Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 juillet 2010 1 05 /07 /juillet /2010 10:14

23 mai 2010, Saint Gelven dans les Côtes d’Armor, 800 coureurs se sont donnés rendez vous pour le 12 ème trail de Guerlédan, étape nationale du Challenge Salomon.

 

Après un réveil matinal et un trajet en famille, je m’échauffe avec papa sous un soleil qui est déjà très présent. La journée risque de faire beaucoup de dégâts……Je donne quelques conseils à papa qui va essayer de gérer au mieux ces premières chaleurs bretonnes. Moi, et bien, je ne m’en fais pas trop au vu de mes derniers entrainements sous le soleil réunionnais. Je m’interroge plutôt sur l’allure à adopter, le profil du parcours dont j’ai peu d’infos, mon état de forme du jour,…… Je veux me faire plaisir et ne surtout pas trop subir la course.

 

g1k.JPG

 

10 mn avant le départ, nous sommes sur la ligne. Les coureurs sont assez décontractés. Ça discute, rigole, bonne ambiance. Alors que papa s’est engouffré dans la masse, je suis resté en première ligne. Je salue Nicolas, l’ambassadeur endurance shop des côtes d’Armor et échange quelques mots avec mon voisin de ligne qui envisage de venir affronter les sentiers réunionnais dans un avenir proche. L’organisation est au top, les spectateurs présents, je suis super heureux de participer à ce rendez vous incontournable du trail Breton. Au programme, 56 kms pour 1600 m de dénivelé positif. 3 ravitaillements sont annoncés : 19, 31 et 49 ème Kms. Au vu des températures élevées (une habitude en Bretagne), un quatrième point à été rajouté au 41 ème.

 

g2.JPG

 

g4.JPG

 

A 8 H 40, le départ est donné et me voilà aux avant poste. De quoi faire un petit coucou à maman et Natacha. Rapidement, je ralentis et me cale dans les foulées d’un petit groupe constitué de David Pasquio, Jérome Lucas et de Laurent Brochard. Devant Olivier Leguern fait le show et fait exploser le peloton.

 

 

 

Au bout de trois kms sur le chemin de halage, je sens que suis plutôt à une allure seuil qu’une allure trail. Alors pour ne pas éclater en vol, je réduis la voilure… Quelques kms de plat avant de s’engouffrer en forêt. Sur ces premières parties grimpantes, je me rassure. Alors que la plupart marche, j’arrive à maintenir une course, certes lente mais une course quand même. Dès que le terrain s’aplani, je suis plus en difficulté.

Même si j’ai essayé de garder une vma élevé, mon passage depuis plus de deux ans à un entraînement spécifique d’ultra trail s’en ressent. La partie qualitative n’est pas à négliger surtout sur ce type de course alternant partie technique et roulante.

 

Après avoir traversé Gouarec (12 kms) et à mon grand étonnement, je rejoints un groupe formé de Jérôme Lucas, Thierry Mest, Laurent Brochard, Olivier Le Guern, Eric Guillou et deux autres coureurs. Ils me lâcheront lors la traversée des landes de Liscuis.

g9.JPG

 

g33.JPG

Les sentiers ombragés sont derrière nous. Mon bandana reste ma seule protection contre un soleil de plomb. Quelques coureurs me doublent mais je ne m’affole pas car je me sens bien et surtout à mon rythme. Pas le temps de faire du tourisme, dommage car le site est majestueux avec de superbes points de vue. Vers le 18 ème, Stéphane Gueguen me dépasse à son tour. Il semble gérer son allure pour son premier grand trail (2h29' sur marathon il y a un mois). Nous plongeons en direction du premier ravitaillement au son des cornemuses. Ca change des Kayamb de Cilaos.

 

g14.JPG

20 ème Kms, je pointe à la 22 ème place à 7 mn de la tête de course. Devant, Christophe Mallardé et David Pasquio animent les débats. Natacha m’aide à remplir mon camel bag et je repars au pas de course.

 

Nous traversons le canal de Nantes à Brest au niveau de l’écluse de Bellevue. Avant d’arriver au prochain ravitaillement du côté du barrage, il faut effectuer 12 kms le long du fameux lac de Guerlédan. Quand on parle de la bête, je ne peux plus l’éviter. Enorme, quand je pense que je vais devoir en faire le tour !!!!!

guerledan

 

Je découvre une partie qui est loin d’être à mon avantage avec un sentier super roulant. Au bord de l’eau, j’essaye d’éviter les racines ou autres arbres en faisant des petits sauts de cabris. Les relances sont incessantes et les pentes un peu trop absentes à mon goût. Je rêve d’un bon cap anglais ou encore d’un bon dos d’âne. Je commence à caler et tout doucement je décroche psychologiquement. Je me fais doubler et les pensées m’envahissent. Je ne suis pas à mi course et je souffre de plus en plus. Comme toujours, je me rattache à mes points de repères. A ce moment, c’est ce barrage que j’essaye d’apercevoir. Et le voilà, 206 m de long et 45 m de haut. Mais où est le ravitaillement, toujours pas, je subis…… Je ne sais pas ce qui se passe…. Le coup de chaud, je n’y crois pas…. L’hypoglycémie….. Non, je suis super vigilent (malto dans mon camel bag, gels glucidiques toutes les 40 mn). Le départ rapide….. C’est plus probable… l’euphorie de courir sur mes terres devant ma famille a eu raison de ma consigne de départ : ne pas subir la course.

