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14 novembre 2014 5 14 /11 /novembre /2014 16:47

 

Roche Plate, 114,7 kms, 1110 m d’altitude, 22 h 06 mn 57s, 57 ème   

 

L’ambiance est bon enfant. Les chants se succèdent, les bénévoles semblent heureux de participer à la fête. Je retrouve Arnaud Leroy, mon doc. Je fais un debrief avec lui. Je lui parle de mes soucis d’endormissement. Il me propose de me poser quelques minutes. Je réponds par l’affirmative. Je choisis de m’allonger à même le sol, sur une grande bâche ; Il me propose de rentrer dans l’école où se trouvent des lits. Je refuse, je suis têtu. Je m’allonge, place mon sac sous la tête, ferme les yeux. Il me recouvre avec une couverture. Je ne m’endors pas mais cela a le don de me reposer à tout point de vue. Tout à coup, je me relève, c’est le moment où le doc m’interpelle en me disant que les dix minutes sont passées. Nous sommes synchros. Je remets mon packtage et je reprends la route. Cette pause m’a fait du bien, j’ai fait le plein d’énergie. J’en avais besoin. Ce qui se présente devant moi est tout simplement la partie que je crains le plus de ce Grand Raid, la montée du Maido.

 

Je trouve un rythme convenable et cela jusque la Brèche, premier point stratégique.

 

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Alors que je monte généralement les mains dans le dos, je décide de me faire violence en appuyant sur les cuisses. Je ne veux pas m’éterniser dans le coin, je veux sortir de Mafate. Je grimpe donc correctement jusque la Brèche, départ symbolique de la montée en 4 étapes jusqu’au sommet. Le parcours est ainsi délimité en 4 sections (25 %, 50%,….). J’ai le malheur de lever la tête. Ce n’est pas des étoiles que je vois tout là-haut dans le ciel, c’est bien un bal de frontales, la danse des grands raideurs étoilés. Je souffle fort, trois fois, pour me donner du courage. Allez, j’y vais.

Je regarde régulièrement mon chrono pour estimer mon temps de montée. Je suis fixé quand j’atteins le premier quart en 19 minutes. Et bien, ce n’est pas gagné. Je me pose sur un caillou. Je repars, me fais régulièrement dépasser. Le silence des premières heures de course a laissé place à la solidarité, aux échanges. Embarqués dans la même galère, notre parole se libère. Alors que je me traîne, une comète me double. Il s’agit de Christine Bénard. Je lutte pour garder un minimum de rythme. Je sais qu’une fois là-haut, je serai à mon avantage. Il faut limiter la casse. A 10 minutes du sommet, je retrouve le cameraman japonais du départ de course, je le salue. J’imagine qu’il attend un compatriote. J’entends des cris, des applaudissements. Cela me motive. J’y arrive mais j’en ai marre. Je ne me sens plus capable de gérer la course au classement.

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Au sommet, des déniviens dont Stéphane viennent vers moi et me félicitent. La première chose que je leur dis est que je vais sûrement passer en mode  « finir », que je ne peux plus tenir ce rythme. Ils me proposent de me ravitailler. Je fais le sauvage, décline l’offre, car mes parents m’attendent au ravitaillement. J’ai encore 10 minutes avant de les rejoindre.

Sur la crête, je dois progresser en faisant avec le vent et le froid. Je sais qu’il ne me faudra pas traîner au prochain poste car le risque de voir sa température corporelle diminuer est réel. La portion jusque Tête Dure est plus longue que dans mes souvenirs. Je commence à courir avec l’allure du cowboy. Un frottement fait son effet au niveau de mon arrière-train. Voilà mes parents. Ils sont frigorifiés mais gardent le moral. Il est 23 h 00, nous sommes à 2000 m d’altitude et ils m’assistent comme des pros. Pour le problème de frottement, je me badigeonne de vaseline. Pour le souci d’endormissement, je prends un gel énergique avec de la caféine. Allez j’y vais, je commence à avoir froid et puis j’ai envie de m’amuser sur les 12 kms de descente. Je donne rendez-vous à mes parents au stade Halte-Là. Je repars du poste avec Christine Bénard qui a fait une longue pause.

