il y a un niveau très correct chez les masculins. En effet, tous les coureurs intéressés par le challenge de l’Est sont présents. En ce qui concerne les féminines, je dois avouer, que je ne connais pas trop leurs CV. Je donne quelques dernières recommandations à Solène du type :

- Ne panique pas, ici, les coureurs partent très vite, trop vite et craquent par la suite. Une bonne gestion et tu vas en ramasser pleins !

- Bien penser à boire, surtout dans les descentes (on boit généralement moins).

- Découper le parcours en plusieurs portions pour rendre l’épreuve moins pénible psychologiquement……. Et j’en passe, et j’en garde un peu pour moi !

 

 

trailvertbleu2014--12-.jpg

 


Le départ va être donné. Nous nous alignons au centre du stade de foot. Natacha, Léane et Cyrille (mari de Solène) se positionnent en vitesse. Top, c’est parti. Quelques mètres et déjà une énorme surprise. Une pente insoupçonnée qu’il faut bien négocier. Sur la route, je me fais doubler, et encore doubler, et toujours doubler. Lionel me dépasse lui aussi. Je lui souhaite une bonne ballade. Il me renvoie la politesse. Nous descendons en direction du Port de Ste Rose.

 


Nous allons emprunter le sentier littoral, autrement appelé sentier des pêcheurs, de la Marine Ste Rose (le port) à l’Anse des cascades, en passant par la Ravine Glissante et la coulée de 1977.


Nous passons très rapidement à côté de ce port qui servait de départ pour les cargaisons de café, puis de canne au 18 ème siècle. Rapidement, nous empruntons un sentier engazonné bordé de très nombreux vacoas. Je reviens sur François et Lionel.

 

trailvertbleu2014--5-.jpg

 

Je double Lionel et adopte le rythme imposé par François. Ce dernier me demande si je veux passer. Je dis, « Merci, ok ». Après l’avoir dépassé, Je me retrouve seul. Il me faudra quelques kilomètres pour trouver la bonne allure.


Après avoir rejoints l’esplanade de la Ravine Glissante, nous remontons en direction de la RN2. Et c’est partie pour un bon kilomètre de bitume. Il y a déjà des écarts entre les différents coureurs.


Après une descente au cœur des champs de canne, nous retrouvons le sentier littoral. Au bord de l’océan, nous pouvons contempler la côté basaltique sculptée par les vagues au fur et à mesure du temps. C’est vraiment un décor magnifique. A plusieurs reprises, nous courons sur un balcon donnant sur l’océan. Nous alternons les sentiers aériens où l’on domine l’océan, puis les sentiers qui s’enfoncent dans une végétation luxuriante. Les fougères arborescentes prennent position face aux vacoas.


Après être descendu sur les galets du bord de mer, nous arrivons à la coulée de 1977. La roche et le sable sont noirs avec des cristaux d’olive. Ce n’est vraiment pas facile de courir dans le sable. Trois coureurs reviennent sur moi et me dépassent. Ils me distancent facilement. Un km plus loin, je reviens sur un des membres du trio. Il marche….


Le sentier est technique avec une succession d’ascensions et de descentes, avec le plus souvent un tapis de scories ou de racines. Le sol est glissant du fait des pluies de la veille.

 

trailvertbleu2014--11-.jpg

trailvertbleu2014--13-.jpg

 

 

Dans une petite crique, un touriste sort de sa tente. Raté pour le réveil en toute tranquillité.

Me voilà à l’Anse des cascades. Léane me regarde mais ne semble pas me reconnaître. Natacha me demande si je vais bien, je lui réponds que oui. J’ai déjà parcouru 13 kms.

 

reunion2014solene--155-.JPG

reunion2014solene--156-.JPG

 

reunion2014solene--147-.JPG

 

reunion2014solène (150)


Je pointe à la 20 ème place. Mes gourdes étant encore pleines, je ne m’arrête pas au ravitaillement. Je ne fais même pas un écart vers celui-ci. Je dis fort mon numéro de dossard et continue mon chemin.


Par un regard pour ce site touristique. Je suis concentré sur les deux coureurs qui me précèdent de près de 300 m. J’ignore les chutes d’eau, la grande cocoteraie, les vacoas en pagaille mais aussi le petit port à sec aménagé pour les pêcheurs du coin.


Pour la première fois depuis le départ, je marche sur plus de 10 mètres. Nous prenons 100 m de dénivelé en peu de temps. Ensuite, je retrouve un sentier forestier qui continue de longer le littoral. Je prends garde lors des traversées de ravine car une chute est vite arrivée. Il faut toujours relancer. J’adore ce sentier. Anticipant la difficulté qui m’attend, le mur de la cage aux lions, je me prends un gel énergétique. Ç a grimpe bien comme il faut. Je garde le rythme car c’est une partie courte.

 

trailvertbleu2014--16-.jpg


J’entends les voitures, je sors sous les applaudissements au niveau de la Nationale 2. Etienne me félicite. Je traverse la route et arrive au ravitaillement où se trouvent 3 coureurs. Je remplis ma gourde et je repars de suite. Nous sommes trois. La forêt de Bois blanc se présente à nous. Je ne sais pas à quoi m’attendre. Je sais juste que nous allons monter à 500 m d’altitude. Nous empruntons une piste forestière cabossée. Je me mets à courir, les autres marches. Je me retrouve seul. Ce sera le cas pendant de nombreux kms. J’effectue l’intégralité de la montée en courant. Un vrai plaisir d’avancer à ce rythme. La pente est faible, ce qui me permet de relancer à plusieurs reprises.


La descente débute par un sentier étroit, un peu boueux. Au fur et à mesure des mètres parcourus, le chemin s’élargit. Je cours désormais sur une belle piste forestière large et propre. Régulièrement, j’emprunte de petits ponts pour traverser les ravines. Je repère les bois de couleurs mais aussi les benjoins.


Me voilà dans la dernière partie de la descente. Cela se déroule sur une belle route en lacets. Entre chaque virage, de belles étendues herbeuses, défrichées qui permettent à certains traileurs de prendre au plus court. J’aperçois un coureur un virage plus bas. Au moment où je me dis que je vais gagner une place, un coureur coupeur déboule par un raccourci…..


Une nouvelle fois, je croise Gil qui prend de magnifiques photos. Je ne sais pas si c’est du au talent du photographe ou à la belle allure du coureur !

 

trailvertbleu2014--2-.jpg

trailvertbleu2014--14-.jpg


De retour à Bois Blanc, je plonge vers le littoral. Avant le ravitaillement, Etienne m’encourage. Il me prévient que devant, les coureurs sont en galère. Un bénévole me propose de m’arroser avec un tuyau d’arrosage. J’accepte, c’est trop bon ! Je reprends le sentier. Nous empruntons désormais le chemin parcouru ce matin mais dans le sens inverse. Dans 4 – 5 kms, je vais retrouver l’Anse des cascades. Une pente raide se présente à moi. A peine 5 minutes pour la grimper mais cela pique les cuisses. Deux coureurs pris de crampes sont à l’arrêt. Je me sens bien, j’accélère, court dans les montée.

Tout va bien mais ma vigilance baisse. Je bois moins et me montre moins attentif à mes appuis. Le résultat, c’est une grosse chute lors de la traversée d’une ravine. Je m’étale sur tout mon côté gauche. J’ai mal sur le coup avant de reprendre ma course en avant. Au moment de ce récit, une semaine plus tard, j’ai toujours un bel hématome sur ma fesse gauche !

 


J’entame la descente sur l’Anse des Cascades.

 

trailvertbleu2014--17-.jpg

 

 

Au loin, j’aperçois mes supporters. Je fais des signes de main pour qu’il me repère. C’est fait. Echanges rapide : « ça va ? », je réponds « cela commence à être long » puis Cyrille m’annonce que je suis 12 ème. Je suis surpris, cool. 500 m plus loin, j’atteins le ravitaillement. Un coureur fait une pause. Il va repartir avec moi. Patrick, me dit « super, belle remontée ! 12 ème ! ». Il me propose un gâteau patate. Je décline, salue tout le monde et m’en vais.

Pour tout avouer, j’aurai bien aimé que l’arrivée se passe à l’Anse des cascades. 29 kms, c’était déjà pas mal. Les 12 derniers kms vont être long, très long, surement les conséquences de ma 974, 100 kms il y a seulement quinze jours. Je ralentis, n’arrive pas à suivre l’autre coureur.

 


Le sentier me parait beaucoup plus long et dur qu’a l’aller. Je marche beaucoup plus. J’ai dans la tête la coulée de 2007 mais elle n’arrive jamais. J’essaye de ne pas me retourner mais je ne peux pas m’empêcher. Mais, c’est le grand vide. Voilà la coulée. Quelques mètres plus loin, je me retrouve devant deux chiots qui pleurent, venant surement d’être abandonnés. L’un d’eux me suit puis s’arrête. Je commence à faiblir, surement les prémices d’une hypoglycémie. Je mange une pâte de fruit.

