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13 février 2010 6 13 /02 /février /2010 15:50

Je quitte Aurélien et Laetitia pour retourner sur St Denis. Le chemin risque d'être long !!!

 

Mardi 9 juin : Trois heures que je suis emmitouflé dans mon sac de couchage. Je m’ennuyais ferme et attendais ce moment avec impatience. Le moment où ma montre indique 4H30. Heure qui signifie mon activation dans une tente perchée à 2000 m d’altitude. Le plus silencieusement possible, je range mon duvet, enfile ma nouvelle tenue sans oublier un k-way qui semble indispensable. En effet, Il pleut et le vent risque d’être glacial. C’’est pas un temps à sortir un chat. Mais un breton, oui. Alors, je m’extirpe, non sans difficulté de la tente en jetant un dernier regard vers mes désormais ex coéquipiers. Ils sont mignon… Encore quatre jours pour eux. Moi, je pense à une seule chose : Quitter notre bivouac sans réveiller chouchou patate. Je me voyais mal, même pas du tout je l’avoue, me faire suivre toute la journée par notre petite amie. Et puis mince, qu’est ce que j’en aurai fait une fois rendu à St Denis…..

 

 

Alors, à pas de loup je m’éloigne dans la nuit. Et je me retrouve face à un buisson … 2mn et me voilà déjà perdu. Je retrouve ma trace et me reperd… Encore un buisson… Enfin le bon sentier, il faut rester attentif car je longe la crête. En contrebas, le cirque de Cilaos. Le brouillard est épais et l’univers sonore est troublant. Un silence assourdissant parfois interrompue par des bruits étranges…. Tout cela fait travailler mon imaginaire. Ce qui est réel, c’est bien les kms à venir. Une montée terrible entre les blocs de roches. J’avance à un bon rythme et une idée commence à germer : et si j’essayais d’accueillir ma chérie, à St Denis, à la sortie de son travail. Elle finit son boulot à 16H30. Objectif lancé.

 

 

Après 50 mn de marche active, j’aperçois une lumière puissante au loin. C’est le gite du piton des neiges. Une heure après mon départ, je passe devant. Je suis bien fier d’être à 2484 m d’altitude au cœur de la nuit. Je croise quelques courageux randonneurs qui partent au sommet. Moi, je trace en direction de Salazie. J’alterne course et marche en faisant très attention car l’environnement est très humide. Sous les étoiles, un breton court sur le toit de la réunion. A plusieurs reprises, je fais de belles glissades, tape fortement sur de grosses pierres. Mes ongles vont encore faire la gueule.

 

 

Me voila au cap anglais (2157 m d’altitude), porte d’entrée du cirque de Salazie. Comme cadeau, le lever du soleil pour moi tout seul. Plaisir exclusif d’un mardi matin à la réunion. J’admire le paysage mais ne m’attarde pas car j’ai un timing à tenir. Je m’élance tel un cabri dans cette longue descente. Le soleil pointe son nez, ce qui n’est pas de refus. A Quelques reprises, je scrute l’horizon et peut apercevoir le village d’hellbourg, celui de Salazie et au loin l’océan qui trouve une petite place entre les parois rocheuses. Arrivée à la rivière, je mouille un peu mon visage pour ne pas succomber à la tentation du sommeil. Direction ilet à vidot avec un but à atteindre : le kiosque qui surplombe Hellbourg. Le voilà, cool. Ma première pause : je me change, met des vêtements secs et surtout je prends mon petit déjeuner. Je commençais à faiblir car faire tout ces kms de bon matin a jeun, je ne suis pas sur que ce soit recommandé. Mais bon, un peu fou le breton. Je m’allonge sur la table, je profite de ces quelques minutes de repos.

 

Et hop, c’est reparti pour la descente. Celle-ci s’interrompt parfois pour laisser place à ma gourmandise. Et un, deux, trois,…. Goyaviers qui finiront dans mon petit ventre. Toujours aussi sympathique, ces ravitaillements nature.

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Photo : Claire link

 

Après avoir traversé ilet à vidot, je cherche le gr qui me mènera à grand sable puis à grand ilet. Je vais découvrir ce sentier, moment toujours important dans le parcours d’un aventurier. Je ne cesse de descendre et commence à réaliser que le chemin me menant à grand ilet risque d’être super difficile. Depuis la caverne Dufour, c’est du dénivelé négatif que je dévore : 1900 m D -. Je croise un groupe de jeune qui va faire du kanyoning. Pas pou moi ça, je suis un bon terrien. Pas le pied marin le breton… J’avance à un bon rythme malgré un mal de dos naissant. D’habitude, ce n’est pas un sac de rando que je transporte lors de mes sorties. Bien lourd ce paquetage. Sinon, j’économise mon eau car je ne pense pas pouvoir trouver de point d’eau jusque grand ilet.