Maido, Tête Dure, 121 kms, 2030 m d’altitude, 24 h 36, 55 ème

 

Elle repart vite, je ne peux la suivre, je n’essaye pas. J’ambitionne de faire une bonne descente, surtout de ne pas perdre trop de temps, de me rapprocher rapidement du top 50. Je m’enfonce progressivement dans la forêt. Je reviens sur Wilfrid Oulédi et son éclaireur. Je dépasse Wilfried, l’encourage, il n’est pas au mieux. L’éclaireur accélérant, je me positionne derrière lui. Wilfrid a lâché. Pendant plusieurs minutes, l’éclaireur m’éclaire, avant qu’il ne s’aperçoive que je ne suis pas Wilfrid mais Arnaud. Allez, sans rancunes !

 

Je prends beaucoup de plaisir tout au long du sentier. Bien sûr, de nuit, je perds mes repères et m’étonne de toujours descendre. Je reste vigilant pour ne pas me prendre un tamarin en pleine poire. Ah non, je m’endors de nouveau, le gel n’a pas eu l’effet escompté ! Je dois être vraiment fatigué ! Je décide de me mettre de la musique dans les oreilles. Quelle bonne idée ! Cela me réveille ! Je dévale la pente et je chante ! Le genre de truc qui peut énerver les gars que je double ! J’enchaîne les tubes de Matmatah, de Armens, de Merzhin, de Soldat Louis, de As de Trèfle  mais aussi les derniers tubes créoles qui font la joie de RER et d’EXO FM. Je reste zen sur la partie interminable de cette descente à savoir la piste et ses fameux rondins. La vue sur la ville de St Paul et du Port est grandiose. Les lumières scintillent, les villes sont animées malgré l’heure tardive. Il n’y a donc pas que le Grand Raid dans la vie ! Certains doivent être en soirée, d’autres se préparent pour se rendre en discothèque, d’autres dorment, d’autres ont du mal à accepter l’élimination de Freddy à Koh Lanta,… Moi, je n’ai pas toutes ces préoccupations, j’en ai une seule pour le moment, celle de ne pas chuter.  En effet, dans la dernière partie, sur de la terre meuble, je prends garde. Il y a un mois, je me suis pris une belle gamelle à cet endroit. La route annonce la proximité du ravitaillement. Je passe entre les maisons, dans des décharges à ciel ouvert. Pas très vendeur !   

 

Sans Soucis, 133,8 kms, 350 m d’altitude, 26 h 59 mn, 50 ème

Je cherche Natacha mais ne la trouve pas. Mon constat est rapide car le nombre de personnes présentes se compte sur les doigts d’une main. Je vais remplir mes gourdes et en profite pour manger une crêpe nature. Ce petit clin d’œil breton me remplit de sourires. Au moment de partir, je préviens les bénévoles du fait que ma femme va sûrement arriver avec une petite fille blonde. Je les remercie de lui dire que je suis déjà passé. Comme tout le monde n’est pas bien réveillé, je dois m’y reprendre à deux fois pour me faire comprendre. Je pars en trottinant et aperçois au loin Natacha. Elle est à côté de la voiture car Léane dort. Je prends un gel et bois une fiole de guarana. L’objectif est de lutter contre cette envie récurrente de fermer les yeux.   

 

Un coureur passe à mes côtés, je pars de suite. Nous échangeons sur la course. Je lui sers de guide. Il peste contre le parcours qu’il ne trouve pas à la hauteur de la réputation du Grand Raid. Il me dit qu’il ne reviendra plus si le tracé n’évolue pas. Il trouve, à juste titre, que toute la fin de course n’a pas d’intérêt. Il s’agit de Thierry Cadiou, un breton de Ploudaniel. Nous parlons des différents bretons présents sur la course et plus particulièrement de Jérôme qui est actuellement dans les vingt premiers.   