 

trailvertbleu2014--15-.jpg

 


Voilà le dernier ravitaillement, la frontière psychologique importante à franchir. On me dit que c’est finit, qu’il reste seulement 5 kms. Allez, on ne lâche pas. Ce serait bien de conserver une place dans les 15. Revenu sur la route pour un kilomètre de descente, je retrouve de l’énergie. Au loin, un coureur, et encore plus loin un autre coureur très bien entouré….Ce traileur en orange fluo a fait l’intégralité de la course avec différents compagnons, porteurs de bouteilles et de sac. C’est pratique !


De retour sur le sentier, j’ai un gros regain d’énergie. J’ai en visuel les deux coureurs. Mais, c’est un autre que je rattrape. Il marche. Quelques centaines de mètres plus loin, c’est un autre que je dépasse. Je suis donc 10 ème.

La fin approche. Je me rapproche du concurrent aperçu sur la route. A la sortie du sentier, je le dépasse. Me voilà au milieu de la foule, c’est la fête au village avec les personnes âgées venus faire leur ballade dominicale. Je me fraie un passage, lance des « pardons », évite de rentrer dans le premier venu. Je reviens sur le groupe des orange fluo mais c’est l’arrivée.

 

trailvertbleu2014--7-.jpg


Nath, Cyrille et Léane me félicitent. Je franchis la ligne. Le speaker m’annonce 10 eme. Ah bon, je devrais être 9 ème… Pas grave. Gino arrive, me félicite, informe tout le monde que je suis Arnaud Moisan, que j’ai couru un 100 kms il y a deux semaines. Ah ce Gino !


Je retrouve la famille. Léane vient me faire un câlin. Ma première question est de savoir comment va Solène. Il parait que tout va bien, qu’elle est en forme. Au premier passage à l’Anse des cascades, elle était deuxième féminine. Mais après la forêt de Bois Blanc, elle a pointé première. Elle était 30 minutes derrière moi. J’espère qu’elle va gérer les derniers kms de course puisqu’elle n’a pas l’habitude de courir autant.

 

trailvertbleu2014--6-.jpg

 

reunion2014solene--161-.JPG

 

trailvertbleu2014--4-.jpg

 

trailvertbleu2014--1-.jpg

 

reunion2014solene--166-.JPG

 


Mais oui, elle a géré et avec la manière. 24 ème au scratch, première féminine !

 

trailvertbleu2014--3-.jpg

 

 

 

Elle est heureuse, a adoré le parcours, l’expérience, le comportement des coureurs à son égard, la gentillesse des bénévoles ! Seuls bémols, ses trois chutes, ses plantages de parcours (plusieurs), et la tricherie de certains sportifs. L’un deux lui a même dit « passe par là, tout le monde fait ça ». Comme elle me l’a dit, « j’ai halluciné ».


Quelques minutes plus tard, c’est l’heure du podium. Gino distribue les récompenses en tant que représentant de Kalmanou, partenaire de la course. Solène qui a couru sous les couleurs Kalmanou, repart d’ailleurs avec deux pots de massage et deux paniers garnis de confitures péi.

 

trailvertbleu2014--9-.jpgtrailvertbleu2014--18--copie-1.jpg

 

Soso-championne.jpg


Maintenant place à la récupération. Enfin,… So va faire un baptême de parapente, de canyoning puis une semaine de randonnée dans Mafate. Prochain rendez vous pour elle, le semi trail de l’Ouest, encore une autre histoire !

G0015537.JPG

 

canyon2014--23-.JPG


Quand à moi, samedi prochain, j’embarque Cyrille pour un tour de l’ile en VTT. La prépa Grand Raid se poursuit !

 

Photos : Cyrille, Natacha, Gil Victoire et Trail Kréol !

Partager cet article
Repost0
9 juillet 2014 3 09 /07 /juillet /2014 11:10

 

Ambiance-Trail-Raid-974-ambiance-trail-photos-Thierry-Hoara.jpg

 

Photos sur le site de la course par Thierry Hoarau : www.raid974.com, cliquez ici link

 

Un seul mot pour résumer ces dernières semaines : le doute. Mi mai, en pleine préparation, j’ai du lever le pied du fait de mon impossibilité pour poser celui-ci au sol. J’ai découvert les joies de l’aponevrosite plantaire, lésion confirmée par une échographie. Alors, c’est bien contraint et forcé que je me suis imposé du repos. J’en ai profité pour faire une révision complète du bonhomme, celle des 32, 32 années d’existence dont 31 passées à courir. Un rendez vous chez Mr Ivars pour refaire mes semelles orthopédiques, un tour chez le Doc Leroy pour faire le point sans oublier le contrôle technique chez l’ostéopathe. Je mets de côté mes Oasics Kayano et Trabucco qui me font du tord depuis que la marque a décidé de supprimer un contre appui en interne. Je porte désormais mes nouvelles chaussures, Adidas Riot, offertes par Anne Marie du magasin Running Conseil de Saint Pierre. 

 

 

Ne m’autorisant pas un repos total, j’enchaîne avec des séances de gainage et du vélo. Ce qui va bien m’aider, c’est les séances de kiné où je découvre les ondes de chocs. Cela a le don d’être très efficace. La douleur s’envole, ce qui me permet de reprendre progressivement les footings à partir du 10 juin. Deux semaines avant la course, je fais une sortie test du côté de la Roche Ecrite avec mes dalons déniviens du team Running Conseil.

 

10389481_10152476528269214_2395112523255835113_n.jpg

Cette escapade me rassure sur mon état physique. Je serai donc bien au départ du raid 974.

 

10417664_10203392637709982_6365728665434996549_n.jpg

 

10464095_787628017942384_1382011689420902848_n.jpg

 

 

L’année passée, j’avais vécu une très belle course sur le même parcours mais en sens inverse. Je finissais cuit cuit à Langevin juste avant 22 h 00 à la 16 ème place. Je suis ému en repensant à cette édition car Eric était mon assistant du jour comme souvent il l’a été. Il y a moins d’un mois, il nous a quitté de manière si brutale, si inattendu pour nous tous. Finisher en octobre 2013 de son 11 ème grand raid, il a trouvé d’autres sentiers où il va pouvoir courir en paix. Je pense à lui, il va courir avec moi, en tout cas je cours pour lui et il le sait.

 

camelia--6-.JPG

 

 

Le départ est prévu à 4 H 00 au stade de Langevin à St Joseph. A 1 H 00 du matin, la maisonnée du Colorado se réveille après une courte nuit. J’ai fait le choix de louper l’élection de miss Réunion pour avoir quelques heures de sommeil. J’espère que je ne vais pas le regretter. Je conduis en écoutant les « mix » en direct des discothèques St Gilloises. Léane et Nath dorment paisiblement malgré le boucan dans la totomobile. Une heure avant le départ, nous arrivons sur place. Je me prépare sereinement comme avant chaque ultra. C’est le côté sympa de ce type de course où je reste zen. En comparaison, j’étais beaucoup plus tendu avant le départ du 10 kms nocturne de St Denis en avril dernier. Pour rappel, je m’auto glorifie puisque j’ai battu mon temps référence et présente désormais un record fixé à 35 mn 44. Pour le plaisir, je rappelle aussi que j’ai devancé mon camarade Gino qui n’a rien pu faire face à mon envie de le battre.

 

 

Revenons à l’épreuve du jour. Ce raid 974 Gel Center est important et tombe vraiment bien dans ma planification d’entraînements pour le grand raid. Bien sûr, cela va me permettre d’accumuler du dénivelé et du kilométrage, mais cela va aussi favoriser le test et je l’espère la validation de mon matériel, de mon alimentation. Autre atout, la possibilité d’évoluer sur une partie du parcours de la diagonale. Une reconnaissance en conditions réelles.

 

 

Dossard 822 fixé sur le maillot, je fais deux tours de stade afin de me réveiller musculairement. Je salue Laurent Delnard, Lionel tilmont puis quelques déniviens et autres membres de la team gel center. Léane fait sensation en étant debout et surtout très en forme à 3 h du mat. Elle monte et descend les butes sans difficultés. Elle rigole, danse, même pas fatiguée !

 

 

Le départ est imminent. Mr Daval, organisateur de la course, fait un petit briefing avant de demander la mise en route d’une musique prévue pour réchauffer l’ambiance et monter la pression. L’effet escompté ne se réalise pas, puisque chacun reste silencieux, dans sa bulle. Il fait un petit signe de main vers la sono, la musique disparait et nous nous élançons. Je fais un petit zigzag afin de passer au plus près de mes deux fans. Au revoir et à très bientôt !

 

 

Nous déambulons dans le quartier de Langevin. Les riverains dorment, seuls les aboiements des chiens trahissent notre présence. Rapidement un groupe de près de 25 coureurs se positionnent en tête. Je suis une nouvelle fois étonné de l’allure qui est déjà bien trop rapide pour moi. Je le répète, ayant une VMA proche de 19, tous les gars devant doivent être à 20. Bref, c’est dingue. Je me retrouve déjà seul derrière ce groupe. Un coureur me double, c’est Lionel Tilmont. Avec sa foulée facilement identifiable, pieds qui trainent et bras le long du corps, limite « je m’en foutiste » (tu me pardonneras, mais c’est l’image que j’ai de ta façon de courir, mais c’est semble t il efficace), il s’éloigne comme les coureurs de tête que je n’aperçois déjà plus.