 

Après une bonne montée bitumée, je pointe au ravitaillement sous les vivas des gentils bénévoles. Je remplis mon camel, prend quelques raisins secs et ne tarde pas trop. La sentence a été terrible, on m’annonce 67 ème… Encourager par un public de passionnés, je touche une nouvelle fois ce qui me plait dans ce type d’effort : le regain de forme, quand la tête prend le dessus et réveille notre corps. Me revoilà d’attaque, reprenant un rythme sympathique, la page est tournée, l’esprit en direction de l’autre côté du lac pour le prochain ravito. Pas que je pense qu’a manger mais c’est comme ça, je cours par étape, l’une après l’autre. Le parcours est sublime, les couleurs se marient à merveille grâce à ce beau soleil breton.

 

g35.JPGUne bonne descente et nous voilà dans une longue portion au milieu des hautes herbes. Les champs se succèdent, et les fils électriques aussi. Un coup, il faut lever la jambe, un autre, il faut se mettre à quatre pattes. Dur mais au moins, ça casse la routine.

g27.JPG

 

Quelques kms de plat avant de s’enfoncer dans la forêt et de s’éloigner du bord de l’eau. De la bonne montée comme je les aime, je remonte les places une à une. Même les descentes deviennent techniques ce qui me fait esquisser des sourires. Un peu l’esprit du guerrier qui m’envahit… Je ne lâche plus rien, en tout cas j’essaye !!!! Après le 42 ème, un petit groupe se constitue. Nous échangeons, j’essaye de glaner des informations sur le parcours qui reste. Nath et maman m’attendent à Bellevue au 49 ème km. Je fais la connaissance d’olivier, un traileur du sud avec qui je ne cesse de discuter. Nous passons les terribles rochers de tregnanton. Je suis impressionné par cette grimpette. J’apprendrai plus tard que papa aura beaucoup de difficulté dans ce secteur, saisi par de terribles crampes. Le long du lac, je découvre de sublimes criques où certains font bronzettes, pique nique, jouent au volley,….. Un parfum de réunion a envahit la région…

 

g36.JPG

 

Déjà 52 kms d’avalé et toujours pas de ravito alors qu’il était annoncé au 49 ème. Mon moral s’affaiblit et mon obsession va vers ce dernier point stratégique. Nous approchons, nous y sommes, je prends le temps de bien m’alimenter alors que Maman et Natacha m’envoient leurs derniers encouragements.

 

g41.JPG

Je repars avec mon comparse et nous nous dirigeons vers la dernière partie décrite pas beaucoup comme très physique. C’était bien la vérité. Nath court de l’autre côté de la berge en direction du site d’arrivée. Alors qu’elle est à deux kms du but, il nous en reste près de 6.

 

Olivier donne le rythme et nous avançons à une belle allure. Derrière, nous apercevons trois coureurs, devant personne à vu.

 

g38.JPG

 

Nous traversons les forges des salles avant de s’enfoncer dans la forêt, ultime partie boisée du parcours. Ça monte rude avant de rescendre aussi sec et de remonter à nouveau. Un grand huit juste pour rigoler, où juste pour se faire mal. J’envisage de terminer aux côtés de mon guide partenaire de course mais les choses vont me pousser à agir autrement. Le trio s’approche puis nous rejoint. Je décide dans un regain de motivation de prendre la tête du groupe. Je m’arrache et rapidement je me retrouve seul. Un km de descente où je fais parler les qualités de descendeur que je n’ai pas. Me voilà sur le plat sous les encouragements de nombreux spectateurs dont Alain et Maryvonne. J’effectue les derniers mètres avec le sourire du devoir accompli et les grimaces du gars qui commence à ressentir de bonnes crampes au niveau des quadri. Ma foulée s’en ressent, il était tant d’arriver. Je traverse la rivière avant de franchir la ligne d’arrivée à la 43 ème place. Il m’aura fallu 6 h.20 mn 24 pour effectuer les 58 kms du jour.

 

Le speaker m’interroge, s’intéresse à ma sœur (trop bien Solène, même quand tu ne cours plus, on parle de toi !!! qu’est ce que ça va être à ton retour), ma course du jour mais surtout à mon grand raid 2009. Je réponds aux questions entre deux expirations. Je suis bien vidé. Je retrouve avec joie ma chérie qui elle aussi aura vécu cette course à fond.