 

 Nous voyons les lumières puissantes du stade Halte-Là de l’autre côté de la Rivière des Galets. Dans le même temps, je m’étonne d’apercevoir plusieurs frontales disséminées dans des secteurs bien différents. La logique du parcours à venir m’échappe. En fait, nous avons droit à des détours, des montées entrecoupées d’une descente. L’allure de base de Thierry est légèrement supérieure à la mienne. Pour la première fois depuis le départ, j’augmente un chouïa ma cadence pour pouvoir rester avec lui. La progression sur la piste est plus aisée à deux. Je suis passé en mode guerrier, je me connais assez pour savoir que je ne baisserai plus de rythme. Je me sens de plus en plus fort, je débute une autre course, celle où chaque place devient une quête. J’ai faim de coureurs. Miam, Miam !

 

A l’approche du stade, sur la piste bétonnée, je trottine. J’aperçois mes parents à l’extérieur du complexe sportif. Une nouvelle fois, ils n’ont pas eu la possibilité d’y entrer. Franchement, je trouve ça lamentable. Il y a deux ans, pour soutenir papa lors de son grand raid, je l’assistais sur la pelouse du stade. C’était top et je ne gênais personne. Je participais pleinement à la fête, à sa diagonale. Là, si le coureur veut se poser plusieurs minutes, il doit, soit choisir de profiter des installations de l’organisation, soit préférer trouver un bout de terre en dehors du stade pour rester avec ses proches. Le Grand Raid doit rester un évènement populaire. C’est la participation active de nos amis, notre famille, nos collègues, des anonymes qui fait aussi la réputation de cette épreuve.      

Stade Halte-Là, 139 kms, 230 m d’altitude, 27 h 50, 43 ème,

 

J’effectue un ravitaillement express, le plus court de mon grand raid, traverse le stade sans m’y arrêter. Thierry se change. Je me dis qu’il va me rattraper dans la montée suivante vu sa facilité pour grimper. Cela fait 28 h 00 que j’ai quitté St Pierre. Je fais un rapide calcul par rapport à mes prévisions de 34 h 35. Il me reste donc 6 h 35 pour effectuer les 34 derniers kms, et les 1940 m de dénivelé positif. Cela va être tendu mais j’aime ce type de défi.

 

Un jeune bénévole m’explique le chemin qui m’attend. Vraiment sympa. Je me retrouve au milieu des cases, puis sur la route, de nouveau entre les cases, puis encore sur la route,... A un moment, je ne sais plus par où passer. Je suis paumé, je reviens sur mes pas, crie « il y a quelqu’un ? ». Un voisin vient à mon aide, me remet dans le droit chemin. Remotivé, je me mets à courir alors que le pourcentage de la pente est élevé. Dans les champs de cannes, je reprends la marche active. Je m’amuse de voir la rubalise fluorescente bouger avec le vent. J’assiste à un drôle de spectacle. Les esprits s’invitent dans ma tête. Parfois, j’ai l’impression que c’est la frontale d’un coureur ou d’un spectateur, mais non jamais.

 

 J’avance à un rythme élevé, je ne veux pas lâcher, mes battements cardiaques s’accélèrent. C’est à ce moment que j’arrive à la hauteur de vrais gens, espèce qui se fait rare dans le coin. Ce sont des bénévoles qui effectuent un contrôle sauvage. Ils sont situés au point culminant, à la jonction du sentier menant à Dos d’Ane. Je m’assieds à côté d’eux. Il faut que je calme mon bordel intérieur. Une minute et tout est rentré dans l’ordre. Je demande si des coureurs sont proches. La réponse est loin d’être motivante. Il y a un trailleur qui est passé il y a 35 minutes ! Par contre, je découvre que je suis désormais 38ème. Quoi ? Je leur fais répéter. C’est bien ça ! Deux choses semblent expliquer ce bond au classemente.. l’abandon de quelques favoris et l’arrêt prolongé de certains au stade Halte-Là. Désormais, je me dis qu’il faut que je préserve ce top 38. Je remets en cause toutes mes certitudes sur le fait que ma 39ème place de 2009 était une perf unique, un palier que je n’arriverai plus jamais à atteindre. Quel pied !   

Je joue au singe dans la partie technique qui aboutit au chemin Ratineau. Je descends à vive allure jusqu’au poste de ravitaillement. C’est grisant, Je suis surmotivé, je suis en forme, tous les voyants sont au vert.  