 

 

Depuis le départ, j’évolue grâce à l’éclairage municipal, mais plus nous nous éloignons de la cité et moins j’y vois. Un grand moment puisque j’inaugure ma nouvelle frontale, la Ferei hl40. Je la programme dans un petit mode afin d’économiser les piles. Malgré cela, je me retrouve avec un phare sur la tête. Je fais sensation. Les voitures qui me croisent passent en feu de croisement. De Langevin à Grand galet, 12 kilomètres de bitume avec une pente constante. Je cours seul à un rythme régulier. Mes seuls points de repères sont les trois traversées de la rivière Langevin, un coup rive droite, un coup rive gauche. J’aperçois continuellement Lionel qui me précède de 200 m. Tiens il fait un écart. Ah, c’est pour déposer un emballage de gel dans une poubelle.

 

 

Le son de la cascade Langevin est de plus en plus présent. Dommage de ne pas admirer le paysage. Mais je l’imagine la résurgente de la grande ravine, belle, grandiose. Une voiture me double avec Klaxon et encouragements, c’est MAT le gelé.

 

Grand galet, me voilà, 1 h 02. Je me ravitaille en express, remplis mes deux gourdes. Nous sommes à 590 m d’altitude, le prochain ravitaillement se fera à 2100 au niveau de la plaine des sables. Nous sommes sur les pentes du Volcan.

 

 

Un petit regroupement s’opère avec 5 autres coureurs dont Lionel. Nous sommes au petit trot et prenons la direction du chemin Cap Blanc. Le bitume laisse place à une allée herbeuse puis à un sentier monotrace. Sur les premiers mètres de ce dernier, je n’arrive pas à suivre mes compagnons donc je les laisse filer. Je trouve mon rythme même si celui-ci ne me plait pas. Je me trouve lent, lourd avec un grand manque de dynamisme. Toutes mes impressions sont vérifiées par le retour régulier de coureurs qui me déposent. C’est le mot, je me fais déposer. Pfff….

 

 

Nous longeons la canalisation qui amène l’eau du captage au réservoir de Grand Galet. Il parait que les vues sont chouettes mais là je ne vois pas grand-chose. Deuxième fois que je passe dans le coin, et deuxième fois de nuit, toujours sur la 974. Les bois de couleurs et brandes remplacent les filaos. Tiens voilà le panneau « Le Grand Pays, 1200 m, Courage ! ». Bon, courage alors. Le sentier est désormais constitué de roches basaltiques, moussues et glissantes. Mieux vaut regarder où l’on pose les pieds.

 

 

Le silence est de rigueur, pas une parole ne vient perturber notre progression. La végétation rétrécit à vue d’œil. Le graton prend le pouvoir. AU détour d’un virage, plusieurs frontales approchent. Je peux entendre la respiration de ces coureurs, ils sont cinq dont la première féminine. Et bien, ils ont la forme.

Moi je continue et déjà le mot abandon vient s’immiscer dans mes pensées. Nath sera à Mare à boue, je suis convaincu d’être dans un jour sans, pas la peine,…. Et je suis en boucle. Finalement, c’est un coureur qui vient me sortir de cette chanson. On commence à discuter et du coup pour continuer nos échanges je lui emboite le pas. Nous parlons de nos dernières courses, de nos anciens raids 974. Il a fait 11 ème il y a deux ans. Et le plus drôle, 36 ème au grand raid 2009 (pour rappel, 39 ème pour moi). Il s’agit de Sébastien Lesage, un nom que je connaissais mais sur papier. Il me rassure et réussit parfaitement sa mission. Merci à lui pour sa sportivité, son partage, ses échanges. Voilà ma belle rencontre du jour.

 

 

Le jour se lève doucement et j’aperçois le rempart vertigineux de la ravine Grand Sable. Quelques minutes plus tard, nous progressons dans la ravine elle-même sur les coulées de lave. La pente est forte. Etant de plus en plus essoufflé, je préviens Sébastien que je vais réduire la voilure. Chose faite, il s’éloigne et me dit « à tout à l’heure ». Je me fais quelques pauses, me retourne pour admirer les panoramas du Sud ! Devant moi, le dernier coup de rein qui va m’amener sur la plaine des sables au pied du piton Chisny. Allez ! Pas après pas, je reprends le dessus.

 

 

Pour contrer le vent qui se lève, j’abaisse mon bonnet et remonte mes manchons de bras. Dès que j’arrive au sommet, j’embraye et me voilà évoluant dans un décor rêvé, de toute beauté. La plaine des sables ! Je cours, saute, m’amuse.

plaine-des-sables.jpg

 

Alors que je double quelques coureurs, je me fais à mon tour dépasser mais par un vététiste qui s’éclate lui aussi dans ce lieu magique. J’arrive au ravitaillement. Bernard me demande si tout va bien, je lui réponds par la positive. Le mot abandon semble déjà loin. C’est pour ça que j’aime autant l’ultra, le mental, les renversements de situation, les différentes émotions, les ressources surprenantes du corps.

 

 

Je pointe à la 27 ème place après 3 h 45 d’effort. La tête de course en la personne de Pascal Blanc est passée il y a 45 minutes.

 

983733_534278496698500_7114024913297097053_n.jpg

 

10518683_534278503365166_7725999776390013603_n.jpg

 

 

 

Je prends un tuc et c’est repartit. Gil Victoire, toujours présent où il faut et quand il le faut, prend quelques clichés. Merci à lui pour ses photos, la possibilité de les utiliser.

 

10353182_534279746698375_4327889404533964502_n.jpg

 

 

10456026_534279810031702_4001454777555712344_n.jpg

Je me sens bien tout simplement, très serein. Les premiers rayons de soleil me réchauffent. Dans la montée vers l’oratoire St Thérèse, je mène un groupe, reviens sur des coureurs. Tiens, je retrouve Sébastien qui me fait remarquer mon retour en forme. Je me fais un peu distancer dans les dernières descentes avant Textor. Mais cette fois, c’est volontaire. Par expérience, c’est un secteur où beaucoup se mettent dans le rouge et/ou se blesse. Je reste vigilent, la course est encore longue. Je ne m’arrête pas au ravitaillement de Textor ( 29 ème kms). Il est 8 h 50, j’ai mis 1 h 05 depuis le dernier ravitaillement.

 

Le rythme est très bon. Je reviens une nouvelle fois sur Sébastien mais aussi sur un autre coureur qui a la particularité d’évoluer avec des bâtons. Nous avançons vite, cela ne chôme pas. Nous revenons sur Lionel qui marche. Il a mal à sa cheville, il sera contraint à l’abandon.

 

10404521_534279403365076_3301376503199292753_n.jpg

10422922_534279456698404_1375231275051800453_n.jpg

 

 

Nous croisons quelques randonneurs qui ont tous l’amabilité de s’écarter à notre passage. Quant aux vaches, elles nous portent peu d’intérêts. Elles semblent plus préoccupés par le gel qui a envahit les pâturages.

 

 

Arrivée au chalet des plâtres, deux concurrents se font ravitailler par des proches. Ils n’ont pas l’air en forme, je parle des coureurs bien sûr. En ce qui nous concerne, nous constituons désormais un quatuor puisque nous avons fait la jonction avec Romain Bourrinet. Ce dernier est dans le dur, nous dit qu’il va avoir du mal à nous suivre. Nous avançons quand même à bonne allure. Je mène les opérations. Gil, une nouvelle fois, immortalise l’instant.

 

10410517_534280790031604_1885193142044913708_n.jpg

A ma droite, Romain puis Sébastien.

 

10448819_534280816698268_5037690810940817707_n.jpg

 

10349139_534280903364926_9109926057963935838_n.jpg

 

 

 

De longues lignes droites se succèdent jusque Mare à boue.

Mare à boue, 39 kms, 9 h 45, 55 minutes depuis Textor.

 

 

Alors que le ravitaillement s’annonce, je retrouve Léane qui lance des trop mignon « allez papa d’amour », je fonds…. Nath m’aide à me ravitailler, je prends 4 minutes chrono, le temps de repartir avec Sébastien et Romain. Nous tablons sur deux heures de montée, ce qui est faisable mais pas simple. Le climat est parfait, ni trop chaud, ni trop froid. Le sentier est particulièrement sec, ce qui est plutôt inhabituel. Sébastien mène l’allure, Romain second alors que je clôture le groupe. Nous courons dès que possible. Je laisse quelques mètres pour avancer à mon rythme sans trop subir les à-coups de mes dalons. Finalement, je suis toujours à une dizaine de mètres d’eux. J’ai l’impression d’être au bord de la rupture mais finalement nous avançons au même rythme. Les apercevoir régulièrement me rassure, me donne de l’énergie. A mi pente, je mets en place la radio de mon téléphone. Je capte rien, hormis une radio de dédicace, la radio qui est IN. C’est la fiesta Mauricienne dans mes oreilles.

 

 

 

Aux ¾ de l’ascension, nous rattrapons Laurent qui en bave. Il a des douleurs gastriques, n’avance plus et cela ne va pas s’arranger. Il décidera sagement d’abandonner à Cilaos. Quant à notre trio, nous arrivons au sommet du Kerveguen deux heures pile après avoir quitté Mare à Boue. Nous sourions, nous nous congratulons, se tapons dans les mains. Moment simple de bonheur lors d’une course alors que la mi course n’est pas passé ! 11 H 50, tout va bien.