 

 

Je passe sur la passerelle qui franchit la rivière du mât, et je monte, et je monte encore….. A ma droite se trouve le piton d’anchaing. Je laisse ce haut lieu de légende réunionnaise et continue à monter. Mais c’est super sympa ces sentiers. Un peu long mais sympa. Après avoir dépassé les cases isolées d’ilet mare d’affouches, je me retrouve sur une piste type 4*4. Et puis, de longues lignes droites plates avec un air de forêt d’ile de France. Je passe à côté du bivouac de grand sable. Autrefois occupé par un ilet, le grand sable est aujourd’hui entièrement reboisé en filaos de hollande. En effet, en 1875, un éboulement venant du gros morne balaya la montagne, emportant l’ilet et sa trentaine d’habitants.

 

 

Une bifurcation avec deux panneaux : les deux indiquent grand ilet. Me voilà bien avancé. Je fais un choix qui ne sera pas le bon. Je me rajoute une belle boucle. A force de monter, je commence à douter. En effet, j’atterris au dessus du bélier (1400 m d’altitude) avec beaucoup de route avant de rejoindre le centre de grand ilet. Une boutique, un bon coca qui me fait le plus grand bien.

 

 

Je fais mes réserves d’eau au niveau de l’église et me dirige vers le mythe, vers la montée de toutes les craintes, le fameux sentier de grand ilet vers la roche écrite. Une paroi de 3 kms pour 1000 m dé dénivelé positif !!! Au début du sentier, un panneau indique « réservé aux marcheurs expérimentés. Sentier très difficile. » Et bien, bon je suis prévenu. En plus le but c’est de repérer ce sentier qui doit me voir passer en octobre prochain lors du grand raid. Une reconnaissance pour rien car la course passera finalement pas par là. Allez je grimpe, il faut lever les pattes, utiliser les mains et serrer les fesses comme j’aime à le dire. C’est une belle paroi comme je les aime. Ca fait mal, ca grimpe, mais au moins c’est assez court. La fin se corse mais le site a été sécurisé avec des cordages fixés aux roches. Je passe devant la plaque commémorative d’un ancien grand raideur (Gus Smit) décédé accidentellement dans cette montée en 2002 lors du grand raid. C’est vrai que cela fait réfléchir… Après une heure vingt d’ascension, j’arrive au sommet (2115 m d’altitude).

 

 

Je pénètre dans la réserve naturelle de la roche écrite. Et comme comité d’accueil, un énorme tas de détritus. SVP les randonneurs, gardez vos saletés. D’autant plus dans cet endroit qui est une réserve naturelle où quelques espèces d’oiseaux endémiques essayent de survivre. Or, les rats prolifèrent aisément grâce aux restes des randonneurs. Ensuite, les rongeurs deviennent de merveilleux prédateurs…. Les œufs ne font généralement pas long feu!! Bref, je continue mon chemin.

 

 

Il est 13H00 et il ne faut pas trainer. Au programme, une descente jusque la capitale dionysienne via la plaine des chicots, le village du brulé et le sentier ONF. Tout se passe idéalement, je prends beaucoup de plaisir et gagne du temps sur chaque portion. Quelques chutes sur ce sentier toujours boueux. Je porte moins d’eau car maintenant, je ne serai plus en galère. Une randonneuse posée sur un bon caillou me lance un drôle de regard et me lance un « rien ne sert de courir ». Ma réponse ne tarde pas « Je suis pressé, je dois retrouver ma chérie ». Ah ces bretons…. Arrivé au brulé, je commence à en avoir marre. Mais bon…. J’ai surtout mal au dos. Je suis sur mes terrains d’entrainement donc je peux gérer plus facilement mon effort. Rester vigilent car je ne fais que descendre depuis la roche écrite.

 

A un km de la providence, je croise Thierry chambry qui s’entraine avant d’aller chez sa kiné. Nous discutons, me confirme mon plantage de parcours du côté de grand ilet, et je repars. Me voilà à st Denis. Il est 16 HOO. Je suis super fier de ma belle descente. Plus que deux kms de route avant d’arrivée à mon terminus. En chemin, je croise Coralie avec qui je tape la discute avant de repartir….. J’ai mal aux pattes après ces 55 kms du jour (environ). Les badauds me fixent et semblent interrogatifs. Oui, ce n’est pas le look habituel dans un centre ville…..

 

16H15, je suis devant l’hôpital. Je m’allonge sur un muret et attends ma chérie. Nath apparaît et bien sur elle est surprise de me voir. Surprise !!!! Maintenant, je vais me reposer car demain je retourne au boulot…….

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  • Arnaud Moisan
  • Tu peux toujours courir... Et je cours, je me raccroche à mes baskets tant sur le tartan, le bitume ou les sentiers. Par ce blog, j'espère vous faire partager un peu de ma passion pour la course de fond
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