 

Ratineau, 144,6 kms, 430 m d’altitude, 29 h 09, 38 ème,

Lors de la remontée de la ravine Kaala, je mets mes mains au sol. Elle fait mal celle-là ! Il faut rester très concentré jusque La Possession. Les passages compliqués à négocier sont nombreux.   

 

Dans la ville, pas un chat à déclarer, tout le monde dort. Quelle sensation bizarre, comme si le Grand Raid allait se dérouler demain. Avant de pénétrer dans la cour de l’école, j’éteins ma frontale. Il est 5 heures 15, je peux désormais faire sans. Pour m’accueillir, j’ai le droit à une Team de  Choc.. Natacha, Léane, les parents mais aussi Fabrice, Anne-Laure et la petite Mahina. Je place la frontale dans le sac et refuse les gels. Je n’y arrive plus. Je prends des compotes que j’avais prévues au cas où. Je me fixe un nouvel objectif, celui d’arriver à la Grande Chaloupe avant que le soleil fasse son apparition.

 

La Possession, 152,3 kms, 15 m d’altitude, 30 h 47 mn, 38 ème,

 

Je cours jusqu'à l’entrée du Chemin des Anglais. Je dépasse le fameux coureur qui me devançait de 35 mn à Ratineau. Il me reste 3 h 50 pour tenir mon timing. Je suis euphorique. Je me surprends à effectuer une partie de la première montée du chemin Crémont en courant ! Je me calme.

Je décide, comme mon corps me le permet, de courir dans les descentes et sur toutes les parties plates ou en faux plats montants, cela est déjà pas mal. Je suis bien plus rapide que sur la Mascareignes de l’année dernière.

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Sur ce chemin pavé, c’est le grand vide. Je ne vois tout simplement personne jusque la Grande  Chaloupe. Encore une sensation bizarre. A la fin des grandes lignes droites, je commence à me retourner. Je tiens à ma désormais 37 ème place ! J’essaye de faire attention dans les descentes. Sur cette première voie construite à l’île de la Réunion, terminée en 1775, je prends garde car les pavés de basalte ne se présentent pas de manière uniforme.

 

Photo : imaz press

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Si les vues sur l’océan sont splendides, la dernière descente vers la Grande Chaloupe est tout simplement épouvantable. Je ne sais jamais comment positionner mes pieds, toujours à la limite du déséquilibre et donc de la chute.

Fabrice m’attend au niveau de la barrière. Je lui conseille de revenir faire une randonnée ici pour qu’il se rende compte de la qualité du sentier. Je file jusqu’au ravitaillement, passe à côté des ruines du Lazaret. Celui-ci, au IXX ème siècle, servait de quarantaine aux malgaches, indiens, chinois ou africains qui venaient constituer la main d'œuvre après l'abolition de l'esclavage.

Je retrouve la famille. Léane, dans sa poussette, m’encourage. Je lui lance des coucous et m’éloigne. Cela commence à être frustrant. Je cours sur les rails, vestiges oubliés de l'ère ferroviaire. J’ai mis 1 h 17 depuis La Possession, je peux dire que tout va bien !

La Grande Chaloupe, 159 kms,  32 h 04, 36 ème,

 

6H 34, je repars pour la dernière difficulté du Grand Raid à savoir la montée jusqu’au parc du Colorado, 800 m de dénivelé positif à avaler. A cet instant, je commence à douter de ma capacité à rejoindre la Redoute dans désormais 2 h 30. 

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Je débute la partie pavée avec un couple de randonneurs. Ils marchent devant moi et je peine à les suivre. Ils s’en amusent. Je les accroche car cela me fait un peu de compagnie. Au bout de 45 minutes, ils calent. Je continue seul mon périple. La chaleur fait son apparition. Je me rends compte que je n’ai rien pour protéger mon coco rasé (certains diront que je suis chauve, pfff). Les pavés laissent place à une piste de terre. J’arrive à la barrière annonçant la fin du chemin des Anglais. Je suis heureux, souris bêtement. Je me retrouve au cœur de St Bernard sur mes terrains d’entraînements. J’avance mécaniquement en ne pensant plus à rien. La remontée au classement n’est plus une obsession car je n’ai pas vu un coureur depuis La Possession ! Les écarts sont énormes. Les riverains se réveillent, vont chercher leur pain, leur journal, moi je cherche une chose, la boule du Colorado.