 

 

Je me serais bien fait une sieste mais les copains sont déjà repartis ! Nous descendons à Cilaos ! Même positionnement et Sébastien qui nous conseille de descendre tout en étant relâché. Cela ne l’empêche pas d’enchainer les virages à vive allure. Il est très souple avec d’excellents appuis. J’essaye de garder le contact mais pas simple. Romain a des difficultés de trajectoire et de relance. Il fonctionne beaucoup par à-coup. Je choisis une nouvelle fois de laisser un écart afin de descendre de façon moins heurté. Attention de ne pas glisser et de bien négocier les échelles ! J’ai vendu un 50 minutes à mes collègues, du sommet au ravitaillement de Bras Sec. Une fois la descente effectuée, nous passons par le sentier des sources. Ça grimpe costaud, avec des successions de marches pour géants. Un bon test pour les jambes que l’on vient juste de solliciter dans la descente. Me reste-t-il encore quelques fibres musculaires viables ? Oui, le corps réagit bien. Sébastien relance dès que c’est possible. Nous voilà dans la forêt de cryptomerias qui annonce la descente finale vers le bivouac de ravitaillement. 50 minutes exactement ! Nous sommes précis.

 

 

 

Classement à mi-course, Bras Sec, 52 kms :  

1 BLANC PASCAL 07:01:48

2 FONTAINE RENE FRED 07:08:08

3 GUICHARD MICKAEL 07:31:52

4 VELIA LOIC 07:40:45

5 GUITON JEAN CLAUDE 07:53:22

6 BEGUE JEAN LUC 07:56:36

7 LAURETGEORGES-GUITO 07:56:37

8 D'EURWEILHER SABRINA 07:58:40

9 HOARAU JEAN OCTAVE 07:58:42

10 HUET MIGUEL 08:05:35

11 MAILLOTJEAN MARIE 08:13:06

12 BOYER FREDERIC 08:15:16

13 MUTSCHLER MIKAEL 08:16:51

14 HOUTI BEN 08:25:59

15 ALI FAHARI 08 : 33

16 BOURRINET ROMAIN 08:40:43

17 MOISAN ARNAUD 08:40:44

18 LESAGE SEBASTIEN 08:40:52

19 JEANNEAU WILLY 08:44:10

20 SCHRAM LAURENT 08:46:55

21 AUBRAS JEAN CHRISTY 08:48:56

22 LACOMBE LAURENT 08:48:58

 

Je décide me m’arrêter 5 minutes maximum. Les gentils bénévoles me proposent de l’eau gazeuse, du cola, de la confiture, du chocolat, du poulet, du riz,… Je suis impoli, je refuse tout en bloc. Je ne veux pas mettre en vrac le bon équilibre du moment.

 

 

Alors que Sébastien prolonge son arrêt, se change, je repars avec Romain, 12 h 45. Je préviens Sébastien qu’il va nous rattraper sans problème. Je marche un bon kilomètre puis commence à trottiner. Romain n’arrive pas à me suivre, je ralentis mais je me retrouve quand même tout seul. Je ne sais pas trop quoi faire. Je prends la décision de prendre mon rythme avec la certitude qu’ils vont revenir sur moi dans le col du Taibit. Bon, allez en avant, une nouvelle course débute. Et me voilà en chemin vers la Roche Merveilleuse, le bassin Bleu et le pied du Taibit. Pour éviter la triche, vue l’année passé, l’organisation a opté pour l’option route. D’une ça me permet de dérouler un peu ma foulée, de deux cela m’empêche de m’énerver. Il y a un an, alors que j’étais sur le sentier, je me faisais doubler par des coureurs sur la route. Je n’ai plus qu’à espérer que personne ne se cache dans une voiture !

 

 

Je cours non stop jusqu’au départ du sentier du bloc vers le piton des neiges. Pour le coup, cela ne m’aurait pas déranger d’y monter mais ce n’est pas au programme du jour. La route continue et la pente s’élève. Je choisis d’adopter une marche rapide avant de rajouter quelques portions de courses jusqu’au parking de la Roche Merveilleuse. L’objectif est de pouvoir se préparer à la transition qui va m’emmener jusqu’au pied du Taibit. J’ai des flash de grand raid qui me viennent à l’esprit. Je relance avec la sensation de maitriser mon sujet. Je progresse en ayant le ressenti d’être seul au monde. Le spectacle est de toute beauté. La vue sur le cirque de Cilaos est dégagée. Par contre, Il commence à faire chaud, j’accentue donc mon hydratation. Près de 10 heures de courses, cela commence à faire.  

 

 

 

Le sentier étroit parcourt des décors très différents avec parfois un environnement rocailleux et parfois une végétation dense. Un petit tec tec m’observe, salut l’ami. Cela monte puis descend, puis remonte, puis descend, un grand huit, je m’éclate avant de débouler sur la route d’Ilet à Cordes. Je trottine jusqu’au pont qui surplombe Bras Rouge, objectif du moment. Une fois passée, je décide de marcher jusqu’au prochain objectif à savoir le pied du Taibit. Je me courbe, mains dans le dos comme à mon habitude. Afin de me détendre, j’effectue des petits exercices de respiration. De plus, je prends le temps de bien m’alimenter.

 

 

1 H 30 après avoir quitté Bras sec, je prends la direction du muret où est déjà installé Ben. Je ne le reconnais pas, ne fais pas le lien avec le fauxrhum grand raid où l’on a déjà échangé ensemble. Je suis dans ma bulle, ne percute pas. 2 minutes d’arrêts et je décide de repartir. Ben m’emboite le pas mais quelques minutes plus tard il a un coup de fil qui le ralentit. Moi, je regarde ma montre, j’ai prévu 1 h 30 de montée au maximum. Première étape la source qui me sert de ravitaillement. Petit détour et voilà mes gourdes pleines ! Je monte comme je peux, sans ne jamais croiser personne. Tout est bien calme. Le bar à tisane est ouvert et affiche complet. Je salue tout le monde et continue mon chemin. 1/3 de ma montée seulement de fait. Un coureur tout de bleu vêtu déboule. Il ne me connait pas, je le connais, je le salue, il me salue. C’était la fusée Johny Olivar. Voilà la plaine des fraises, petit répit où je choisis de continue à marcher. J’entame la dernière grosse partie de l’ascension.

 

 

Au niveau de l’oratoire je rejoints une dame et sa fille. La petite me demande : « c’est encore loin ? ». Je lui dis non. Le brouillard cache le sommet qui est vraiment proche. La petite emboite mon pas, nous montons ensemble et arrivée au sommet je lui dis : « c’est bien, tu as quel âge ? ». Elle me répond : « 6 ans, pourquoi ? » « Pour rien……. ». Je décide alors de m’asseoir et d’attendre 5 minutes. J’ai besoin de souffler. Il est 15 h 30, ma montée a duré 1 h 15. Je peux mieux faire, et c’est ça qui est encourageant. Je commence à m’interroger sur l’endroit où je vais devoir rallumer ma frontale. J’ai encore 2 h 30 avant le coucher de soleil. Je souhaite passer Trois Roches, et me rapprocher de Roche Plate. Je verrai bien. Pour le moment, je prends la direction de Marla.

 

 

 

Je me rappelle des paroles de Sébastien : Descendre Relâché. J’applique ses conseils mais cela ne m’empêche pas d’avancer à un rythme soutenu. La vue est bouchée mais le bruit des animaux annoncent mon arrivée imminente dans l’un de mes ilets préféré de Mafate. 17 mn de descente et me voilà au ravitaillement de Marla chez Mme Giraudet. Deux jeunes bénévoles m’accueillent avec le sourire. Je fais le plein d’eau et de Tuc. Ils m’annoncent 14 ème avec le 13 ème à 15 minutes. Je reste concentré car le chemin est encore long. Nous ne sommes qu’au 67 ème km ! Alors que je reprends ma route, Romain arrive au ravitaillement.

 

 

J’entame la descente vers Trois Roches. Je ne présente aucunes douleurs musculaires, ce qui me permet de profiter au maximum. Je prends mon pied, croise personne, me mets même à chanter. « Alé, Alé, levez les mains en l’air ! » Je vous rassure, je ne fais pas les gestes. Les nuages envahissent le cirque, ce qui est plutôt une bonne nouvelle quant on sait que le sentier en dents de scie est peu abrité en cas de fortes chaleurs. Quelques passages à gué et me voilà en approche du site de Trois Roches. Je dois écarter deux vaches qui font un sitting sur le sentier. Ras le bol des grévistes ! Heureusement, elles sont compréhensives.

 

 

Pour une fois, je ne tombe pas dans l’eau en traversant la rivière. Désormais, mes pensées vont vers l’ilet de Roche Plate. Je connais bien le parcours et les trois montées qui m’attendent. La première fait très mal mais je ne lâche rien. Arrivée au sommet, j’aperçois un groupe de 4 coureurs en pleine ascension. Sébastien et Romain font partie de ce groupe. La deuxième montée est avalée puis la troisième aussi. Dans cette dernière, je double trois randonneuses qui me demandent si l’ilet est encore loin. Je leur dit que oui, car mieux vaut être honnête. Je cours contre l’arrivée de la nuit et c’est avec beaucoup de joie que j’arrive de jour à Roche Plate.