Un brin de toilette, un peu d’étirements, une bonne glace et je me rends à deux cents mètres de l’arrivée pour attendre papa qui lutte au même moment sur ce terrible parcours. Malgré sa grande expérience de routard de l’extrême, il s’essaye au trail avec comme objectif le grand raid de la réunion en octobre prochain. Après 9 H 25 de course, je suis fier d’assister à son arrivée (477 ème, 59 ème V2). Il aura souffert, perturbé par d’importants problèmes de crampes et d’indispositions gastriques. L’important était de finir cette épreuve, cela est fait et cela n’était pas écrit d’avance au vu des conditions caniculaires. En effet, pas moins de 300 abandons ce jour…. victimes pour la plupart du soleil breton. Un des prochains objectifs pour lui, sera de s’habituer à boire plus, à faire corps avec notre ami « le camel bag ».

 

g45.JPG

 

Je remercie les bénévoles pour l’organisation sans faille, pour leur course si parfaite avec une pensée particulière pour Jean Claude, le speaker de la course, qui je l’espère sera bientôt des nôtres sur le grand raid de la réunion. Prompt rétablissement à lui.

 

 

1PASQUIO DAVID 05:06:41

2 LE-GUER NOLIVIER 5:17:33

3 GARNIEL LAURENT 5:22:58

4 LUCAS JEROME 05:27:18

5 LE-FLOCH THIERRY 05:28:55

6 JAFFRE LAURENT 05:30:00

7 LE-COQ JULIEN 05:35:38

8 CHILHI NAJIMM 05:36:16

9 LEDUC STEPHANE 05:41:30

10 CANTIN FREDERIC 05:44:01

11 FLOCHEL DAMIEN 05:47:58

12 HAMON LIONEL 05:50:13

13 GUEGUEN STEPHANE 05:51:50

14 BROCHARD LAURENT 05:53:05

15 CURIEN YANN 05:53:36

16 LAUREAU FREDERIC 05:57:57

17 BEAUVIR YANNICK 06:00:50

18 DAOUDAL MICKAEL 06:01:07

19 BOUFFAUT LAURENT 06:02:548

20 CHALLANGE DAVID 06:03:34

 

43 MOISAN ARNAUD 06:20:24

45 GUILLEMAIN OLIVIER 06:22:01

94 BILLAUD NICOLAS 06:59:02

153 PRUALJOSEPH-MARIE 07:22:45

377 BOINETJEAN-MICHEL 08:43:45

477 MOISANPIERRE-CLAUDE 09:25:20 (59 vétéran 2)

 

gmontagepapaguerledan.jpg

 

gmontagearnaudguerledan.jpg

Partager cet article
Repost0

commentaires

J
<br /> bonjour Arnaud ,<br /> je viens de tomber sur ton commentaire de Guerledan et c'est toujours un plaisir pour moi d'avoir l'impression de courir auprès de vous sur ce parcours .<br /> <br /> Merci pour ton petit mot de soutien à la fin du compte-rendu : mon objectif 2010 ne sera donc pas la Reunion et devrai donc laisser partir notre président Bernard et notre triathlète Arnaud et<br /> représenter dignement Guerledan.<br /> <br /> Félicitation pour la force morale dont tu as fait preuve et pour la gestion de ta fin de course. Je pense que peu de coureurs auront aussi bien maitrisé que toi le dernier tiers de la course que<br /> l'on savait en tant qu'organisateur comme étant le juge de paix de l'épreuve ( je pense que ton père nenous contredira pas) . En effet après une 1ere partie assez difficile avec notamment les<br /> landes de liscuis , l'arrivée sur les rives sud du lac semblent donner des ailes à la plupart des coureurs car le dénivelée y est moins important et les coureurs étant encore relativement frais ils<br /> peuvent se laisser griser par l'impression de vitesse que renvoit l'eau du lac ainsi que les chemins tortueux qui incitent à relancer sans cesse... et autant d'énergie de moins à l'heure d'aborder<br /> le dernier tiers très difficile.<br /> En tout cas à la vue de ta fin de course je comprends que tu puisses decrocher une superbe place chez ton autre choix toi à la Réunion et suivrai ton résultat et celui de ton père avec intérêt.<br /> <br /> <br />
Répondre

Profil

  • Arnaud Moisan
  • Tu peux toujours courir... Et je cours, je me raccroche à mes baskets tant sur le tartan, le bitume ou les sentiers. Par ce blog, j'espère vous faire partager un peu de ma passion pour la course de fond
  • Tu peux toujours courir... Et je cours, je me raccroche à mes baskets tant sur le tartan, le bitume ou les sentiers. Par ce blog, j'espère vous faire partager un peu de ma passion pour la course de fond