Les bénévoles gardent le moral malgré l’heure matinale et le peu de coureurs dans le secteur. Ils m’encouragent. J’ai envie de leur dire que j’habite La Montagne, de parader mais je m’y résigne, car je trouve cela pas très approprié.  

 Dans la zone des terres rouges, nous prenons de nouveaux sentiers. Pas de souci, je les connais tous ! Je plains ceux qui sont pris de crampes car cela ne pardonne pas sur ce type de parcours. La chaleur commence à m’assommer. Au pointage de la maison forestière, on m’annonce 36 ème ! Ah bon, je prends. Je vais finir 36 ème du Grand Raid, je me donne quelques tapes au visage pour réaliser. J’espère que cet acte n’a pas été observé car on risque de m’interner en hôpital psy.

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Au moment où je rejoins la route départementale, une voiture s’arrête à mes côtés. Il s’agit de Jérôme Lucas qui a terminé 13 ème, 3 ème Vétéran 1. Quelle belle performance ! Cela est prometteur. Il me demande si j’ai vu Laurent Jaffré, son coéquipier du team Ouest Trail. Je lui réponds que non, qu’il doit être derrière.

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Je repars pour le dernier morceau de la montée. Je serre les dents, appuie sur les cuisses. Je me remémore mes différents grands raids, la découverte de 2008, l’exploit de 2009, l’émotion de 2010 en duo avec Papa. La boule météo me surplombe, j’y suis !

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Je me lance dans la partie herbeuse du parc du Colorado. Je m’envole, j’étends les bras tel un oiseau et lance des cris de joie.  Il y a 4 ans, avec Natacha, nous fêtions notre mariage sur ce site. Plein de belles images me viennent en tête.

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Sur le parking,   Papa me prend en photo. Je ne lâche rien, pas une seconde. Je suis concentré, il me suit comme il peut. J’enfile le T-shirt de l’organisation, obligatoire pour franchir la ligne d’arrivée. Fabrice me glisse une info : un coureur n’est pas très loin ! Ok, bien compris !

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Colorado, 168,4 kms, 683 m d’altitude, 33 h 49 mn, 36 ème,

 

J’ai donc mis 1 h 45 depuis la Grande Chaloupe. Il me reste 4,2 kms pour atteindre le stade de la délivrance. N’ayant pas de douleur, me sentant en forme, je me dis que mon obsession du 34 h 35 est tenable. Et puis, j’ai un énorme avantage. Le sentier qui se présente, c’est juste le sentier que je pratique le plus dans l’année. Je connais chaque caillou, chaque virage, chaque remontée (et oui car ce n’est pas qu’une descente), chaque gramme de boue. Bref, j’y plonge avec joie.

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La première partie boueuse me met quand même en difficultés. Je dérape, me rattrape comme je peux aux branches. Les cuisses n’aiment pas les chocs répétés. Ensuite, je vis une partie de plaisir. Je peux difficilement vous décrire mon état intérieur, je plane. J’avais déjà ressenti cette sensation, c’était sur le Grand Raid 2009.

 

Alors que J’estime mon arrivée au pont Vin San dans 10 minutes, je reviens à toute vitesse sur un coureur. Il s’écarte, me laisse passer. Je ne reconnais pas l’ancien champion du monde cycliste à savoir Laurent Brochard. Je repars de plus belle et reviens sur un autre coureur.

 

Je passe sous le pont et décide d’accélérer. Je veux avoir le temps de profiter de mon arrivée sur le stade, avec mes proches. J’envisage un final avec Léane, Nath, Maman et Papa. Finalement, cela ne se passe pas de cette manière car ils sont tous positionnés à des endroits différents dans le stade. Alors que j’entame les 200 derniers mètres, je vois Léane qui court vers moi. Je prends ma petite puce par la main. Elle court, rigole. Je suis gagné par l’émotion. Quel beau Grand Raid….  Pour la petite histoire, je finis en 34 h 36 !

Redoute Arrivée, 172 kms, 34 h 36 mn 27 s, 34 eme, 24 eme Senior.  