 

 

Au niveau de l’école, un coureur est assis, l’air un peu abattu. Je lui demande si ça va, il me répond que oui. Il s’agit de Mikael Mutscher. Je continue ma route ou plutôt mon sentier en direction de La Brèche. Toujours dans une course contre la nuit, je monte à un bon rythme. Je croise des Mafatais, savates aux pieds, qui rejoignent leurs cases après une sortie sur le littoral. A 18 H00, j’arrive au ti col. Je m’assois sur le caillou qui en a vu d’autres. Une pâte de fruit en regardant Mafate qui s’endort et il faut déjà penser à repartir.

 

 

Deux minutes après mon arrivée, Mikael me rejoint et me demande « bah alors ? Qu’est ce qui se passe ?.....). Je lui réponds que tout va bien, que j’ai besoin de m’octroyer de petites pauses, de séquencer mon effort. J’en profite pour mettre en place ma frontale. Nous repartons ensemble. Nous allumons nos lumières dès les premiers lacets qui nous plongent dans le lit de la ravine. Mikael est au téléphone et raconte à ses proches son aventure. Un départ avec les cadors (passage 5 ème à la plaine des sables) puis un coup de moins bien notamment depuis la mi-course. Il a particulièrement mal en descente, au niveau des genoux.

 

 

Après avoir évité de justesse deux chutes, il met à terme à sa discussion. Il faut rester concentré. Cette fois, nous échangeons sur notre course mais aussi nos métiers, nos passions. Puis, n’arrivant plus à suivre son rythme, je le vois s’éloigner. Il me prend un, deux, trois et plusieurs mètres. Il me dit que l’on se retrouvera au ravitaillement des Orangers. Alors que je suis en pleine montée, j’aperçois, tout en bas, 4 lumières. Cela me permet de visualiser l’avance que je possède sur mes poursuivants. Mais de toute manière, je ne peux pas aller plus vite, alors s’ils reviennent, c’est qu’ils sont plus fort. Donc, toujours avoir en tête que l’on doit s’occuper de sa course et pas celle des autres.

 

 

L’ilet des orangers est bien calme. Au ravitaillement, kms 80, j’ai le plaisir de retrouver Schuschu. Il a le sourire, se montre bienveillant, me propose à manger, à boire. Une nouvelle fois, je réponds par la négative. A noter que Schuschu est un bénévole qui mérite un coup de projecteur. Il se donne à fond pour cette course (et bien d’autres) en donnant de son temps, de son énergie, de sa bonne humeur et aussi de ses kilos (il a en effet perdu quelques kilos en balisant l’intégralité du parcours !). Alors que je commence mon ravitaillement, Mikael repart. Schuschu me demande si tout va bien. Je lui dis la vérité, oui ça roule, pas de douleurs, RAS. Je lui fais juste part de la non motivation qui m’envahit en pensant à la longue canalisation des orangers.

 

 

Après avoir quitté le poste, et avant de m’élancer dans la descente, je passe un coup de téléphone à Natacha. Il est 18 h 38. Je lui dis que j’arrive dans à peu près 2 h 20. Et c’est partit pour la descente, transition jusqu’au départ de la canalisation. Peu de repères surtout de nuit donc je vais m’aider de mon chrono. 12 kms, cela va être long. Environ 1 h 30 de cana se profile. Alors, il faut se motiver et puis c’est tout. J’avance à un rythme régulier mais je commence à trouver les lignes droites longues, trop longues, les détours trop nombreux,… Je séquence donc ma progression avec 1 mn de marche pour 10 mn de course.

 

 

A aucun moment je n’aperçois de lumière. Où est Mikael ??? Je pense qu’il est pressé d’en finir. Quand je pense en avoir terminé avec la canalisation, cela continue. INTERMINABLE !!!!! Mais il faut tenir, c’est une vrai bataille mentale. Je décroche le cerveau et me met à compter de 1 à 22, puis de 1 à 56, puis de 1 à 35,….. Finalement après 1 h 20 de canalisation, je déboule sur la piste 4X4.

 

 

Je me lance alors dans une descente de folie. Cela sent bon la fin. Je relance, fait des dérapages, essaye de ne pas faire des erreurs de parcours. Dans la dernière partie, j’aperçois Mikael qui est au ralentit. Sur les 5 derniers mètres de sentier, je fais une belle gamelle. Mikael se retourne, je le rejoins. Il ne connait pas la fin du parcours, nous partons ensemble. C’est le dernier ravitaillement, celui de Sans Soucis, Kms 95. A partir de ce moment, le balisage est faible voire inexistant. Je joue le guide et nous courons à vive allure sur la route de sans soucis. Mikael souffre, se plaint de ses douleurs et me dit plusieurs fois que c’est difficile. Je lui décris la fin de parcours. On temporise. Il me demande la marque de ma frontale. Faut dire que l’ai mis en puissance maximum. Sa lampe ne sert plus à rien !

 

 

Après plusieurs kilomètres de routes, nous prenons la direction de la Rivières des Galets. Nous jardinons un peu, avançons, reculons, cherchons le sentier. Ce n’est pas si simple ! Nous doublons les serres files du semi raid. Ces derniers nous encouragent. Une fois devant la rivière, Mikael cherche un passage au sec. Je l’invite à faire comme moi à savoir allez tout droit. Un bain rafraichissant qui nous fait le plus grand bien! Nous trottinons pour faire les deux derniers kilomètres. Il me demande comment j’envisage l’arrivée, je lui dis ensemble bien sûr. Nous apercevons des lampadaires et comme nous avons perdu le chemin, nous y allons. Manque de bol, nous arrivons aux terrains de pétanque ! Là, il y a erreur !

 

 

Demi-tour, avec un bel énervement de ma part. Nous retrouvons la signalétique, je me calme. Le stade Mandela est en approche. J’aperçois Nath avec Léane qui dort dans ses bras. Bisous à vous deux. Je franchis la ligne avec Mikael. Nous finissons 13 ème ex aequo en 16 h 57.

 

Mr Daval vient nous saluer, nous remettre la médaille de finisher. Je vais m’étendre sur un lit picot, cela fait du bien. 30 minutes après mon arrivée un quatuor en termine. J’y retrouve Sébastien et Romain que je vais saluer.


 Avant de partir se reposer à la maison, un massage au Kalmanou baume ! Rien de tel pour commencer la récupération. Une synergie d'huiles essentielles au service de mes jambes !

 

Classement  :

1 BLANC PASCAL TEAM DECATHLON 1 HV1 13:58:42

10417746_327476617416829_6839398995179538582_n.jpg

2 FONTAINE RENE FRED ACSJ 1 HS 14:30:32

3 GUICHARD MICKAEL 2 HS 15:14:39

4 VELIA LOIC 3 HS 15:38:19

5 GUITON JEAN CLAUDE 2 HV1 15:41:47

6 BEGUE JEAN LUC AAJM 4 HS 15:49:14

7 LAURET GEORGES-GUITO 5 HS 15:49:18

8 D'EURWEILHER SABRINA 1 FS 16:13:04

9 HOARAU JEAN OCTAVE 3 HV1 16:13:11

10 HUET MIGUEL 6 HS 16:15:09

11 MAILLOT JEAN MARIE 7 HS 16:15:17

12 BOYER FREDERIC 8 HS 16:33:56

13 MOISAN ARNAUD DENIV 9 HS 16:57:14

13 MUTSCHLER MIKAEL COSPI 10 HS 16:57:15

15 JEANNEAU WILLY 4 HV1 17:23:29

16 AUBRAS JEAN CHRISTY 5 HV1 17:23:30

16 BOURRINET ROMAIN 11 HS 17:23:30

18 LESAGE SEBASTIEN 6 HV1 17:23:55

19 MOUNGANDI JOSE EMMANUEL 12 HS 17:45:12

20 HOUTI BEN 7 HV1 17:59:33

 

Et pendant ce temps, mon père, dans sa dernière année V2, faisait partie des 1000 coureurs inscrits au raid 87 kms du Golfe du Morbihan. Pierre Claude Moisan, finisher, 524 eme, 12 h 07 (14 h 50 l'année passée). Bravo à lui et à toute son assistance. Félicitations également à ses deux compagnons d’entrainements.

 

Photos : Gil Victoire, Thierry Hoarau.

Partager cet article
Repost0
8 mai 2014 4 08 /05 /mai /2014 03:23

Article paru dans le journal Sud Ouest, 7 mai 2014 :

 

So_SudOuest7mai2014.jpg

 

2 ème du Paléotrail à St Césaire (Charente Maritime), 6 avril 2014 :


10003083_10202895959733343_7164349411150738301_n.jpg

 

2 ème du Trail du Canal, La Rochelle, 1 mai 2014 :

 

603679_10203076400684254_7961931266969731419_n.jpg

 

_98A8641__www_courirencharentemaritime_fr_.jpg

 

P1170896__www_courirencharentemaritime_fr_.jpg

Partager cet article
Repost0
1 mai 2014 4 01 /05 /mai /2014 13:12

6H 30, une demi-heure avant le départ, je commence à trottiner aux abords du stade de Vincendo à la Rivière du Mât les Hauts. Aujourd’hui se déroule la 2 ème étape du challenge de l’Est, La Panonnaise.