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Je franchis la ligne sous les commentaires enjoués du speaker Ludovic Collet. On me donne mon T-shirt « jai survécu » et ma médaille. Avant de retrouver les miens, je profite d’avoir le micro pour dire quelques mots en mémoire d’Eric. Il nous a quittés il y a 5 mois, il était finisher en 2013 pour la 13 ème fois. Cette course faisait partie intégrante de sa vie, de celle de sa famille. C’est aussi grâce à lui et pour lui que mon année sportive a été si belle.  

Je retrouve mes proches. Je perçois de la fierté dans leur regard. Je fais un gros câlin à Léane. Je remercie tout le monde. Je le refais de nouveau via ce récit. Il est clair que sans ce team assistance, ma course n’aurait pas été la même. Cette 34 ème place, c’est aussi la tienne Papa, c’est aussi la tienne Maman, c’est aussi la tienne Léane, c’est surtout la tienne Natacha. Mon amour, notre rencontre est la plus belle chose qui me soit arrivée. Merci de tolèrer, d'accepter ma passion envahissante. Je t’aime à la folie, sans toi je ne suis rien, tu participes à mon équilibre, à mon épanouissement.

 

Tout à coup, je vois arriver la femme et les enfants d’Eric. Ils portent un T-shirt avec sa photo, la team Clarac représente. Merci de votre présence.

 

Je me dois de remercier toutes les personnes qui m’ont soutenu avant, pendant et après la course, que ce soit à la Réunion, en Métropole ou à l’étranger (je pense à mes amis australiens !).  Un merci plus particulier à Yoann et Solène, aux déniviens, à Geneviève, au doc, aux copains du team, au coach Fred qui a une grande part de responsabilité dans cette réussite, à Noé, à Gino, à Oivier, à la team Fabrice., à la team de Jérôme Lucas,.. Merci à Fabienne de Kalmanou et à Anne Marie de Running Conseil pour m’avoir fait confiance.

 

Merci à l’ensemble des bénévoles (hormis le méchant monsieur de Hellbourg).

 

L’année prochaine, Grand Raid ou pas, je ne sais pas. Ce n’est pas une décision que l’on prend à la légère. Je serai de la fête, ça c’est une certitude, mais de quelle manière?

  

Pour finir, je voudrai adresser mes félicitations à l’ensemble des finishers des trois courses, mais aussi à tous les traileurs qui, pour x raisons, ont dû mettre un terme à leur aventure. Je vous souhaite de pouvoir réaliser un jour ce défi que vous vous êtes fixé, d’aller au bout de vos rêves.

 

Résultats des différents acteurs de ce récit, par ordre d’apparition :

 

Noé Robert, 198 ème en 43 h 16

 

Philippe Noel, 315 ème en 46 h 07

 

Daniel Guyot, 728 ème, en 55 h 27

 

Jérome Lucas, 12 ème ex aequo, 3 ème V1 en 29 h 58

 

Marcelle Puy, Abandon à Domaine Vidot

 

Gilbert Ah Fat, Abandon au Bloc

 

Cécile Ciman, Abandon au Bloc

 

Hortense Bégue, 117 ème en 36 h 57

 

Tsuyoshi Kaburaki, Abandon à Hellbourg

 

Shunsuke Okunomiya, 26 ème en 33 h 25

 

Lionel Tilmont, Abandon à Cilaos

 

Julia Bottger, Abandon à La Plaine des Merles

 

Denis Roy, 99 ème, 39 h 17

 

Olivier Pince, Abandon La Possession

 

Alexandre Smith, Abandon Marla

 

Lionel Marc, 38 ème, 35 h 09

 

Laurent Delnard, 77 ème, 38 h 15

 

Véro Chastel, Abandon Maido

 

Christopher Camachetty, Abandon Roche Plate

 

Simon Desvaux, Abandon Maido

 

Air Stuart, 129 ème en 40 h 43

 

Fabrice Armand, Abandon à la Plaine des Merles

 

Néréa Martinez, Abandon à Sans Soucis

 

Christine Bénard, 41 ème en 35 h 45

 

Willfrid Oulédi, Abandon La Possession

 

Stéphane Cadiou, 52 ème en 36 h 25

 

Laurent Jaffré, 37 ème en 35 h 03

 

Laurent Brochard, 36 ème en 34 h 41

 

 

 

Sans oublier :

 

Fred Henze, 141 ème en 41 h 16

 

Gino Lee Song yin, 402 ème en 47 h 48

 

 

Top 15 Du Grand Raid 2014 :

     1er    D'HAENE François 24h25mn02s  

    2ème POMMERET Ludovic 25h55mn26s  

    3ème COLLET Aurelien 27h24mn53s  

    4ème GRINIUS Gediminas 27h25mn13s  

    5ème DOMINGUEZ Javier 28h23mn43s  

   6ème BOHARD Patrick 28h51mn25s  

  7ème  RUZZA Stefano 29h00mn28s  

    8ème YAMAMOTO Kenichi 29h04mn57s  

    9ème  LEBON Guy noel 29h19mn57s  

   10ème SCHLARB Jason 29h28mn30s  

    11ème  CAMUS Sylvain 29h34mn57s  

    12ème GUILLON Antoine  29h58mn49s  

    13ème LUCAS Jerome 29h58mn50s  

    14ème CHAVET Cédric  30h53mn19s  

   15ème LEFRANCOIS Yann 30 h 55  

 

 

 

1ère MAUCLAIR Nathalie 31h27mn28s

2 ème  BLANCHET Juliette 34h17mn54s  

3 ème FRAILE AZPEITIA Uxue 34h18mn02s  

 4 ème  BENARD Christine 35h45mn21s  

 5 ème ROUSSET Mélanie 36h28mn49 s

 

 

Classement par équipe, (classement sur le site officiel de la course): 

1 Team Hoka 11 Points  

  AURELIEN COLLET, PATRICK BOHARD, LUDOVIC POMMERET  

    2 eme : TEAM VIBRAM 32 Points  

    RONAN MOALIC, STEFANO RUZZA,  JAVIER DOMINGUEZ  

   3 TEAM ENDURANCE SHOP REUNION 98 Points  

  SIMON PAILLARD, LIONEL MARC, JOVANNY LIBELLE  

  4 BRETAGNE-OUEST TRAIL TOUR 114 Points  

    JEROME LUCAS, LAURENT JAFFRE, THIERRY GALLOU  

  5 DENIV RUNNING CONSEIL 274 Points  

    ARNAUD MOISAN, DENIS ROY, FRÉDÉRIC HENZE, OLIVIER PINCE

 

 

 

Comparatif avec le prévisionnel :

 

Notre Dame de la Paix : estimé 3 h 45 , réel 3 h 10 mn 51

 

Piton Textor : estimé 6 h 35, réel 5 h 42

 

Mare à Boue : estimé 7 h 50, réel  6 h 58

 

Cilaos : estimé 11 h 10, réel 10 h 06

 

Hellbourg : estimé 15 h 55, réel 14 h 55

 

Marla : estimé 19 h 50, réel 19 h 55 (mauvaise estimation de la portion Grand Sable – Plaine des Merles)

 

Maido : estimé 23 h 50, réel 24 h 36

 

Sans Soucis : estimé 26 h 15, réel 26 h 59

 

La Possession : estimé 30 h 15, réel 30 h 47

 

Colorado : estimé 33 h 45, réel 33 h 49

 

Arrivée : estimé 34 h 35, réel 34 h 36

 

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commentaires

T
Bonjour Arnaud, J'ai trouvé ton blog par hasard en cherchant des trucs sur la course à pied..J'étais avec toi de la sixième à la terminale et je suis contente de voir que tu continues à courir !!<br /> Heureuse de voir que tu as réussi à atteindre tes objectifs (boulot et course à pied).<br /> Gwenola
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O
Super récit... Ca donne envie. Encore un énorme chapeau!
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Profil

  • Arnaud Moisan
  • Tu peux toujours courir... Et je cours, je me raccroche à mes baskets tant sur le tartan, le bitume ou les sentiers. Par ce blog, j'espère vous faire partager un peu de ma passion pour la course de fond
  • Tu peux toujours courir... Et je cours, je me raccroche à mes baskets tant sur le tartan, le bitume ou les sentiers. Par ce blog, j'espère vous faire partager un peu de ma passion pour la course de fond