 

10156049_291617711001303_4923658549076805478_n.jpg


Mon échauffement est vite interrompu du fait d’un problème technique. Ma belle montre GPS fait des siennes. Elle beug, ce qui me fait pester. Quand on vient me saluer, je réponds à peine à mes interlocuteurs, yeux rivés sur ce matériel haut gamme décidément trop compliqué pour moi. Alors que je m’agace, Gino vient à ma rencontre et me propose de faire quelques foulées avec lui. Je le snob, je veux résoudre mon problème, ce qui ne sera finalement pas le cas. Le gadget s’est déréglé, triste réalité. Je cours juste 5 minutes et il est déjà l’heure de se mettre sur la ligne de départ.


Positionné sur la deuxième ligne d’un peloton constitué de près de 200 coureurs je me retrouve derrière le vainqueur du trail de l’Eden, Gysley Félicité. A proximité, le mauricien Judex Dhurone à qui je prédis la victoire. Le parcours est roulant, majoritairement bitumé, ce qui, je pense, va l’avantager.

 

10155779_772784842731523_7139122408119768766_n.jpg


Le président de l’association organisatrice vient faire un briefing minimaliste. Il nous donne quelques données chiffrées sur le parcours : « 7 kms de sentier + 7 kms de route en montée + 7 kms de sentiers en descente + 7 kms de route + 7 kms de sentiers ». C’est sacrément bien étudié, surtout pour une course annoncée à 30 kms ! Bref, cela ne me déstabilise pas, j’aime les surprises.


L’objectif est bien sûr de se faire plaisir, mais aussi de bien se classer en vu du challenge de l’Est. Avec le Grand Raid, c’est l’un de mes objectifs de l’année. 6 courses dans l’Est de l’île dont 5 épreuves que je vais découvrir. 28 ème du dernier trail de l’Eden, mes ambitions sont tout simplement de faire mieux. L’autre défi plus personnel, c’est de donner du fil à retordre à mon dalon Gino. Avec seulement deux secondes de différences à l’Eden, je pense que je peux de nouveau le titiller. Dans la balance, à mon avantage, sa participation, il y a une semaine, à la caldeira soit 80 kms. Ses jambes risquent d’être lourdes. En tout cas je l’espère ! Mais je le connais bien, sa capacité de récupération est hors norme alors…

 

1498774_772784859398188_7669621223699623664_o.jpg

 

1911752_772784856064855_4977250331720645598_n.jpg


Le départ est enfin donné. Le rythme est de suite très soutenu. Je passe à côté de Nath et Léane qui sont venues m’encourager. Un petit tour en ville et j’aperçois dans ma vision périphérique du bleu, le dalon givré est déjà là. Sa stratégie diffère par rapport à l’Eden où il avait pris un départ prudent. Il semble vouloir se caler sur mon rythme. Cela se vérifie sur les premiers kms. Nous rentrons dans la zone de l’ONF. Le bruit infecte de la voiture sono laisse place au bruit de l’eau. Sur un sentier que beaucoup découvrent, nous longeons la rivière du Mât. Sur ce chemin monotrace avec de nombreuses relances, j’adopte un rythme soutenu. Je me sens à mon aise. Des coureurs sont pressés, limite oppressants. Ils veulent doubler, ça joue des coudes. (Avec du recul, Gino aurait du partir cool, il se serait retrouvé bloqué dans sa progression sur ce sentier !)

 

10294445_698435643528289_123396010989989361_n.jpgGino me poursuit !

 


Alors que je mène un groupe, je perçois le souffle de mon camarade. Il ne me lâche pas. Par contre, son essoufflement s’accroit au fur et à mesure des minutes d’efforts. Est-il parti trop vite ? Sûrement, un signe ne trompe pas, il reste muet ! J’accélère alors et lui prends quelques mètres. Arrivé sur une piste herbeuse, je décide de m’hydrater. Pas de chance, alors que je repositionne mon bidon, celui-ci m’échappe des mains. Arrêt, trois pas en arrière.

 

Gino est déjà là. Il prend les devants et nous revoilà sur un sentier technique mais bien sympathique. Cette fois en position d’ouvreur, il se met à me décrire tous les pièges qui se présentent à nous « attention, racines à droite, trou à gauche, baisser la tête, ça glisse,… ». S’il est givré, sa langue ne l’est pas ! Quelques minutes plus tard, je le remercie mais lui indique qu’il devrait garder son énergie pour sa course. Il faut qu’il se concentre lui aussi. D’ailleurs dans une petite montée alors qu’il m’indique un « danger », son pied reste coincé entre deux racines. Je lui fais une petite tape sur les fesses et c’est reparti (c’était le moment intime du récit). La traversée d’un champ de cannes marque la fin des 3 – 4 kms de sentiers effectué depuis le départ. J’avoue, c’est le deuxième instant chaud du récit puisque je me fais fouetter le visage par la canne. La douleur est stimulante !

 

10259839_698601356845051_6814077949655826515_n.jpg

 

 


Désormais, place au bitume ! C’est dans cette partie de course que j’avais décidé de prendre des risques pour distancer Gino. Mais, oui il y a toujours un mais, c’est lui qui se met à accélérer. Il veut jouer, on va jouer ! Il demande à tout le monde où est le ravito. Les réponses sont contradictoires « bientôt, dans 200 m, dans 5 min.. ». Pas de panique le voilà, Gino s’arrête. Je comprends, il voulait prendre de l’avance pour se ravitailler tranquillement. Moi je trace, me retrouve seul, ne me retourne pas. Je donne un coup d’accélérateur pour maquer mon ambition du jour. Il va falloir venir me chercher. Le parcours suit la route en direction du Belvédère de l’Eden.

 


Nous serpentons entre les champs de canne avec des pentes plus ou moins abruptes. La succession de virages m’avantage dans le sens où Gino ne m’a plu en visuel. Je me sens de mieux en mieux. Du seuil, en montée, sur route, tout pour me plaire. Il ne faut juste pas craquer. Lukas en mode cameraman m’encourage. Je m’alimente et continue mon avancée. Je double un coureur tous les 500 m à peu près. Parfois, j’entends la voix de Gino, un virage plus bas. Il dois avancer à rythme proche du mien. J’avale les coureurs et les kms assez facilement. J’adore ce sentiment de maîtriser la situation, de contrôler son allure, de percevoir mes mouvements respiratoires, musculaires, d’avoir les sens en éveil. C’est l’avantage de se sentir tout simplement bien. Nous passons à proximité de la cascade du chien. Le temps dégagé nous permet d’assister à un spectacle de toute beauté.

 


Les longues lignes droites ont fait leur apparition. Nous dominons désormais la plaine cannière. A 1 km du sommet, je me retourne et aperçois une tache bleu avec un grand sourire tranche papaye. Environ une minute nous sépare. Gil nous prend successivement en photo.

 

1544435_497581263701557_4629394584354528100_n.jpg

10155791_497581383701545_1113774985050429693_n.jpg


J’arrive au ravitaillement. Je prends le temps de bien boire, de m’alimenter. Gino arrive, se ravitaille en express et m’emboite le pas. C’est quand même énorme, car nous nous retrouvons dans la même situation que lors du trail de l’Eden. Ensemble au point culminant de la course, sur ce site du belvédère de l’Eden.


Désormais, place à la descente sur un sentier très agréable. Alors que Gino mène l’allure, je suis troublé par un sentiment de déjà vu. Je dois me tromper. En effet, la dernière fois, le gars qui me précédait était habillé en vert ! Une autre différence notable, c’est mon allure qui faiblit. J’ai des maux de ventre et ceux-ci sont grandissants. Le goût de mon gel reste présent dans ma bouche.


Je dis à Gino de ne pas m’attendre, de faire sa course. Un coureur déboule et nous double. Puis un second mais cette fois Gino le prend en chasse. Je lui souhaite une bonne fin de course. Je vis un moment inoubliable, où comment se faire lâcher par un pingouin sur un trail ! Pendant 15 minutes, je suis au ralenti sous le choc de ce fait de course mais surtout car je ne suis plus dedans. A mon grand étonnement, personne ne revient sur moi. La fin du sentier s’annonce.


Je me retrouve à nouveau sur le bitume. Abordant la dernière heure de course, je m’arrête au ravitaillement afin de prendre un dernier gel. Celui-ci à disparu. Il a du s’échapper au cours de la descente… J’essaye de ne pas m’énerver, décide de mélanger un peu de cola avec de l’eau. Je me sers deux verres et repart. Il va falloir gérer mon effort pour ne pas subir une hypoglycémie. Je dois faire attention sinon la fin de course va être terrible. J’avance donc lentement sur la portion ascendante. Cette attitude va changer une fois revenu sur le plat. Il reste une dizaine de kms mais je ne crains pas cela. J’ai de l’envie et surtout me sens de nouveau bien. Les jambes balayent la raison. Je relance l’allure. J’ai comme l’impression qu’une nouvelle course démarre.


Le regard vers l’horizon, j’arrive à distinguer deux silhouettes. L’une d’entre elle, c’est celle de Gino. Deux bonnes minutes nous séparent. Méfie-toi, je te chasse. Si tu craques, je te mange ! Les lignes droites laissent place à de nouvelles lignes droites. Je rattrape des coureurs qui n’avancent plus, certains marchent. La fin de course va être longue pour eux. L’écart avec Gino se maintient. Il fait de plus en plus chaud mais ce n’est pas ça qui va m’arrêter. En passant devant le centre équestre de Bras Panon, je sais qu’il me reste encore 4 kms. Je redonne un coup d’accélérateur, comptant sur l’affaiblissement du coco givré. Mais rien à faire. Il me reste 1 km 500 le long du front de mer Panonnais. Je double encore 3 coureurs dont un dans la dernière ligne droite. Je sprint sous les encouragements de Nath, de Léane, de Fred, de plusieurs déniviens,….

 

FH2_8798.jpg

 

FH2_8799_2.jpg

 

10178063_699578343414019_1890799426104787140_n.jpg


Je termine 23 ème en 2 h 49 mn 47. Gino m’attend, me félicite. Il a finit 2 mn devant moi. Bravo à lui. Je lui donne déjà rendez vous la semaine prochaine sur un autre format de course, le 10 kms de St Denis.

 

Je suis quand même un peu fatigué. Gino m'a tué !

1897899_699578963413957_2829850447198627977_n.jpg

 

10151951_699582903413563_5123390379218628643_n.jpg


Ma matinée se prolonge par un massage de Fabienne, Mme Kalmanou. Merci à elle pour son massage, son soutien, son invitation sur la course.

 

FH2_8848.jpg

 

 

Pour continuer la récupération, je quémande un peu de chocolat auprès de ma fille. Elle est gentille, elle me partage un peu de son « apin » de Pâques.

 

FH2_8746_2.jpg

 

1 02:15:25 FELICITE GILSEY

2 02:15:45 DURHONE JUDEX

3 02:21:36 BARET DIDIER

4 02:26:15 LEVENEUR JACKY

5 02:33:22 ROBERT THIERRY

6 02:33:39 BOYER ELYSEE

7 02:33:54 FERRERE EDDY

8 02:35:02 HOAREAU GEORGES-MARIE

9 02:36:20 CALTRET JOHNNY

10 02:37:10 OULEDI WILFRID

 

 

19 02:47:47 LEE SONG YIN GINO

20 02:47:56 LAFABLE MICKAEL

21 02:47:60 CLAPIER YANNICK

22 02:48:40 MAHAVE BERNARD

23 02:49:47 MOISAN ARNAUD

 

FH2_8875.jpg

Prochain défi Girnaud, 10 kms nocturne de St Denis. Patrice, juge arbitre.

 

Merci aux photographes.

Fred :

10171806_497584700367880_6448813994111831224_n.jpg

Trail Kreol :

1901896_698903716814815_1654745786886407205_n.jpg

Gil :

 

10269175_771550376188303_3695964896315290473_o.jpg

 

 

NB : Le second n'aurait il pas terminé premier (20 secondes de différences) avec d'autres chaussures ?

10306384_699576956747491_4693755578108837062_n.jpg

 


Partager cet article
Repost0
8 mars 2014 6 08 /03 /mars /2014 17:21

Me voilà de retour sur les sentiers. Mes quelques fidèles lecteurs commençaient à ne plus croire en mon retour sur le blog. Mais si, je suis bien là, pas d’inquiétude à avoir. C’est vrai que depuis la belle Mascareignes 2013, je n’ai pas été très assidu. D’un autre côté, quoi vous raconter, et bien pas grand chose. Une fin d’année 2013 qui a fait la part belle à la récupération tant physique que mentale puis un retour progressif aux affaires depuis mi décembre afin de préparer au mieux cette nouvelle saison. Tout d’abord en solo puis avec le club Déniv sous la bienveillance de coach Fred.

 


Pour ma rentrée, j’ai choisi de m’aligner sur le trail de l’Eden, première étape du tout nouveau challenge de l’Est. Au vu de la multitude de courses inscrites au calendrier, il a fallu faire des choix, faire le tri afin de se planifier une saison qui motive, qui donne envie tout en respectant mon petit capital santé. La participation à ce challenge fait partie de mes deux résolutions de l’année. J’ai envie de découvrir de nouveaux sentiers, de m’échapper un peu des classiques péi et si possible de bien figurer au classement final de ce challenge. La seconde résolution est mon retour sur le Grand Raid avec l’ambition de boucler ma quatrième diagonale.

 

1926865 673250976046756 1136859142 n


Après quelques années d’absence, la commune de Bras Panon, et plus particulièrement l’ACBP, renoue donc avec la course nature. Ce trail de l’Eden est un circuit de 26 kms, 800 d+, montant par le sentier de la Caroline et redescendant par le chemin Brunat en passant sur l'ancienne plantation de thé situé au belvédère de l'Eden. D’après les connaisseurs, c’est un parcours roulant, glissant, piègeux. L’état du sentier n’a pas dû s’arranger avec la pluie qui tombe depuis plusieurs jours dans l’Est. Les premiers devraient toutefois boucler le parcours en moins de deux heures.

 


J’arrive une heure avant le départ, accompagné de ma petite famille, au stade Paul Moreau de Bras Panon. Je retire mon dossard sans trop d’attente. Je profite de ce récit pour remercier Kalmanou qui m’a offert mon inscription à la course.

 

crbst 75185 145264398952457 1575995830 n

 

Au fait, où est Léane ?

 

1799946_673772172661303_534418869_o.jpg

 

Une demi-heure avant le départ, je commence mon échauffement en affichant fièrement les nouvelles couleurs du club. Déniv est là et le fait savoir !

 


Les organisateurs font un briefing, affichent leur contentement de compter près de 500 inscrits pour cette épreuve. Parmi les engagés, on peut trouver quelques noms connus comme Gilsey Félicité, Johny Olivar, Éric Lacroix, Didier Barret, Yvan Caltret, Judex Durhone ou encore Judickaël Sautron. La course va être belle.

 

 


Juste avant 7 h 00, c’est le passage obligé à la pointeuse. Nous suivons ensuite le maire sur deux cent mètres jusque la ligne de départ virtuelle. Ce dernier est fait dans un virage, ce qui n’est franchement pas très pratique. L’ambiance est bon enfant, les coureurs se chambrent, le soleil a même fait son apparition.

 


7 H 07, le départ est enfin donné. L’allure est de suite soutenue. Je me concentre sur la mienne, ce qui n’est pas évident. J’essaye de trouver mon allure seuil. Chose faite, je fais abstraction des autres. Pour débuter l’épreuve, nous devons avaler plusieurs kilomètres de bitume. Nous avançons sur de longues lignes droites avec une pente qui ne cesse de s’élever. Une chose est sûre quand je cours sur une route avec un dénivelé positif important, je suis à mon aise. Je double de nombreux coureurs, certains marchent, d’autres sont à la peine. Mes entraînements réguliers dans les rampes de Bellepierre ou de la Montagne portent leurs fruits. Vers le 6 ème kilomètre, je passe devant le premier ravitaillement après 20 minutes d’efforts. Un bénévole m’annonce que je suis à 3 minutes de la tête de course. Je ne m’arrête pas, mes réserves d’eau sont encore intactes. Je suis parti avec une ceinture et deux petits bidons de 200 ml chacun.

 

  Merci à Trail Kréol pour toutes les photos !

 

1511813_748665861810088_1273214427_o.jpg

 


Le goudron laisse place à l’herbe humide. Je me retrouve sur un chemin large, type 4x4, qui s’élève progressivement. J’accélère encore et rejoints à ma grande surprise un duo composé par Eddy Ferrere et Thierry Robert. Si le premier s’échappe par la suite, je double le second qui n’est pas au mieux. Je me sens bien, RAS, c’est cool.

 

1964906_674311075940746_120745294_n.jpg

 

1743589_675388029166384_1569543516_n.jpg

 


Au bord du sentier, un panneau de l’ONF attire mon attention. L’histoire va se corser. Lukas, notre journaliste préféré (je suis gentil même si je ne t’ai pas attendu, tu me pardonnes ?), m’avait évoqué que la course allait se compliquer à cet endroit. Il avait raison, je vais désormais croire les journalistes. Le sentier devient monotrace et surtout très pentu. La boue n’aide en rien et transforme le chemin en patinoire. A peine une vingtaine de pas, et déjà Thierry Robert me dépasse. Comment dire,…, Rien à dire. Cela doit être en lien avec sa grandeur ! Maintenant que je suis au ralenti, je prends le temps de m’hydrater. Droit devant, je pousse sur les cuisses. Rien à voir mais un évènement majeur à signaler. J’ai la tristesse de vous annoncer le décès d’un rat sur le sentier. Il va voir du monde aujourd’hui. Et là, un tangue mort. C’est le drame par ici. Et là, des gels usagés à terre. Je suis dans les 40 premiers et je dénombre au moins 5 gels. Je ne dis rien, j’en pense pas moins. Bref,… Alors que cela continue à bien grimper, je suis régulièrement rattrapé par des coureurs. Va falloir bosser les montées, je ne suis pas encore au niveau.

 


Le parcours ressemble un peu à un grand n’importe quoi. Nous passons où nous pouvons, dans des tranchées gorgées d’eau, de boue. Le sol est parfois instable, parfois inexistant avec nos pieds qui s’enfoncent de plusieurs centimètres dans les mares de boue. Côté végétation et bien nous sommes gâtés avec de belles fougères et de nombreuses orchidées. Alors que je progresse comme je peux, je perçois le retour imminent d’un groupe de coureurs. Sans me retourner, je connais le meneur d’allure. Pas difficile, c’est Gino. Sa voix résonne dans le ciel Panonais. Il s’étonne de ma présence. Et oui, surprise, je suis là. Au cours de la semaine, je lui ai annoncé que l’un de mes défis serait d’être le plus proche possible de lui, voir d’être devant lui au classement général du challenge. IL a bien un point de VMA en plus que moi, mais je compte jouer sur sa boulimie de courses pour l’avoir à l’usure ! En écrivant ces lignes, je me doute que cela ne va pas le laisser de glace.

 


Il me rejoint, m’encourage, me dit que nous sommes à 10 minutes du sommet. C’est une bonne nouvelle qui compte. En tout cas, cela me remotive. Ma chute dans le classement va enfin s’arrêter. Je m’agrippe à lui, ne le lâche plus d’une semelle même boueuse. Nous déboulons vers le Kiosque, accélérons encore, montons en courant dans les escaliers et nous voilà applaudis par de nombreux spectateurs. Cela fait 1 h 06 que le départ a été donné. Nous sommes au 11 ème kilomètre, et cela fait 12 minutes que le leader de la course, à savoir Judex Durhone, est passé.


Je profite du ravitaillement pour remplir une de mes gourdes. J’ai bu la moitié, soit juste 100 ml depuis le début de la course…. Un gel et c’est repartit. Alors que Gino enclenche le turbo, j’ai des difficultés pour le suivre car je n’arrive pas à remettre ma gourde dans son emplacement. Toujours soucieux de son classement afin de planifier son effort, Il demande à un camarade à quelles places nous sommes. Le gars, un peu planète, lui réponds 10 ème. Plutôt dans les 30 en fait.


Et nous voilà lancés dans une folle descente. Prise de risque maximum mais je m’éclate totalement. Le matin, j’ai vraiment hésité entre le côté souple de mes fuji trabucco ou le côté accroche de mes riots. Gagné ! Pas une glissade avec mes alliés du moment, les adidas riots. Au top. Racines, boue, mares d’eau, virages à 90 degrés, cela dépote. La descente est super roulante. Pour m’aider, j’adapte mes trajectoires à celles de Gino. Je prends les bonnes, lui laisse les mauvaises !

 

1961007_748674225142585_1091200014_o.jpg


Un coureur me revient dessus à une vive allure mais avant de me rattraper il chute et lance des jurons contre lui même. Quelques minutes plus tard, la scène se reproduit à l’identique. En fait, c’est comme si je jetais des peaux de bananes. Petite impression d’être au cœur d’un dessin animé. L’épisode s’est reproduit quatre fois avant que ce coureur tombeur me dépasse et s’en aille au loin. Gino s’est lui aussi échappé. Je le traque, il ne doit pas être loin. Au profit d’une piste 4 x4, je fais la jonction. Tiens, la pente change de sens pendant un bon kilomètre. L’allure est bonne, nous nous motivons mutuellement. Je me retourne, deux coureurs reviennent sur nous. J’informe mon dalon qui profite du retour de la descente pour accélérer. Je ne peux pas suivre. Sans m’en apercevoir, j’ai moi aussi élevé ma vitesse. Plus de Gino devant moi. Toutefois, je rattrape quelques coureurs qui ont souvent des difficultés dans leurs choix de trajectoires.

 

Cascades de photos by Gil Victoire :

 

1979220_748672741809400_984876209_o.jpg

1614323_748673305142677_1563820837_o.jpg

 

1658605_748674175142590_982860747_o.jpg

 

1926031_748673831809291_390523061_o.jpg

 

1926093_748676311809043_6357086_o.jpg

 

1926260_748676365142371_1643395479_o.jpg

1602031_748676638475677_2136093206_o.jpg

 

1898845_748680841808590_184879468_o.jpg

 


 


Le dernier ravitaillement se profile, synonyme de retour du bitume. La folle descente a quand même duré 48 minutes. 1 H 54 de course et Gino me devance désormais d’une minute. Me revoilà sur la route. Mais là, les jambes commencent à crier. Pour ne pas arranger l’affaire, nous entamons une belle montée. Ce qui est rassurant c’est que cela semble être compliqué pour tout le monde. Il me reste un peu plus de 5 kilomètres. Je reviens sur un coureur qui me dit « Salut Arnaud ». Je ne l’avais pas reconnu, il s’agit de Gilbert, coureur cilaosien de grande qualité. Je lui fais part de mon début de lassitude, que cela devient long, puis finalement je continue ma progression. Mon ressenti était réel mais j’aurai pu me passer de ce commentaire un peu déplacé. En effet, à ce moment précis ce n’était pas à moi de me plaindre puisque c’est moi qui semble t’il était le moins en difficulté.

 

 

 

De grandes lignes droites et des coureurs éparpillés sur le bitume panonais. Tous les 10 mètres, un coureur. Il ne faut rien lâcher sinon la sanction est claire, tu recules de plusieurs places au classement. Je sers les dents, je ne reviens sur personne et personne revient sur moi. C’est un bon deal. Les séances de seuil trouvent vraiment leur utilité dans ce type d’exercice. Deux semaines auparavant, j’effectuais des 3000 m sur le front de mer de st Denis, seul face au vent. Le corps et la tête n’ont pas oublié. Retour dans la cité urbaine et finalement je décide d’accélérer. Le mental prend le dessus, les jambes répondent. Je mange un, puis deux coureurs. Un virage et me voilà à l’entrée du stade. Je lève la tête et apperçois Gino qui se retourne. Comme on se retrouve ! Allez, il me reste 250 m pour manger un petit chinois ! Mais c’est qui ne se laisse pas faire. Ah le maudit. Il n’est pas frais, il n’est pas souriant mais il me devance de deux secondes. On se congratule pour cette belle course. Je termine 28 ème en 2 h 18 mn.

 

1901282_674746342563886_1396567556_n.jpg

1796450_674746382563882_535261779_n.jpg

 

1796499_674746395897214_690675114_n.jpg

DSC03768.JPG

 


Il n’est pas le seul que j’ai envie de remercier. Merci aux organisateurs et bénévoles pour celle belle course follement intéressante et intense. Nath et Léane me rejoignent, me félicitent. Je suis un peu ailleurs, m’allonge car j’ai la tête qui tourne. Quelques minutes plus tard, tout est revenu dans l’ordre sauf mon look un peu croûté.


Par la suite je croise Jamel, le manager du nouveau team Gel Center. Je le salue et surtout le remercie pour la tenue trail que j’ai gagné suite à un jeu sur le net. Bientôt la photo !

 

bxttx-logo gel center New

 


Je vous donne rendez vous pour la prochaine étape du challenge de l’Est, La Panonnaise, le 20 avril 2014.

 

 


Récapitulatif :

Départ 00h00' (heure de départ : 7h07),

Rav1 00h20' (3 mn de la tête de course ; 1 mn avant Gino)

Rav2 01h06' (sommet, 12 mn de la tête de course, 10 s derrière Gino),

Rav3 01h54' ( 1 mn derrière Gino),

Arrivée 02h18' (2 secondes derrière Gino).

 


1. Felicite Gilsey1h54’04

1723481_674744999230687_766209398_n.jpg

2. Durhone Judex1h55’26

1969230_674745339230653_1604408657_n.jpg

3. Cadet Jean-Marie1h59’39

4. Robert Jean-Louis2h00’22

5. Lebon Aurelien2h00’25

6. Leveneur Jacky2h00’56

7. Baret Didier2h03’03

8. Olivar Johny2h04’07

9. Boyer Elysee2h06’00

10. Caltret Yvan2h06’51

11. Ferrere Eddy2h08’35

12. Eleapadeatchy Jean2h08’56

13. Nativel Ludovic2h09’08

14. Sautron Judickael2h10’13

15. Charlettine Alexandre2h10’33

16. Libelle Jovany2h12’34

17. Chow Shi Yee Jean-Pierre2h12’37

18. Robert Thierry2h13’17

19. Lacroix Eric2h14’12

20. Dijoux Brice2h15’04

 


27. Lee Song Yin Gino  2h18’08

28. Moisan Arnaud  2h18’10


145 EMMA Corinne 2 h 53 mn 36

151 FOURNAT Aurélie 2 h 56 mn

 

Résultats complets : link


Photos : Gil Victoire, Trail Kreol, Nath Moisan.

Partager cet article
Repost0

Profil

  • Arnaud Moisan
  • Tu peux toujours courir... Et je cours, je me raccroche à mes baskets tant sur le tartan, le bitume ou les sentiers. Par ce blog, j'espère vous faire partager un peu de ma passion pour la course de fond
  • Tu peux toujours courir... Et je cours, je me raccroche à mes baskets tant sur le tartan, le bitume ou les sentiers. Par ce blog, j'espère vous faire partager un peu de ma passion pour la course de fond